Dans le landernau politique sénégalais, son nom est un label. Produit rare, tête de gondole de la fabrique jaune-bleue, le mythique Parti Démocratique Sénégalais (PDS). Un homme de principes, qui porte ses vertus comme il affiche ses défauts. Un iconoclaste qui ne s’encombre pas d’effets de manche. Ni épate, ni esbroufe. Oumar SARR restera cette brute de décoffrage, fieffé Waalo-Waalo, ami fidèle et compagnon de Me Wade, le phénomène politique sénégalais du siècle. Un Monsieur à part, arrimé à des convictions séculaires, dont le propos véridique, parfois dur, ne connaît aucune peur. Lui, c’est le combat et…la gagne. Sauf que lors de la dernière bataille électorale qu’il a perdue, sur son terrain à Dagana, contre l’ennemi « apériste ». Un terrible revers, combiné à la défaite de l’opposition, que le Secrétaire Général Adjoint du PDS et maire de Dagana explique dans cette interview. Un entretien d’une rare portée politique dans lequel Oumar Sarr vide le fond de sa pensée.
Comment appréciez-vous les résultats du scrutin du 30 juillet dernier où la coalition de Macky Sall est sortie vainqueur avec 125 sièges?
Comme nous l’avons déjà dit dans notre conférence de presse post-élections, le 30 juillet fut une non-élection. Les règles de jeu ont changé pendant la campagne électorale. Le Président de la République a promulgué dans la semaine des élections une loi importante modifiant la loi électorale. Du jamais vu au Sénégal. Peut-être même en Afrique. Et dans cette dernière semaine des élections, un avis fut demandé au conseil constitutionnel, un avis qui devait modifier substantiellement la loi électorale. Là aussi, probablement il s’agit d’une première mondiale. La loi explique que nous ne pouvons voter qu’avec la carte d’identité biométrique et le conseil constitutionnel nous fait appliquer une loi virtuelle par laquelle, pour voter, on n’a besoin ni de carte biométrique ni d’aucune pièce permettant de nous identifier.
Et tout le monde savait par ce biais il réintroduisait les fameuses ordonnances de 1993 mais personne d’entre nous ne pouvait mesurer l’ampleur de la triche avec les ordonnances fabriquées par les Préfets et les ordres de mission. Et tout cela était planifié depuis longtemps. Quand ils ont déplacé le jour de vote des militaires et policiers, nous avions pensé naïvement que c’était pour cacher aux Sénégalais ce que tout le monde savait : les militaires votaient contre Macky SALL alors que par ce déplacement, ils voulaient utiliser les ordres de mission à une échelle industrielle et même l’élargir à d’autres secteurs.
Jusqu’au bout, y compris devant l’Assemblée Nationale, le Ministre de l’Intérieur, en charge des élections, avait affirmé que toutes les cartes seront produites et que des moyens importants seront déployés pour la distribution des cartes. Que nenni ! Que des mensonges destinés à tromper le peuple, à contrer nos plans, à désorganiser la résistance populaire et à faire en sorte que nous baissions la garde !
Je vote depuis trente ans au Sénégal et depuis plus de vingt ans je suis Maire, je n’ai jamais vu un scrutin pareil.
Et le jour du scrutin, une désorganisation constatée dès les premières minutes du scrutin. Bulletins manquants dans beaucoup de bureaux et de centres du pays, y compris à Dakar. Dans beaucoup de fiefs de l’opposition, le vote a commencé l’après-midi. A Touba, certains responsables furent arrêtés avant de pouvoir voter. Du jamais vu au Sénégal, y compris avant l’an 2000. Du jamais vu.
A Dagana où je votais, beaucoup de bureaux ont ouvert l’après-midi (tous les bureaux de la commune de Gayé, des bureaux de Rosso Sénégal, beaucoup de bureaux de Mbane etc.) C’est un plan organisé et planifié de longue date.
Pourtant, il a été constaté que l’avis du conseil constitutionnel a permis à de nombreux Sénégalais de voter.
Les lois, elles sont faites pour être appliqué. Comment peut-on accepter un avis-loi du conseil constitutionnel modifiant la loi électorale le 27 juillet pour une élection qui devait avoir lieu le 30 juillet ? Dans l’avis-loi, la grosse arnaque a été l’introduction de « primo-inscrits », un primo-inscrit étant en principe un citoyen nouvellement inscrit sur les listes électorales mais n’ayant jamais eu de carte d’identité numérisée, de passeport ou de permis de conduire ? Dans les faits, le fichier électoral ne permet pas de savoir si un citoyen est primo-inscrit ou non. Toute personne munie d’un récépissé d’inscription peut se déclarer primo-inscrit et obtenir un document d’immatriculation pour aller voter.
C’est lui qui déclare son nom et amène sa photo. Ignoble ! Ils se sont servis à la pelle. Ils ont préfabriqué des milliers de récépissés d’inscription, obtenu des milliers de documents d’immatriculation vierges et pré-signés par des préfets ou de soit disant préfets, ramassé des milliers de personnes et leur ont rempli des documents d’immatriculation pour aller voter, moyennant souvent de l’argent. C’est principalement par ce procédé et par les ordres de mission qu’ils ont truandé les élections. Les langues commencent à se délier. Les mercenaires reconnaissent et se glorifient des faits.C’est Ali Baba et les quarante voleurs.
Dans ces conditions, auriez-vous dû participer aux élections ?
La question se pose. On a sous-estimé l’ampleur de la triche. Il aurait fallu défendre physiquement les élections, déchirer les documents d’immatriculation et les ordres de mission. Il aurait fallu obtenir les cartes d’identité des jeunes avant d’aller aux élections. On était tous déjà trop engagé dans la préparation des élections mais on aurait dû à ce stade bloquer les élections jusqu’à ce qu’on obtienne satisfaction. Les vrais « primo-inscrits » n’ont pas pu obtenir leurs documents d’immatriculation parce qu’ils ne pouvaient obtenir leur document d’immatriculation chez le Préfet que le Samedi, à la veille des élections. Et même là, on avait l’impression que l’administration centrale voulait que les Préfets organisent le désordre électoral. Comment un Préfet peut s’occuper de l’identification des personnes physiques à la place de la police et de la gendarmerie ?
Informés des dégâts prévisibles, nous aurions dû bloquer les élections mais nous n’avions pas les détails des préparatifs du hold-up et nous étions trop confiants, vu l’adhésion massive du peuple dans la campagne électorale.
Pourquoi allez-vous donc siéger à l’Assemblée Nationale ?
C’est une question légitime. Nous aurions pu décider souverainement de ne pas participer à l’Assemblée et de continuer la lutte en dehors de l’hémicycle mais, pour le combat de dénonciation et d’organisation du peuple pour de nouvelles élections sincères et transparentes, nous avons besoin de positions à l’Assemblée Nationale.
Après la proclamation des résultats par le Conseil Constitutionnel, le combat va se poursuivre à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
A l’extérieur, nous amènerons le dossier à la CEDEAO, à l’Union Africaine et dans tous les organismes de défense de la démocratie, et nous avons de besoin de députés engagés à nos côtés.
A l’intérieur du pays, nous allons expliquer, nous organiser et faire face à la forfaiture. Il n’y a pas d’autre choix. Nous avons une dictature rampante qui chipe le vote du peuple. Soit elle triomphe, c’est la démocratie au Sénégal qui est enterrée, soit le peuple triomphe et la démocratie sera renforcée. Nous sommes à la croisée des chemins.
Après la publication des résultats, votre coalition a annoncé qu’elle ne va plus participer à des élections organisées par Macky Sall. Est-ce qu’en annonçant ce boycott, Wade ne s’est pas rendu compte de l’absence de perspective en reconnaissant l’impossibilité pour KARIM d’être candidat?
Il s’agit de deux questions qui n’ont aucun lien.
La coalition Wattu Senegaal a dit qu’il n’est pas question de participer à des élections de la triche. Nous allons nous battre dès maintenant pour des élections justes et transparentes. Vous le savez, nous le savons. Macky SALL est empêtré dans le système de la triche. Il ne peut plus, de lui-même, s’en départir. Il tomberait dans l’abime.
Macky lui-même, devant tous les Sénégalais, nous a promis monts et merveilles, une date concertée pour les élections législatives, un audit indépendant du fichier, un accord sur le code électoral. Que du faux ! Personne ne pensait qu’il allait jeter par dessus bord protocoles de la CEDEAO et principes élémentaires d’une élection juste. Personne. Malgré ce vol électoral en bandes organisées, il a un résultat mitigé et un second tour d’élection présidentielle pratiquement perdu. Ce sont en plus des voleurs récidivistes.
Ils ont volé au référendum, ils ont volé aux élections locales et nous pensons même aujourd’hui qu’ils avaient volé en 2012. Ils pensent que des élections, en Afrique, on les gagne par la triche. Les partenaires et autres observateurs ont constaté que nous avons affaire à des voleurs et non à des démocrates. L’Afrique et le monde retiennent leur souffle. Les Macky sont en train de saccager notre démocratie.
Nous disons que nous ne pouvons confier nos suffrages à des voleurs récidivistes. Nous nous battrons avec une force décuplée pour la tenue d’élections transparentes. Nous pensons que nous allons gagner cette bataille. Le peuple, notamment la jeunesse mobilisée avec le Président Wade pendant la campagne, montre la voie, la voie de la victoire. Qui peut penser que nous ne représentons la majorité dans ce pays, que nous sommes 16 ou 17% ? Qui peut le penser ? Nous imposerons des élections justes et transparentes.
Cette question n’a pas de lien direct avec la candidature de Karim. Pour nous et pour les juristes indépendants, pour le peuple, du point de vue du droit, Karim Wade peut être candidat pour la prochaine élection présidentielle (en 2019 au plus tard). Aucun artifice ne pourra l’empêcher d’être candidat. Et cette candidature, comme celle d’autres qu’on veut empêcher, doit être un aspect de la mobilisation à venir : organiser de nouvelles élections législatives, organiser une élection présidentielle sans exclusion de candidats potentiels en s’appuyant sur une justice aux ordres. La vie a fait que ces combats se rejoignent. Il faut que le peuple puisse librement s’exprimer et choisir ses dirigeants.
Votre coalition a obtenu 19 députés grâce en grande partie à l’implication de Me Wade. Est-ce que ce retour de Wade ne constitue-t-il pas un aveu d’échec des responsables locaux que vous êtes ?
Vous semblez reconnaître les élections. Pour nous, il s’agit d’une non élection. Vous-même, journalistes, vous avez pu jauger de la mobilisation fantastique de notre peuple, qui veut en finir avec le régime de Macky SALL. La présence de Maître Wade a été un catalyseur décisif. Il a montré qu’il était prêt à se sacrifier pour le Sénégal et l’Afrique. C’est cela qu’il faudra retenir aussi.
Maître Wade n’a pas son égal au Sénégal. Nous autres responsables locaux, nous nous inspirons de lui, nous ne pouvons arriver à sa hauteur et nous le cherchons pas. Des phénomènes comme lui, Dieu en produit peu par siècles et millénaires.
Quel est l’avenir de la coalition Gagnante wattu Sénégal, peut-on s’attendre à ce qu’elle se poursuive jusqu’en 2019?
La coalition Wattu Senegaal a engagé un combat crucial pour la démocratie. Cette non-élection du 30 juillet est un élément qui va compter dans son combat. Wattu Senegaal va certainement constituer son groupe parlementaire qui, comme je vous l’ai expliqué tout à l’heure, sera un détachement à la disposition d’un combat plus général que la coalition mène pour en finir avec Macky SALL et son régime. Dans ce combat là, Wattu Senegaal a besoin des autres partis, des syndicats, des mouvements et autres associations. Il faudra très rapidement asseoir des regroupements plus larges pour atteindre notre objectif.
Après votre échec d’aller ensemble aux législatives, des leaders de Mankoo comme Bamba Sall sont venus rendre visite a Me Wade. Peut on s’attendre à une entente politique entre ces coalitions en perspective de 2019?
Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, notre objectif est clair : imposer des élections justes et transparentes, sauver la démocratie et le Sénégal. Nous ferons tout ce qui en notre pouvoir pour que ceux qui ont les mêmes objectifs que nous soient avec nous. Nous avons apprécié que certains responsables de Mankoo et d’autres coalitions aient rencontré le Président Wade. Il faut consolider et poursuivre. Nous n’avions pas gagné la bataille de l’unité pour les élections législatives et comme conséquence immédiate ils ont osé organiser une non-élection. Comme le Président Wade le dit : « l’erreur politique se paie cash ». Maintenant c’est tout l’avenir du Sénégal qui est en jeu. Nous devons réussir cette unité-là ou dégager de la scène politique.
Beaucoup évoquent la non fiabilité de l’actuel fichier électoral. Ne pensez vous pas que c’est le moment de poser le débat pour son audit? Qu’est-ce que votre coalition prévoit dans ce sens?
Je vous ai expliqué tout à l’heure que nous allons mener une campagne nationale et internationale contre la forfaiture du 30 juillet. Le fichier jouera un rôle particulier, d’autant plus que l’audit indépendant du fichier fait partie des engagements non respectés par Macky SALL.
Dès le début, nous avons attiré l’attention sur des éléments ubuesques contenus dans le fichier. Et aujourd’hui, tous les articles que nous publiions pour attirer l’attention se sont avérés exacts. Beaucoup de personnes ont leur carte d’électeur sans être inscrits sur le fichier final et certains sont inscrits plusieurs fois. Le fichier a été utilisé comme base de la triche du 30 juillet. Certaines propositions sont dans le livre blanc que nous avons publié mais on a l’impression d’un recul d’année lumière. C’est triste pour cette démocratie qui va à vau-l’eau.
Il n’y a pas seulement le fichier électoral. C’est le processus de la triche qu’il faut arrêter. Il faut refonder la démocratie et je pense en particulier que la prochaine assemblée issue de véritables élections doit être une constituante. Le pays est à terre. Il faudra le refonder sur des bases plus durables et sécuriser les acquis face à cette race de voleurs.
Le conseil constitutionnel vient de valider les résultats provisoires…
Rien d’étonnant. Un conseil constitutionnel qui vient au secours du Président de la République et de sa coalition électorale en modifiant à trois jours du scrutin la loi électorale, ce conseil ne peut que valider à 100% les résultats provisoires. Au nom de notre coalition, nous n’avons même pas voulu déposer de recours. Nous n’avons fait que transmettre le recours de notre liste en Europe de l’Ouest, du Centre et du Nord.
Nous avons de plus en plus une justice aux ordres or la justic est un tampon nécessaire entre l’Etat et les hommes. Quand tout le monde se rendra compte qu’il n’y a plus de justice, les gens trouveront eux-mêmes leur justice, c’est la guerre civile, la loi du talion et le dépérissement de l’Etat. Cette justice aux ordres nous met tous en danger.
Voyez comment ils osent arrêter les Amy Collé Dieng pour des propos tenus sur Whatsapp et l’utilisation abusive de lois d’un autre âge (offense au chef d’Etat). Ils veulent faire peur aux Sénégalais mais les Sénégalais parleront et manifesteront jusqu’à la satisfaction totale de nos revendications, notamment en matière électorale. On n’arrête pas la mer avec ses bras.
Vous avez été investi tête de liste de votre coalition au niveau de Dagana mais vous avez été battu, qu’est ce qui n’a pas marché ? Ne vous sentez pas être piégé par Me Wade si l’on sait que vois êtes le seul grand responsable à être investi dans son département?
Je dois d’abord vous dire que c’est moi-même qui ai décidé de m’investir chez moi, dans mon Waalo natal. Je peux même vous dire- c’est un secret de polichinelle- que c’est contre l’avis du Président Wade. Je pensais que je devais le faire et si c’était à recommencer, je prendrai les mêmes décisions. Ce n’était pas un combat gagné d’avance. Nous ne sommes plus majoritaires dans le département depuis 2012. Malgré la fraude, nous avons quand même progressé d’environ 5.000 voix par rapport aux dernières législatives. Ce serait peut-être un peu trop long à vous expliquer dans cette interview mais le Waalo est un pays et une histoire. Je suis heureux et toujours émus d’être au Waalo et de parcourir ses villages et de voir les populations, mes parents, travailler et vivre.
Il y avait une vieille bataille, que Sidiya Ndatté Yalla avait perdue il y a plus de 140 ans que l’investiture de Benno Bokk Yakaar avait remise au goût du jour. Sidiya avait été exilé et suicidé au Gabon. Cette nouvelle bataille, je ne l’ai pas gagné parce qu’au point de départ, il y a un holdup électoral qui semblait être une bataille de survie du régime ou en tout cas de la rapace organisée qui le représente là-bas. Je suis encore plus fier du Waalo. Jamais autant d’argent n’a été dépensé. 32 véhicules 4X4, nous dit-on, ont été achetés et offerts à des responsables, des dettes payées, de l’argent déversé par centaines de millions. J’entends des sommes d’argent considérables dépensées, suite à des détournements de deniers publics, des marchés publics foireux et de l’utilisation éhontée de nos terres. Les audits post-alternance nous édifieront.
Nous avons mené une campagne extraordinaire, sommes entrés dans les hameaux et dans les cases, partout, porteur d’un message d’espoir, représentants de notre peuple. Je suis certain que la prochaine bataille sera la bonne. La jeunesse s’est plus que jamais engagée et l’espoir était lisible dans leurs yeux. Une nouvelle carte politique du Waalo se dessine et nul doute que le bataillon Sidiya Ndatté Yalla que nous avons commencé à mettre en place vaincra.
Nos résultats sont très corrects. Nous sommes parmi les 5 premiers départements pourvoyeurs de voix du PDS malgré notre taille électorale limitée. Nous avons apporté près de 22.000 voix à la coalition Wattu. Notre force de frappe est renforcée. Personne ne peut parler du déclin du PDS dans le département de Dagana. Nous sommes une force montante. Personne ne peut le nier.
Cette défaite ne signifie-t-elle pas que c’est le mythe Oumar Sarr qui commence à s’effondrer?
Oh que non ! Il n’y a pas de mythe Oumar Sarr. Je suis maire depuis vingt-et-un ans, ai vécu deux régimes dans lesquels je n’ai pas fait partie de la majorité présentielle (Abdou Diouf et Macky Sall) et 12 années de majorité présidentielle avec le Président Wade. Tous reconnaissent que j’ai servi inlassablement Dagana et le Waalo. Tous, y compris mes adversaires politiques d’aujourd’hui, le disent. Si servir le Waalo est un mythe, il ne s’effondra qu’avec ma mort.
Est-ce que vos ambitions ne sont pas maintenant limitées après votre défaite à Dagana? Est-ce qu’après cette défaite Oumar Sarr compte briguer encore le suffrage des populations de Dagana pour un autre mandat municipal en 2019?
Je dois ajouter sur le département de Dagana même si nous n’avions pas pu organiser nos forces pour contrer les voleurs et leurs bandes organisées, à Dagana Commune, malgré leurs 48 bus dont certains venaient de Touba, de Tivaouane et de la banlieue de Dakar, malgré les centaines d’ordre de mission dont certains de la SENELEC, malgré les ordonnances pour primo-inscrits utilisées à la pelle, malgré les tentatives multiformes de corruption et d’achat des consciences, la commune a fait face. Elle n’a pas, à ma demande, mené la bataille physique pour sécuriser son vote et chasser les mercenaires, mais tous savent que Dagana Commune a tenu. Dagana ne tombera jamais.
Nous avions saisi la justice depuis plusieurs mois sur les inscriptions frauduleuses dans la commune de Dagana. Plus de 2.000 personnes se sont inscrites en utilisant de faux certificats de résidence. Nous avions identifié 1.088 pari elles et avons saisi la justice. Le tribunal départemental de Dagana nous a déboutés en se basant sur la loi électorale alors qu’il fallait s’appuyer sur la loi portant refonte du fichier électoral. Il y a un recours devant la cour suprême mais comme on dit la justice prend tout son temps quand des délais ne sont pas fixés dans la loi. Dagana trouvera les moyens de régler les problèmes avant ou avec les prochaines échéances électorales.
Notre principal objectif aujourd’hui est de contrer la non-élection du 30 juillet 2017 et d’asseoir les bases pour des élections justes et crédibles. Nous avons devant nous des mois difficiles pendant lesquels nous devons nous organiser, nous battre et fortifier notre unité. J’ai l’intime conviction que nous gagnerons cette bataille, à Dagana, dans le département de Dagana et dans tout le Sénégal.
Propos recueillis par Sophie Barro (L’OBS)