Selon nos informations, la mairie de Dakar s’est endettée à hauteur de 30 milliards de FCfa entre 2008 et 2014. Officiellement, cet argent était destiné à recaser les… marchands ambulants.
Libération a appris de sources autorisées que la mairie de Dakar traîne une lourde ardoise auprès des banques commerciales. Selon nos informations, cette dette qui tourne autour de 30 milliards de FCfa soulève des inquiétudes pour la bonne et simple raison que la rentabilité des investissements financés par cet endettement est hypothétique.
En effet, ces prêts contractés entre 2008 et 2014 (sous Pape Diop et Khalifa Sall) ont officiellement servi au recasement des marchands ambulants. Des sources autorisées renseignent d’ailleurs que la mission de l’Inspection générale d’État (IGE) qui a soulevé l’affaire dite de la Caisse d’avance, à l’origine de l’emprisonnement de Khalifa Sall et Cie, s’est étonnée de cette ardoise colossale non sans manifester des inquiétudes sur la rentabilité de ces opérations.
«C’est plus qu’une nébuleuse », affirme une autre source autorisée qui confirme que l’IGE s’est intéressée à ces prêts qui ont fait l’objet d’une recommandation. Les mêmes sources affirment que les vérificateurs ont été aussi perturbés par certaines dépenses de la mairie comme celles liées aux réceptions et aux frais d’hôtel et de restauration. La preuve par le budget 2017 approuvé par le préfet de Dakar dans des conditions qui nourrissent les commentaires au plus haut sommet de l’État.
Comme nous l’écrivions, l’exemple le plus illustratif de cette gestion nébuleuse à la mairie de Dakar figure dans les «Dépenses Section fonctionnement» du budget approuvé le 14 février 2017 par le préfet de Dakar. Sur un total dépense de 66,6 milliards de FCfa, 41,530 milliards ont été affectés aux dépenses de fonctionnement.
La rubrique «508» de ces dépenses est consacrée aux fêtes et cérémonies publiques. Et aussi insolite que cela puisse paraître, la sommed’1,308milliardest prévue à cet effet. Pendant ce temps, 2 milliards de FCfa ont été affectés au cabinet du maire et 5 milliards aux secrétariats et bureaux.
Autre curiosité : 4,5 milliards de FCfa ont été alloués à la rubrique «Éducation- Jeunesse-Culture et Sport» sans plus de précision alors que 1,3 milliard est réservé aux «Dépenses diverses».