Invité par DTV mercredi passé, le capitaine Mamadou Dièye a théorisé une approche réaliste des relations avec la France. Au sujet de la présence militaire de Paris dans son pré-carré africain, par exemple, il souligne que les armées du continent n’ont pas assez de forces pour combattre le terrorisme sans l’appui des grandes puissances et des organisations internationales. En ce qui concerne le F Cfa, il juge que la question de la souveraineté monétaire est reliée à celle de la capacité de production de nos pays, qui doivent passer d’une économie de rente à une économie de production et d’exportation.Bref, le jeune leader politique préconise un schéma à rebours du populisme de Ousmane Sonko, prompt à chanter « France Dégage », au point de bâtir son ascension politique sur la harangue anti-occidentale.
Ce qui a fait que les partisans du leader de Pastef l’ont sévèrement chapitré à travers les réseaux sociaux, lui reprochant de rouler pour les Occidentaux.
Il faut dire que les « chiens de garde » (ainsi on les appelle sur Facebook), de Ousmane Sonko, sont des romantiques qui rêvent de Grand Soir, épuisant toute la rhétorique de Thomas Sankara. Cependant, à y voir de plus près, le jeune capitaine « déserteur », selon ses contempteurs, n’a pas tout à fait tort. En effet cette Afrique « balkanisée », depuis la Conférence de Berlin, puis à veille des « Indépendances », n’a pas les coudées assez franches pour combattre seule des fléaux comme le terrorisme, ou encore assurer sa souveraineté monétaire.
Ousmane Sonko et le capitaine Mamadou Dièye partagent cette chose : ils ont quitté « l’administration », au sens large pour vendre aux Sénégalais un nouveau projet politique visant à assainir les mœurs d’une gouvernance, prédestinée « sobre et vertueuse ». Dans ce lot, on peut citer l’ex-magistrat Ibrahima Dème, et le commissaire divisionnaire Cheikhna Cheikh Saad Bou Keïta, dont le séjour dans l’opposition aura fait long feu.
En réalité, les divergences entre les deux camps sont nés du soutien que le capitaine a apporté à Idrissa Seck à la présidentielle de 2019. Les Pastifiens, qui ont une dent dure contre Dièye, le décrivent comme un élément du « système » qu’ils disent combattre.
Pourtant, outre Dièye, d’autres leaders de l’opposition, qui se réclament de la 3e Voie, tels Thierno Alassane Sall n’avaient pas roulé pour Sonko. Si l’ex-ministre de l’Énergie et chantre de la « République des valeurs » a préféré s’abstenir, par contre Abdoul Mbaye et Mamadou Lamine Diallo avaient rejoint Idy à la dernière présidentielle.
Question : est-ce que Ousmane Sonko qui est ainsi boudé par presque tous les autres opposants, n’est pas perçu comme un populiste, qui agite un nationalisme frontiste et irréaliste pour exister politiquement ? Ses partisans ne cherchent pas de midi à quatorze heures pour en conclure qu’il s’agit d’une simple « jalousie » envers le patron de Pastef.
Par Dakar24sn.com