Entre les profils controversés de certains de ses éléments, le départ avec fracas de l’intransigeante Nafi Ngom Keita, et son successeur qui s’évertue à ne pas « communiquer dans la presse », l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) opte pour des choix très discutables.
Le Coud dernier clash
En mai dernier, l’affaire avait fait grand bruit. Des surfacturations dans la confection de teeshirts pour accueillir le Président Sall à l’Université et d’autres indices de détournements estimés à 400 millions de F CFA par l’Ofnac ont été révélés par les services de Nafi Ngom Keita. S’ensuivirent une justification médiatisée du directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) Cheikh Omar Hanne et surtout de vives critiques sur les méthodes peu cavalières de la présidente de l’Ofnac. Après cette surexposition médiatique, les difficultés déjà pas négligeables se corsent pour la présidente Keita.
Le départ de Nafi Ngom Keita
Après des désaccords de plus en plus récurrents sur la déclaration de patrimoine des autorités (ministres et surtout le premier président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara), et une démarche jugée soliste de Nafi Ngom, le Président Sall la relève de ses fonctions. Signes de désaveu, quelque temps avant, elle avait été invitée à s’expliquer sur la location de l’immeuble de l’Ofnac. Par la suite, elle sera bloquée à l’aéroport pour un ordre de mission manquant. Les brimades se succèdent pour la présidente qui sera finalement limogée le 25 juillet 2016. Loin d’être défaite, elle introduit un recours à la Cour suprême, estimant que son mandat de deux ans doit prendre fin en mars 2017. « Cette expérience qui nous a menés au contact des populations et qui nous a valu leur confiance, me renforce dans ma certitude que le combat contre toutes les formes de délinquance économique et financière ne fait que commencer », a-t-elle déclaré lors de la passation de pouvoir avec son successeur Seynabou Ndiaye Diakhaté. Selon le démissionnaire de l’Office, Mody Niang, la présidente Nafi Ngom subissait de « très fortes pressions, puisqu’il arrivait que des rapports de l’Ofnac mettent en cause des amis du président de la République ou qui sont considérés comme tels », dénonçait-il dans une interview.
La nouvelle présidente elle, ne veut pas communiquer
Seynabou Ndiaye Diakhaté s’est voulue claire dès le départ sur ses règles du jeu. « Le travail va reposer sur les textes. La feuille de route est bien définie par ces textes qui régissent l’Ofnac pour scinder mon travail en deux, je dirais 80% de travail et 20% de communication », déclarait la nouvelle présidente de l’office au sortir de sa prestation de serment, le 11 août dernier, même si elle dit opter pour « une démarche participative et inclusive ». Sa posture est aux antipodes de celle de son prédécesseur, Nafi Ngom, dont les sorties médiatiques étaient très mal vues en haut lieu. Pour une institution qui combat la corruption et promeut la transparence. Résultats ? Personne ne sait vraiment quels sont les dossiers pendants qu’on s’évertue à cacher à l’opinion.