On dit souvent que «La seule différence entre un sage et un homme ordinaire est que le sage sait reconnaître et s’occuper de l’essentiel».
Monsieur le président Sall, vous avez adhéré au Parti Démocratique Sénégalais (PDS) à la fin des années 1980 et avez étroitement travaillé avec le président Wade. Monsieur le président pourquoi pensez-vous que le président Wade fut sanctionné par les Sénégalais alors qu’il n’a fait des réalisations jamais faites auparavant ? Pensez-vous que des réalisations soient suffisantes pour être reconduit à la tête du pays ?
Le président Wade a inauguré plusieurs nouvelles universités, des cases des tout-petits et écoles dans plusieurs collectivités locales. A son actif nous pouvons aussi citer l’autoroute à péage, les ponts de Colobane, les échangeurs de Malick Sy, le rond-point de Patte d’Oie, de Hann et de Pikine, le monument de la renaissance, la porte du millénaire, le grand théâtre national. Il ne faut pas oublier le plan REVA, le plan SESAME, le plan Jaxaay, le renouvellement du parc automobile de Dakar Dem Dikk, l’innovation avec les taxis sisters et les taxis iraniens sans oublier les bus TATA. Le plan Takkal aussi est un succès même si je vous le créditerai car étant finalisé sous votre magistère ainsi que l’aéroport international Blaise Diagne. Le président Sall au bout de 6 ans a lui aussi un bilan pour essayer de se faire réélire. Il a continué à nous doter des infrastructures de dernière génération, la CMU, les bourses familiales, les nouvelles universités, le PUDC, le PUMA, les DAC, l’ANIDA, le TER, l’arène nationale, la Dakar Arena, la subvention de l’élevage et de l’agriculture sans oublier la baisse de l’impôt sur les salaires, etc. En matière de bilan, il n’y a pas une grande différence entre ces deux présidents. Cependant nous constatons les mêmes problèmes sous ce magistère que sous le magistère du président Wade.
Le président Sall parle de la réduction du train de vie l’État et la suppression du sénat et d’autres agences mais qu’en est-il de la création de ces institutions budgétivores que sont le HCCT et le CNDT entre autres ? Sont-elles vraiment nécessaires monsieur le président ? Ne décriions-nous pas l’implication de la famille du président Wade dans les affaires de l’État ? La même chose est en train de se produire sous le magistère du président Sall. Combien de rapports de l’OFNAC et de l’IGE sont restés sans suite ? Qu’en est-il de l’emprisonnement et de l’exil de Karim Wade ainsi que l’emprisonnement de Khalifa Sall ? Je ne défendrai jamais une personne à qui on reproche d’avoir détourné des deniers publics mais que la justice soit impartiale et poursuive tous ceux qui sont cités indépendamment du camp politique qu’ils appartiennent. Le problème de l’agriculture reste toujours entier, le chômage des jeunes n’a jamais pu être réglé malgré tous les milliards injectés dans ce secteur. Le climat politique tendu entre le Parti au pouvoir et l’opposition. N’oublions pas l’arrogance de certains hommes forts du camp présidentiel avec des dépenses exorbitantes pour la tenue de leurs meetings. Le président Sall a un bilan très similaire au bilan du père adoptif. Si le président Wade a perdu le pouvoir c’est surtout à cause de la parole donnée qu’il a trahie regardant son 3e mandat entre autres et non pour manque de réalisations et d’inaugurations. Il y a aussi le tripatouillage de la constitution, la « destruction » des adversaires politiques comme Idrissa Seck et Macky Sall. La même chose est en train d’être ressentie sous le magistère du président Sall.
Le président Sall s’est dédit sur beaucoup de choses. La première promesse la plus flagrante qui a été trahie est la réduction de son mandat même si je crois fermement que le conseil constitutionnel est la seule institution compétente à se prononcer là-dessus. L’erreur commise a été de promettre une chose sans en savoir sa faisabilité. Il avait aussi promis de ne jamais mêler sa famille aux affaires de l’État surtout avec ce qui s’est passé entre Père Wade et fils, cette promesse a aussi été trahie. Il avait promis de réduire le nombre de ministres à 25 ce qu’il a fait pendant quelques mois avant d’augmenter ce nombre et de nommer une flopée de ministres conseillers. J’étais fier du président Sall quand il disait qu’il ne protégera personne : « à tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers publics, je tiens à préciser que je ne protègerai personne. Je dis bien personne ». Il en a tellement protégé que l’exception en est devenue la règle. Une seule personne est jugée et condamnée par la CREI sur une liste de 25 personnes. Pire, quand la justice a demandé à Ousmane Ngom de ne pas sortir du territoire, le président Sall l’amena avec lui en voyage en Guinée Conakry. Cheikh Omar Hann, Directeur du COUD avait été aussi épinglé par l’OFNAC mais c’est la directrice qui a été limogée pour avoir bien fait son travail.
Le président Sall avait promis une indépendance de la justice mais rien n’a été fait dans ce sens. Il est le président du Conseil supérieur de la magistrature et il nomme et gère l’avancement des magistrats. Comment peut-on parler d’indépendance de la justice dans ce cas ? La libération et l’exil du Karim Wade dont nous ignorons les clauses alors que nous sommes censés être la partie civile. Le non-respect de l’arrêt de la CEDEAO qui implicitement a demandé l’annulation de la procédure, la liberté de Khalifa Sall conséquemment. Il avait promis la réduction du train de vie de l’État et nous ne voyons que l’arrogance de la part de ses collaborateurs et d’ailleurs il paraît que le président s’est payé une Mercedes à un milliard pendant que le peuple a soif. Quelles que soient les raisons de l’achat de cette voiture, il y a une chose qu’on appelle « timing », monsieur le président, le « timing » n’est pas bon car le peuple souffre. Le président Sall nous parlait, pendant qu’il était candidat, « d’une présidence de rupture et de progrès » mais je ne vois rien qui ait changé entre son magistère et celui du président Wade. Il parlait aussi « d’un nouvel ordre de priorité » pendant que le palais présidentiel est devenu un GAB et une annexe du siège de l’APR. Êtes-vous le président de tous les Sénégalais ou chef de parti ? Il avait aussi promis de bannir l’injustice sociale et que « le fils du badolo ait la même chance que le fils d’un tel » ; je ne pense pas que cela soit le cas ou que même que l’on aille du tout dans ce sens. Nous pouvons continuer à énumérer les promesses trahies par le président Sall mais nous nous en arrêterons là pour ne pas faire plus de mal à nos chers concitoyens.
Monsieur le président, nous applaudissons toutes vos réalisations mais le mal ne se trouve pas là-bas raison pour laquelle les Sénégalais ont voté pour vous et contre le président Wade qui est l’homme des réalisations. Se vanter de ses réalisations en tant que président avec tous les pouvoirs et moyens entre vos mains est comparable à un employé qui veuille être récompensé pour être venu au travail à l’heure. Monsieur le président, vous êtes à la tête de notre chère nation pour la bâtir et nous sortir des pays les moins avancés. Je ne crois pas que nous émergerons avec des autoroutes à des couts exponentiels, le TER avec un cout ahurissant, des arènes nationales ou des stades. Il faudra une réforme majeure de la santé, l’éducation de tous les citoyens et surtout de l’emploi pour tous. Aucune nation ne s’est développée sans industrialisation donc allez dans ce sens et oubliez de vous faire réélire et entrez dans l’histoire du Sénégal.
Monsieur le président, vos collaborateurs vous diront que tout va bien au Sénégal et que l’opposition n’est pas compétente et que vous allez vous faire réélire facilement ; ces mêmes personnes disaient la même chose au président Wade en 2012 avant que vous ne le détrôniez. Monsieur le président, le pays va mal ! Les jeunes ne travaillent pas, des femmes meurent en donnant naissance, vos concitoyens meurent du paludisme en 2018 monsieur le président. Un pays comme le Sénégal avec la stabilité qui y règne est facile à développer monsieur le président et vous êtes un homme compétent d’après votre parcours donc je vous prie monsieur le président au nom du peuple Sénégalais d’arrêter la politique politicienne et de vous rappeler que vous êtes le président de tous les sénégalais et que vous allez rendre compte un jour devant votre Seigneur. La vie est éphémère et la fortune qu’on amasse ne nous servira à rien dans l’au-delà. Monsieur le président, vous serez toujours à l’abri du besoin donc n’écoutez pas certains de vos collaborateurs qui utilisent la politique comme ascension. Monsieur le président, n’attendez pas d’être réélu pour dissoudre le HCCT, le CNDT, le CESE et de vous débarrasser de vos alliés transhumants pour enfin trouver la relève au sein de votre parti. Monsieur le président, je croyais tellement en vous quand vous étiez candidat mais votre présidence est en train d’être une continuation de celle de votre père adoptif.
À quand un président qui mettra la patrie avant le parti monsieur le président ?
La porte de l’histoire est grande ouverte pour qui veuille l’emprunter en se souciant du bien-être de tous les sénégalais. La porte du second mandat est aussi ouverte pour qui veuille l’emprunter et ériger des infrastructures et gaspiller l’argent du contribuable sans se soucier du bien-être de tous les sénégalais. Monsieur le président, le choix est le vôtre.
Croissance Economique : 6,8%
Dette publique : 60.8% du PIB
Service de la dette : 30% du PIB
Taux de pauvreté : 47%
Classement IDH : 162 -ème sur 188 pays
Dette extérieure : 3313 Milliards
Dette intérieure : 1432 Milliards
(World Bank)
Mohamed Dia, Consultant Bancaire
Email : [email protected]