NON, MONSIEUR LE PRÉSIDENT ! PAR (AMADOU TIDIANE WONE)

La crise Burkinabé et le rôle des réseaux sociaux (Par Amadou Tidiane Wone)

Le principe de la tenue d’un référendum en 2016 ne s’imposait que par votre choix de soumettre au Peuple souverain la validation de votre engagement à remettre en jeu votre mandat présidentiel, au bout de cinq ans au lieu des sept pour lesquels vous aviez été élu. Logique, diront certains. Superfétatoire, diront d’autres. Le fait est que cette question n’est plus à l’ordre du jour, après des péripéties juridico-politiques que je m’abstiens de commenter, tant il est aisé de faire dire au Droit une chose et son contraire.  » N’oubliez jamais que tout ce qu’a fait Hitler en Allemagne était légal  » nous rappelle Martin Luther KING…
 Alors, la question du mandat étant ainsi évacuée,  à quelle nécessité répond la convocation du référendum du 20 mars? Au nom de quelle urgence et dans des délais si courts?  En y réfléchissant un peu, j’ai acquis la conviction qu’au fond, vos conseillers sont parvenus, par des manœuvres cousues de fil blanc, à vous proposer une porte de sortie du piège dans lequel vous vous étiez, vous-même, enfermé. L’obstination à tenir le référendum à tout prix étant l’écran de fumée, ce qui ne laisse personne dupe, et c’est cela qui est agaçant! 
Le sentiment le mieux partagé en effet, et  ce jusque dans des cercles qui vous ont fait confiance en 2012, c’est celui d’un malaise diffus, le goût amer que laisse la sensation de s’être fait rouler dans la farine. Qui plus est de manière si malhabile! Certains, et non des moindres, vous tournent le dos ou marquent leur désapprobation quant à la méthode. Vous ne semblez pas les entendre. D’autres rasent les murs et baissent le regard, honteux de devoir ravaler leurs pétitions de principe sur la  » gestion vertueuse et la bonne gouvernance » dont vous étiez sensé être le héraut. Il est vrai que la clameur rageuse des  » inconditionnels » est telle qu’il est difficile de s’entendre. On ne s’écoute même plus! Mais vous remarquerez, et nous aussi, que les hurleurs sont toujours les mêmes, les transhumants aussi… Ouvrez les yeux et regardez alentours…Ils changeront tous de bord un jour!
En attendant, nous disons NON! Monsieur le Président ! Non, pour vous rappeler aussi que:
– Depuis votre accession à la magistrature suprême de notre pays vous n’avez pas encore reçu officiellement  les responsables de l’opposition. Pour les informer des affaires de la Nation, pour les écouter. Même votre « Plan Sénégal émergent » dont les fruits sont espérés en 2035(!) aurait dû être partagé avec les partis politiques au cours d’un séminaire de mise à niveau pour recueillir des avis qui, même contraires, seraient enrichissants. A fortiori pour partager le contenu de la révision de la Constitution qui fixe les règles du jeu politique. Se parler,  c’est la moindre des choses dans une vraie Démocratie! 
– Vous avez, semble t-il, oublié dans quelles circonstances vous êtes parvenu à rassembler sur votre nom les espérances trahies du Peuple sénégalais en 2012. En 2012, vous étiez, tout simplement,  le moindre mal face à la déception et au tragique désamour entre le Peuple sénégalais et celui qu’il a aimé passionnément: Abdoulaye WADE. Si vous aviez pris la pleine mesure du désaveu cinglant qui l’a envoyé à la retraite, vous n’auriez pas écouté ceux qui vous ont conseillé de vous dédire. Vous auriez consacré votre premier mandat à réconcilier le Peuple sénégalais avec ses élites politiques en restaurant les valeurs dont le sens de la parole donnée est une illustration forte. Vous auriez pu ainsi, avec un peu de courage, signer un vrai contrat de confiance avec la Nation.
– Nous  dirons donc NON à défaut de pouvoir vous faire entendre raison. NON face à l’impossibilité de vous voir retrouver le bon sens en reportant, sine die,  le scrutin du 20 mars. Parce que rien ne presse! Parce que vous pourriez prendre le temps de l’écoute et saisir la moindre chance de renouer le dialogue avec l’opposition. Dialogue ne voulant pas dire entente mais écoute! Dialogue ne voulant dire ni duplicité ni tromperie. Le dialogue politique convoque l’Amour incompressible de la Patrie ( et non du parti) un sens élevé des responsabilités dont le Peuple souverain investi certains de ses enfants à travers des contrats à durée déterminée! 
 Il n’est pas trop tard pourtant. Mais après le 20 mars, les dés seront définitivement jetés! Même et surtout après la proclamation quasi certaine d’un OUI au goût de cendres… 
Le jeu en vaut-il la chandelle?  NON! NON et NON!
Amadou Tidiane WONE

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