Le Qatar, quatrième producteur mondial de gaz, développe pourtant une expérience plus ancienne que le Ghana dans le domaine des ressources minérales dont des gisements importants ont été découverts au Sénégal. Avant-hier dans la soirée, à l’arrivée de l’émir, un communiqué laconique du Pôle de communication de la présidence a annoncé « la signature de plusieurs accords de coopération dans divers domaines », sans plus de précisions. Mais il nous revient, de sources proches de la présidence, que le ministre qatari de la jeunesse, de la Culture et des Sports a paraphé, avec le ministre de Culture du Sénégal Abdou Latif Coulibaly, un projet d’accord de coopération.
Il a aussi signé deux projets d’entente de coopération avec les ministres sénégalais des Sports (Matar Ba) et celui de la Jeunesse (Pape Gorgui Ndong). Toutefois, le passage presque éclair du leader qatari, qui est resté moins que les 48 heures prévues dans la capitale sénégalaise, a surpris tout le monde. Le portail d’informations seneweb.com assure qu’il a quitté Dakar hier vers 7 h, après avoir atterri la veille à 16 h pour une visite qui devait se poursuivre dans d’autres capitales d’Afrique subsaharienne.
Cette descente sur le terrain de l’émir qatari, intervient six mois après l’embrouille diplomatique avec beaucoup de pays de la sous-région. Elle procède de la tentative qatarienne de se libérer de ce que les observateurs appellent le « Qatar ban », une mise à l’écart diplomatique dont le maître d’œuvre est le quartet anti-terroriste (Atq en anglais), dirigé par l’Arabie saoudite et accusant Doha de soutenir financièrement des groupes terroristes.
Si le mystère est entretenu sur cette visite, toujours est-il que le Sénégal et l’émirat du Qatar semblent avoir tout remis à plat et amorcé un nouveau virage. Mercredi 7 juin, le Sénégal rappelait son ambassadeur accrédité à Doha, Dr Mamadou Mamoudou Sall, dans le sillage d’autres pays africains dont les plus radicaux, comme la Mauritanie et le Tchad, sont allés jusqu’à la fermeture de leurs ambassades.
Pourtant, la gestion secrète du dossier Karim Wade jusqu’à son exfiltration-exil dans cet émirat, supposait une bonne entente entre les deux pays, comme l’a affirmé du reste le chef de la diplomatie qatarienne dans une interview à « jeune Afrique » en octobre dernier. « L’affaire Karim Wade a été traitée comme une affaire humanitaire, avec l’approbation du gouvernement sénégalais. Jamais nous ne serions intervenus sans son approbation », avait alors déclarait Mohammed Ibn Abderrahmane Al Thani dans les colonnes de l’hebdomadaire parisien. L’embrouille sur l’axe Dakar-Doha est survenue exactement 17 jours après que le Président Sall a répondu à l’invitation du royaume saoudien pour le discours de Donald Trump, le 21 mai, dans la capitale du royaume wahhabite.
Plus de deux mois après, en fin août, Sénégal et Qatar se sont engagés à réchauffer leurs relations diplomatiques. La visite de l’émir, quoique brève, ouvre la nouvelle page des relations qu’il va falloir écrire.
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