Gilbert Diendéré, géant à la bouille lisse va présider désormais aux destinées du Burkina Faso. Celui dont on disait que « le pouvoir ne l’intéressait pas » est devenu ce jeudi 17 septembre, le président du Conseil national pour la démocratie (CND), la junte militaire qui a renversé les autorités de transition au Burkina Faso.
Si son visage n’est pas bien connu de la scène internationale, Diendéré est connu de tous au Burkina. Bras droit de Compaoré, dont il était l’ancien chef d’État major, il est considéré comme le poisson-pilote de l’ex-chef d’État burkinabé. Patron historique de la toute puissante Sécurité présidentielle (RSP), Diendéré, 55 ans, a été un des plus fidèles compagnons de l’ex-président déchu. Il est connu pour avoir des contacts avec les militaires français et a participé à l’exercice militaire américain Flintlok, dont l’objectif est d’entrainer les armées africaines à la lutte contre le terrorisme transfrontalier. Mais si Gibert Diendéré est connu, c’est surtout pour avoir été au cœur du pouvoir burkinabé lors de la proclamation de la révolution par Thomas Sankara en août 1983. En octobre 1987, il est soupçonné d’être à la tête du commando qui a arrêté Sankara. C’est lui qui annonce d’ailleurs le coup d’État à la radio. Et en 1989, il déjoue un coup d’État contre Compaoré. La version officielle explique que Lingani et Zongo, ses deux vieux compagnons auraient fomenté le coup d’État. Lingani lui aurait fait part de leurs intentions et Diendéré en aurait informé Compaoré avant de procéder aux arrestations. Quelques jours plus tard, Gilbert Diendéré est nommé secrétaire général du comité exécutif du Front populaire, et devient numéro 2 du régime.
Durant de nombreuses années, il est l’homme de confiance de Compaoré et l’épaule sur les dossiers les plus délicats. Il gérait notamment les affaires épineuses du Libérien Charles Taylor, de l’Ivoirien Guillaume Soro ou encore du Guinéen, Moussa Dadis Camara. Dans un rapport de l’ONU, il avait été cité comme étant celui qui gérait le transit à Ouagadougou d’armes ukrainiennes, destinées à la Sierra Leone à la fin des années 90. Il s’était personnellement rendu au Tchad quand Hissène Habré fuyait le pays. Il est aussi impliqué dans l’affaire David Ouédraogo, qui a coûté la vie au journaliste Norbert Zongo.
L’homme le mieux renseigné de Ouaga
Durant 30 ans, il a dirigé d’une main de maître les groupes de commandos du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP). Dans un portrait qui lui a été consacré par Jeune Afrique en 2013, il est décrit comme l’homme le mieux renseigné du Burkina, le « big boss des renseignements généraux ». Du coup d’État en Guinée Bissau, en avril 2013 à la débâcle des rebelles touaregs dans le nord Mali, rien ne lui échappe. « Il sait tout et c’est ce qui le rend intouchable », disait de lui un proche collaborateur de Compaoré. Issu d’une famille pauvre de la région de Yako dans la province de Passoré, ce fils de militaire est décrit comme quelqu’un de « peu souriant, extrêmement discret et très discipliné ». « On ne peut jamais savoir quelle est sa position. Il est de tous les coups et tire à chaque fois son épingle du jeu », disait Jeune Afrique. Ses proches camarades disaient que « le pouvoir ne l’intéressait pas ». Fidèle parmi les fidèles de Compaoré, certains le soupçonnent encore aujourd’hui d’être en mission commandée pour le compte de l’ancien chef d’État. Mais dans une interview accordée à France 24, il le dément fermement. N’est-ce pas sa femme, ex-députée, qui disait : « Si Compaoré est là, pourquoi pas mon mari »