Ousmane Sonko : Un phénomène à polémiques

Ousmane Sonko : Un phénomène à polémiques

Ousmane Sonko : Un phénomène à polémiques

Arrivé sur la scène politique il y a moins de 10 ans, Ousmane Sonko s’est imposé comme l’attraction politico-médiatique au Sénégal. Mais le leader du Pastef devient de plus en plus polémique avec des attaques et répliques à tout va.
Ousmane Sonko est encore au devant de l’actualité, avec son ‘’Nemeku tour’’. Et comme souvent, il lui suffit juste de bouger pour occuper la scène politico-médiatique. Les attaques qu’il a subies ont fait la publicité de cette trouvaille. Et depuis lors, toutes les étapes sont scrutées. La vérité est que l’homme ne laisse personne indifférent. En moins de 10 ans, il est devenu incontournable sur le champ politique.

Si Sonko est devenu ce qu’il est aujourd’hui, c’est d’abord parce qu’il y a plusieurs facteurs qui se sont conjugués. D’abord, l’ancien inspecteur a été un lanceur d’alerte contre le régime de Macky Sall. Le fils du Casamance s’est fait distingué dans la révélation des scandales qui ont émaillé la gestion du pouvoir  par l’Apr et ses alliés. Contrats pétroliers, 94 milliards, fer du Falémé, il a ouvert plusieurs fronts.
Petit à petit, le lanceur d’alerte devient un nouveau produit politique qui séduit les uns et rebute les autres. Ousmane Sonko, c’est d’abord un nouveau discours inspiré par Cheikh Anta Diop, Mamadou Diop, Thomas Sankara et autres figures panafricaines. L’homme a fait de la souveraineté du continent son cheval de bataille. D’où son soutien à Assimi Goïta.
Innovation dans le discours et la communication
Contre le franc CFA et les Ape, renégociations des accords, ses idées séduisent la jeunesse dans un contexte où la haine contre l’Occident en général, la France en particulier, ne cesse de croître en Afrique. Le ‘’patriote’’ en chef est adulé au Sénégal et ailleurs. Un antisystème est né. ‘’Un phénomène’’, comme le reconnaît Aïda Mbodj.

L’homme a également révolutionné la communication politique au Sénégal. Alors que la classe dirigeante, le pouvoir de Macky Sall en premier, confondait jusqu’ici média et communication, Sonko a su innover en s’appuyant sur les réseaux sociaux. Comprenant la force du digital, il privilégie la communication directe à celle indirecte des médias. Il crée ainsi un sentiment de proximité avec ses partisans et sympathisants. C’est là qu’il va conquérir le cœur de la jeunesse sénégalaise.
La contribution de Macky Sall
Dans sa logique d’innovation, Ousmane fait appel à ceux qui croient à son projet pour financer ses activités politiques. Une levée de fonds est organisée au Sénégal et dans la diaspora. Un véritable changement de paradigme dans un pays de militantisme alimentaire où le leader est considéré comme une vache laitière. Sonko fait donc son chemin petit à petit.   
Le reste lui sera assuré par l’intolérance du régime de Macky Sall, à commencer par le chef qui l’a radié des impôts et domaines. A chaque fois que Sonko lance une innovation, le pouvoir utilise l’appareil d’Etat pour le contrer. On l’accuse de terrorisme, de radicalisme, de rébellion, de projet subversif, de subventions occultes. Mais à chaque fois, la stratégie utilisée par le pouvoir pour l’affaiblir fonctionne comme un fortifiant.  

«Quand Sonko est attaqué, il tient le haut du pavé. S’il attaque, il tient le haut du pavé. Ses adversaires doivent faire attention parce qu’ils sont en train de le propulser comme une fusée», avertissait le politologue Babacar Justin Ndiaye. 
Charges contre l’opposition, les magistrats, la police
Le dossier Adji Sarr sera une véritable démonstration de force de sa part. Macky Sall a vu son pouvoir vaciller lors des émeutes de mars 2021. Les deux élections locales et législatives de cette année sont venues apposer le cachet de confirmation de la nouvelle envergure du candidat malheureux de 2019.
Cependant, à côté de ce tableau presque parfait du maire de Ziguinchor, surgit une face sombre et peu rassurante. L’opposant est belliqueux, un vrai va t’en guerre. Ses discours musclés font craindre le pire. Il est prompt à lancer un appel toujours suivi par ses ouailles, certains disent même, ‘’ses talibés’’.
De plus en plus, l’homme s’attarde sur les détails, des polémiques stériles. A cela s’ajoutent des attaques à tout va.  Nombreux  sont les corps de métiers qui ont fait les frais des ses déclarations incendiaires. Les magistrats, les forces de l’ordre, la société civile… Même les leaders de l’opposition qui devaient être ses alliés ont subi des attaques frontales.

« L’inter-coalition Yaw-Wallu est la seule opposition. Les autres listes sont créées par Macky Sall », disait-il lors des législatives. Une sortie qui a écœuré la coalition ‘’Aar Sénégal’’ qui réplique par des injures. Avant Thierno Alassane Sall, Abdourahmane Diouf, Thierno Bocoum et Cie, c’était d’abord Bougane Guèye Dany, un autre opposant.

« Produire un réflexe d’autocensure chez les journalistes »
Depuis quelque temps, c’est la presse qui est dans le viseur du numéro un des patriotes. Ousmane Sonko accuse les patrons de presse d’être à la solde de Macky. Mais à force de vouer aux gémonies certains organes, à jeter un micro, et même à attaquer des locaux ou des reporters, Sonko et ses partisans donnent l’impression aux journalistes d’être directement visés. D’où les réactions d’indignation.
«L’objectif, bien mûri, (…) est de produire un réflexe d’autocensure chez les journalistes à chaque fois qu’ils s’aventurent à émettre des critiques contre ces nouveaux opposants », disait le défunt journaliste Soro Diop, dans sa dernière contribution. Le choix du leader du Pastef de se limiter à des déclarations, sans répondre à des questions, vient alimenter cette tension avec la presse.
Mais le problème de fond avec Sonko, c’est surtout le statut que ses partisans veulent lui trouver : un homme incontestable et qui devrait par conséquent être incontesté. Sa parole doit tenir lieu de Coran ou de Bible. Après tout, c’est lui que l’on appelle Ousmane Sonko mou sell mi ! Sur les réseaux sociaux, il suffit de sortir une idée qui ne va pas dans le sens voulu par Pastef pour être insulté, qualifié de traître, de vendu…

Gérer le crédit d’ici 2024
Un terrorisme médiatique qui a réduit au silence beaucoup d’intellectuels et de personnalités. Une posture qui rebute, jusque dans les rangs des sympathisants. En effet, il y a de plus en plus de Sénégalais qui aiment Sonko, mais qui apprécient moins les méthodes assez brutales de ses partisans. La récente charge contre Mary Teuw Niane qui a pourtant fait son mea culpa en est une illustration parfaite.  
Et pourtant, Sonko n’est pas irréprochable. Sur le plan politique, sa posture a beaucoup changé. Aujourd’hui, tous ses alliés, qu’ils soient du Ps (Taxawu) ou du Pds, sont issus du système. Ces détracteurs le raillent en le qualifiant d’un anti-système ayant rejoint le système. L’hésitation de Birame Soulèye Diop à choisir entre le poste de maire et celui de député jette un trouble sur les engagements de Sonko à mettre un terme au cumul de mandats.
Malgré tout, la figure de l’opposition est populaire et reste l’espoir numéro un de la jeunesse pour un changement de paradigme au Sénégal. Mais faudrait-il que le crédit dont il bénéficie ne soit pas épuisé d’ici 2024 par des errements dans les choix politiques et surtout dans la communication. Et la meilleure manière, en plus de l’humilité, est sans doute d’apprendre à se faire souvent discret.  

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