«Cette dernière avait reçu un présumé chèque du Trésor d’un montant de 557 millions de francs Cfa, rembobine Libération. Mais après dépôt, elle s’est rendue compte que ce chèque était un faux. Prise de panique dans un contexte où les transitaires ont été arrêtés pour les mêmes faits, elle s’en est ouvert à [son] ami Abo Guèye qui lui a recommandé [Amir Abo]». Qui la rassure. Selon le journal, l’homme d’affaires lui fait croire que «le dossier était gérable», en mettant en avant «ses relations» avec le Premier ministre, Ousmane Sonko, qui serait «son ami intime» avant de réclamer la somme de 100 millions à la commerçante. Tall, qui mord à l’hameçon, n’a plus de nouvelles du mis en cause.
Retenu après son interrogatoire par la Division des investigations criminelles (DIC), ce dernier consent à rembourser les 100 millions à la dame. L’étau se resserre autour du mis en cause quand Pierre Goudiaby Atépa se joint à la procédure. Le deuxième plaignant précise avoir connu «Amir Abo» par l’intermédiaire du patron du label Subatel Music, Makhtar Diop. «[Le mis en cause] est venu chez [moi] en Rolls, en [me] passant un certain Hissein Saleh qui serait une autorité saoudienne», accuse l’architecte. Qui, repris par la source, soutient qu’«Amir Abo» lui a demandé des plans pour construire un Palais où serait logé le Prince héritier [Mohammed ben Salmane] lors de ses séjours au Sénégal, et un autre plan pour sa mise sise à Touba.
Selon l’accusateur, le mis en cause a poussé le bouchon jusqu’à envoyer une équipe de Gélongal chez lui «pour les besoins d’un reportage dans lequel [l’architecte] a fait un témoignage élogieux à l’endroit de [Amir Abo]». Aujourd’hui, Atépa dit «ignorer ce que [l’accusé] a fait de ce film, engageant sa personne».
Moussa Ndiobo Mballo du groupe Gélongal, auteur de la troisième plainte, est catégorique : «[Amir Abo] se faisait bien passer pour un conseiller spéciale du Prince héritier comme mentionné dans le film».
Interrogé comme témoin dans le cadre de la procédure, Makhtar Diop confirme. Ce dernier a reconnu «avoir présenté» l’homme d’affaires, qui était le parrain de sa soirée de gala organisée à Dubaï, à Atépa, ajoutant que le mis en cause lui a «même montré des documents selon lesquels il conseillait le Prince héritier». L’organisateur de spectacle en rajoute une couche, affirmant qu’«Amir Abo» lui avait dit «être derrière le transfert de Sadio Mané en Arabie Saoudite».
Le mis en cause nie les faits, mais «plusieurs documents ainsi que le film saisis chez lui, lors d’une perquisition», l’accablent. Pour ne rien arranger, avance Libération, Ousmane Sonko compte se constituer partie civile. Son avocat, Me Bamba Cissé, a expliqué aux enquêteurs, que son client «n’a aucune relations avec [Amir Abo]»
Le leader de Pastef l’avait «connu fortuitement dans le cadre de ses activités politiques», et les deux hommes ne se sont pas vus depuis trois ans, appuie la robe noire.