Entre le boycott du Pds et la guerre de démarche entre opposants, la question relative au statut du chef de l’opposition sera difficile à trancher. La commission politique du dialogue national, qui doit s’y pencher en dernier ressort, a du pain sur la planche.
Dans le menu servi aux acteurs du dialogue politique, le statut du chef de l’opposition ne sera pas facile à avaler. Les préalables pour la mise en place de ce titre honorifique n’ont pas encore été élaborés. De quoi rendre pessimiste la Société civile présente au dialogue politique. «Les membres de l’opposition ne seront jamais d’accord, parce qu’il n’y a pas de concordance entre le chef de la majorité parlementaire et le chef issu de l’élection présidentielle. S’il y avait une concordance de chef de position, le problème serait résolu», a soutenu Moundiaye Cissé, directeur de l’Ong 3D, hier au sortir de la session à Ngor Diarama.
Jusqu’ici, la loi n’a pas encore défini le profil de celui qui doit incarner le chef de l’opposition, consacré par la Constitution depuis le Référendum du 20 mars 2016. Est-ce le Pds qui dispose du seul groupe parlementaire de l’opposition à l’Assemblée nationale ? Est-ce Idrissa Seck, 2ème de la dernière Présidentielle ? «Est-ce que Rewmi est intéressé par le statut de chef de l’opposition ? Je suis ici non pas en tant que Rewmiste, mais en tant coordonnateur du pôle de l’opposition», contourne Déthié Fall. Pour leur part, les Libéraux n’ont de cesse d’appeler Macky Sall à installer Wade comme chef de l’opposition. Mais la Présidentielle a changé la donne. Arrivé deuxième derrière Macky Sall, lors du dernier scrutin présidentiel, Idrissa Seck participe au dialogue politique alors qu’il avait boycotté les dernières concertations sur le processus électoral. Allez savoir pourquoi…
«Couteau à double tranchant»
De plus, il y aurait des fonds politiques de 2 milliards de francs pour le chef de l’opposition, d’après Mamadou Lamine Diallo du Mouvement Tekki. Un aspect financier qui a exacerbé le fossé dans les rangs de l’opposition. Barthélemy Dias invite l’opposition à quitter la table des négociations sans quoi Déthié Fall et Cie sont des «comploteurs sur le dos du Peuple, en complicité avec Macky Sall». Pourtant, Saliou Sarr, un autre proche de Khalifa Sall, assure la vice-coordination du pôle de l’opposition. «Barthélemy Dias doit savoir que si nous sommes des comploteurs, des dealers, Khalifa Sall, son mentor, l’est aussi, parce qu’il participe à nos discussions», a sèchement répondu hier Déthié Faye, coordonnateur du pôle des non-alignés.
«Ce statut du chef de l’opposition, c’est un couteau à double tranchant pour l’opposition qui doit faire attention. Même les acteurs qui ont boycotté doivent prendre langue avec ceux qui sont au dialogue. Le Pds doit venir au dialogue pour éviter que les dissensions ne soient encore plus profondes. On voit des opposants s’attaquer à d’autres alors que le Sénégal a besoin d’une opposition forte», plaide Moundiaye Cissé.
Pour l’heure, les discussions se poursuivent entre acteurs au dialogue. Et même au-delà, car le Pds qui garde un œil sur ce qui s’y trame est toujours espéré. «Au niveau de l’opposition, il y a des discussions qui sont engagées pour trouver le maximum de consensus sur la voie à utiliser pour le chef de file de l’opposition», conclut Déthié Fall.