OFFICE NATIONAL DES PUPILLES DE LA NATION: la grande bamboula sur le dos des pupilles

Le chef de l‘Etat ferait mieux de jeter un coup d’œil à ce qui se passe du côté de l’Office des pupilles de la Nation. Et pour cause, des voix internes se sont élevées pour dénoncer la gestion du Directeur général Mamadou Saliou Diallo. Achat de voitures de luxe, surfacturations, nominations et recrutements sans respect des textes, licenciement abusif des «récalcitrants»… Pendant ce temps, les pupilles, cibles de la structure, sont dans la souffrance. 

3 VOITURES EN 3 ANS POUR LE DG

Pour ses trois premières années à la tête de l’Office, Mamadou Saliou Diallo a changé chaque année de voiture, et à chaque fois, par un véhicule de standing supérieur. «Le Directeur général s’est vu affecter la voiture 4×4 en bon état de marque Hyundai ix35 4WD de son prédécesseur en avril 2015. Mais dès l’année qui a suivi, 2016, il acquiert à nouveau un véhicule neuf ASX, puis un autre de plus grand calibre en 2017. Une violation des textes du Directeur Mamadou Saliou Diallo qui a acheté des véhicules à trois reprises dans un intervalle trop rapproché, 3 ans», souligne notre source, qui connait très bien la maison, pour y avoir travaillé depuis longtemps. Poursuivant, elle soutient que le patron de l’Agence «vient de bénéficier en août 2019 de manière indue d’un nouveau véhicule alors que les agences ne sont pas concernées, mais seulement les simples Directions disposant de moyens moins importants».
Et de souligner que cela a été possible grâce à une manœuvre habile du Directeur administratif et financier (Daf). «En fait, n’ayant pas la dénomination d’Agence, le Daf positionne l’Office des pupilles comme une simple Direction du Département (ministériel) pour bénéficier en même temps des dotations du ministère de tutelle», explique notre interlocuteur. Il ajoute que la structure «est la seule agence d’exécution qui a bénéficié de ces véhicules 4×4 de marque Toyota», distribués aux ministères.

PENDANT CE TEMPS, LES PUPILLES PLOIENT SOUS LA PAUVRETÉ

Selon nos sources, cette acquisition de voiture de luxe par le patron de l’agence frise l’indécence, si l’on sait que les cibles de l’agence, les pupilles de la Nation, sont dans le dénuement total pour la plupart. «Cela pose un problème d’éthique que d’acquérir des véhicules de luxe alors que la cible ploie sous une pauvreté extrême», dit-il. Et de raconter : «une fois, le Directeur général avait accompagné l’équipe technique dans la banlieue avec son véhicule, le contraste était frappant et les cibles nourrissaient un mélange d’étonnement, de dégoût et de colère, d’autant que leurs préoccupations restent souvent en l’état». Et de rappeler aussi que c’est à cause de sa gestion calamiteuse et son goût du luxe que «les pupilles et orphelins avaient manifesté leur colère à son endroit lors de la commémoration du quinzième anniversaire du naufrage du Joola en 2017».

NOMINATION D’UN DAF QUI N’A PAS LE PROFIL, FRUSTRATION DES CADRES DE L’AGENCE

Nos sources dénoncent aussi la nomination d’un Directeur administratif et financier qui n’a pas le niveau requis. «Il s’est permis de nommer un Directeur administratif et financier (Daf) qui n’a pas le profil de l’emploi, tout en violant les normes et critères énoncés par le décret n°2011-299 du 2 mars 2011. Dans le manuel de procédures de l’Office, il est mentionné que ‘’le Daf doit être de la hiérarchie A ou justifier un diplôme servant d’équivalence’’.  Ici le Daf Pape Ndiamé Sène est de la hiérarchie B2 et titulaire d’un certificat de secrétaire d’Administration de l’Ena», révèlent nos sources. Et de noter que cela «a créé au sein du service un mauvais climat entretenu par de légitimes frustrations de techniciens de la hiérarchie A et autres titulaires de master II qui sont formellement mais illégalement sous son autorité». Mais, pis, c’est ce même Daf qui officie comme adjoint du Directeur et pilote les marchés. Or cela viole le décret de création de l’agence qui, en son article 12, dit : «Le Directeur général est assisté d’un secrétaire général qui le supplée en cas d’absence ou d’empêchement».

26 MILLIONS DE FRANCS POUR UNE COLONIE DE VACANCES DE 37 «PUPILLES» ALORS QUE LE COUT ETAIT DE 20 MILLIONS POUR 60 COLONS EN 2016 AU MEME ENDROIT

A en croire nos interlocuteurs, la gestion financière est aussi calamiteuse que celle administrative du Dg Mamadou Saliou Diallo. «Les manquements ont connu le sommet avec la colonie de vacances 2017 organisée dans une précipitation qui en dit long sur ses intentions peu orthodoxes», lance-t-il. «Sans aucune réunion» de la Commission des marchés, le Dg et ses exécutants ont entamé l’exécution de l’activité éducative. «Le président de la Commission a alors opposé son refus de signer un marché qu’on exécute déjà. En plus, le coût est de 26 millions de francs pour 37 pupilles, alors que le coût était de 20 millions pour 60 colons en 2016, au même endroit, à Somone. Mais, ce qui a le plus révolté le président de la Commission, c’est que les enfants ont été logés dans une auberge inadéquate pour une collectivité éducative. (…). L’auberge Ndiamala à la Somone, où les enfants étaient logés, est un bâtiment vétuste où les chambres sont en hauteur, sans espace ni piscine. L’approvisionnement en eau se faisait en puisant dans des bouteilles le liquide précieux au rez-de-chaussée. Les chambres suintaient avec la pluie», explique la source.

2 BUS DE DDD A 1,2 MILLION POUR DAKAR-SOMONE ; PLUS DE 10 MILLIONS POUR L’AUBERGE…

Nos interlocuteurs de lister ce qu’ils considèrent comme des «surfacturations»: Le transport a été payé 1.200.000 francs pour 2 bus DDD entre Dakar et Somone ; la location de l’hôtel (10.001.250 francs); l’alimentation : 5000 par personne alors que c’était de 2500 francs par personne l’année d’avant…. Il s’y ajoute que le marché a été attribué à «une personne qui ne disposait pas des pièces requises et utilisait le contournement de la sous-traitance. Ce qui est formellement interdit en la matière». Face à cette situation, nos sources notent que c’est à la suite de grosses pressions que le président de la Commission des marchés a accepté de «signer avec des réserves sur le coût et la procédure». D’ailleurs, il sera par la suite remplacé au poste. De même, le représentant du ministère de tutelle, très à cheval sur les principes d’éthique, a été écarté.

34 MILLIONS POUR UNE COLONIE DE VACANCES EN GAMBIE OU LES PUPILLES CONSTITUAIENT A PEINE 1/3 DES COLONS, EN GRANDE MAJORITE DES ENFANTS DU PERSONNEL DE L’OFFICE

Pire, en 2018, le Directeur et ses collaborateurs ont organisé une colonie de vacances en Gambie facturée à plus de 34 millions, loin des 17 millions de la colonie de vacances de 2014 dans le même pays. «Ce qui heurte la conscience morale est que le budget destiné aux pupilles a été utilisé essentiellement pour les enfants du personnel». Nos sources en veulent pour preuve le fait que «sur les 60 colons qui étaient en Gambie, pas moins de 40 étaient des enfants du personnel».

3 «WEEK-END DE CAPACITATION POUR LES CANDIDATS AUX EXAMENS» FACTURES 12 MILLIONS 

De la même manière, les pupilles ont très peu bénéficié des trois activités dites «Week-end de capacitation pour les candidats aux examens». Des activités qui, dit-il, «sont facturées à plus de 12 millions». Or, précise-t-il, «pour chaque activité, il n’y avait pas la présence de plus de 10 pupilles». Des activités pourtant conçues par des techniciens, aujourd’hui écartés, et qui n’excédaient pas 2 millions tout en mobilisant pas moins de 30 pupilles par week-end».

«UNE VOITURE ELANTRA A 15 MILLIONS DE FRANCS CFA. 2 ORDINATEURS FIXES A PLUS DE 500.000 FRANCS L’UNITE, RECRUTEMENT ET SALAIRES NON VALIDES PAR LE CONSEIL DE SURVEILLANCE… »

Toujours au chapitre de la bamboula financière au sein de l’Agence, nos sources notent que le Dg et son équipe ont procédé à «des recrutements d’agents et la détermination de leurs rémunérations sans la validation du Conseil de surveillance». Et pour couronner le tout, «sans en informer le personnel, le Directeur général et son Daf ont réformé irrégulièrement, à vil prix, et en catimini, des véhicules qu’ils ont revendu à leur profit. Et pendant ce temps, dit-il, l’Agence a acquis «une petite voiture Elantra à 15 millions de francs Cfa». Il en est de même de l’achat de 2 ordinateurs fixes à plus de 500.000 francs l’unité. En conclusion, notre interlocuteur rappelle que «cette mauvaise gestion a été dénoncée à l’Ofnac qui a procédé à des enquêtes», d’où les représailles de la Direction sur le personnel et le licenciement «illégal et sans avis» d’un agent.

Mbaye THIANDOUM

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