Marie Gomis, 54 ans, était venue à Niary Tally pour préparer le ngalakh qu’elle devrait distribuer dans le quartier. Son vœu ne sera jamais exaucé. Elle et ses deux filles, Denis et Rosalie Gomis, sont toutes décédées asphyxiées par une fuite de gaz, dans la nuit du vendredi au samedi.
À la rue 3 de Niary Tally, les témoignages sont unanimes : Marie était une « dame exceptionnelle ».
Visiblement affectée, Maguette Touré, amie et voisine de la défunte, revient sur le film du drame, les larmes aux yeux : « Hier, on s’est vue, elle m’a dit qu’elle allait passer la nuit dans la chambre avec ses filles pour pouvoir commencer à préparer le ngalakh, tôt le matin. Je suis venue ce matin, vers 8h pour les voir. Mais, j’ai été surprise d’avoir remarqué que la chambre était encore fermée. J’ai ainsi alerté un menuisier pour qu’il défonce la apporte. La porte défoncée, je découvre que l’irréparable était déjà produit. Le gaz avait envahi la chambre. »
Selon notre interlocutrice, Marie avait déménagé à Castors vendredi 12 avril, mais elle voulait sacrifier à la tradition, c’est-à-dire partager son ngalakh avec le quartier où elle vivait pendant presque 20 ans.
« Plus de 700 seaux de ngalakh à distribuer »
« Je l’ai connue depuis plus de 15 ans, indique Maguette Touré. Elle vivait ici avec ses enfants. Nous partagions tous. Ses enfants et les miens se fréquentaient tous les jours. Même pour le ngalakh, on l’aidait à le préparer. Chaque année, elle préparait plus de 700 seaux qu’elle distribuait aux différentes familles du quartier. »
En plus, ajoute la dame, elle avait l’habitude de préparer du vermicelle pour les enfants du quartier. « Tout le monde pleure son décès. (Elle coupe). On ne peut pas dire toutes ses grandes qualités », murmure-t-elle.
« Elle payait la formation de ses deux filles, étudiantes »
Ses filles, Denis et Rosalie Mendy, toutes les deux étaient étudiantes dans des universités privées. Mais, c’est elle qui se chargeait de payer leur formation.
« Marie était très brave. Elle faisait le linge et tout ce qu’elle gagnait, elle le dépensait pour subvenir aux besoins de ses enfants », renseigne Marième Sané, une voisine.
Qui ajoute : « Son principal souci, c’était que ses enfants ne manquent de rien. Dailleurs, avec le peu qu’elle gagnait, elle payait la formation de Denis et de Rosalie qui sont étudiantes. »
Divorcée d’avec le père de ses enfants, la regrettée Marie Gomis n’a jamais baissé les bras face aux dures épreuves de la vie.
« A la voir, tu as l’impression qu’elle est riche, acquiesce Maïmouna, une autre habitante du quartier. Elle était joviale. Nous avons perdu une voisine exceptionnelle. Nous ne sommes pas de la même religion, mais, je peux dire que Marie était une bonne personne. »
Les trois corps sans vie ont été acheminés, vers 9h à l’hôpital Le Dantec, par les éléments de la brigade des sapeurs-pompiers pour les besoins d’une autopsie. La police, qui a déjà fait le constat, a également ouvert une enquête.