Un collectif d’ONG incluant One, Sherpa et Oxfam accuse le groupe français Areva de ne pas payer le juste prix des mines exploitées au Niger. Il aurait dû verser des dizaines de millions d’euros de plus à Niamey, d’après un rapport publié jeudi 13 avril 2017.
Des prix inégaux
Le spécialiste français du nucléaire tire du Niger un tiers de sa production d’uranium. Comparé au Niger, le Kazakhstan qui fournit plus d’uranium reçoit dix fois plus d’argent. En effet, cette analyse provient d’un examen (One, Sherpa et Oxfam), qui ont examiné les sommes versées aux pays en développement en 2015 par les entreprises extractives.
Une étude rendue possible car les géants du gaz, du pétrole et des mines doivent dorénavant révéler les paiements faits au profit de gouvernements étrangers, en vertu du droit européen. Une réelle avancée dans un secteur opaque, et sur lequel pèse bien des soupçons de corruption et de spoliation des ressources naturelles.
Tour de passe-passe financier
L’État nigérien et la société civile ont longtemps reproché au groupe français de ne pas payer le juste prix des mines exploitées à Arlit et Akouta.
Mais tout était censé changer en 2014, lors de la renégociation des contrats miniers. Areva ayant accepté de payer, une redevance sur leur exploitation pouvait aller jusqu’à 12 % au lieu de 5,5 %. Le rapport permet de savoir si le groupe français s’est montré plus généreux depuis lors. Raté.
Selon des sources, pour la seule mine d’Arlit – la cinquième plus grande au monde-, le groupe a versé cinq millions d’euros de redevance de moins en 2015 qu’en 2013… malgré ce que tout le monde avait analysé comme une hausse du taux appliqué.
Ce tour de passe-passe a été rendu possible car les mines d’Areva sont devenues beaucoup moins rentables après 2014. La faute à pas de chance ? Pas si sûr. La rentabilité de la mine a baissé car le prix qu’Areva paie pour acquérir l’uranium extrait auprès de la mine a également chuté.
Areva a obtenu, lors des négociations de 2014, de calculer ce prix pour qu’il reste le plus bas possible : celui des contrats d’uranium à court terme, dont la valeur est historiquement moins élevée que les autres à moyen et long termes.