Ngoné Ndour directrice de prince arts : «Je considère les enfants de Sen Petit Gallé comme les miens. Je tiens plus que tout à leur éducation»
L’OBS – C’est avec son jeune frère, Ibrahima Ndour, qu’elle dirige le label de production Prince Arts. Lorsqu’ensemble ils se lançaient dans l’organisation du Petit bal il y a 10 ans, Ngoné Ndour avait en tête de combler un gap et de réparer une injustice envers les enfants. Les grands avaient leur «Grand bal», pourquoi pas un «Petit bal» pour les plus petits. Aujourd’hui, le projet a grandi et est devenu incontournable. Il a également donné naissance à d’autres événements comme Sen Petit Gallé, qui a consacré cette année Mame Diarra. «Tata Ngoné» nous en parle…
Le petit bal 2016 a vécu et a tenu toutes ses promesses. D’aucuns ont trouvé que cette édition était de loin la meilleure. Comment l’avez-vous vécu en tant qu’organisatrice ?
Je l’ai vécu avec énormément de pression et d’émotion. Mine de rien, le Petit bal a bouclé cette année ses 10 ans et ce n’est pas rien. C’est d’ailleurs ce qui nous a motivé à mettre les bouchées doubles, histoire de sublimer l’événement. De ce fait, aucun effort n’a été ménagé dans l’organisation du spectacle et ce, dans tous les domaines : de la décoration aux aspects techniques, rien n’a été laissé en rade. Le parrain, Youssou Ndour, est même revenu sur la scène après quelques années d’absence, pour chanter et faire plaisir aux enfants. Toutefois, le clou du spectacle aura sans doute été la prestation des 5 finalistes de Sen Petit Gallé. Les enfants sont venus en masse, ainsi que leurs parents. Ils ont pris plaisir et ont eu droit à un spectacle de qualité. Au fil des années, le Petit bal est devenu un rendez-vous incontournable et qui continue de faire son chemin.
Quel bilan tirez-vous des 10 ans du Petit bal ?
C’est un bilan assez satisfaisant, même si cela n’a pas été de tout repos. Le projet est né spontanément car nous avions remarqué qu’il n’y avait pas d’événements dédiés aux enfants au Sénégal. C’est de là que sont partis Sen Petit Gallé, Sen Petit Génie, Mini Boss. Nous avons été inspirés par le Grand bal de Youssou Ndour et nous nous sommes dit que les plus petits avaient aussi droit à leur bal. Au final, nous nous sommes rendu compte que les Sénégalais l’ont adopté. D’année en année, il ne cesse de grandir.
«Le petit bal coûte entre 30 et 40 millions»
Un événement de cette dimension a certainement un coût…
Effectivement ! Pour cette année, nous avons investi un terrain vierge et nous avons mis en place toute une logistique pour donner à l’événement un cachet de haute facture. Forcément, on a casqué fort. C’est un investissement qui tourne autour de 30 à 40 millions ; sans l’appui des partenaires, ce n’est pas possible. Au delà des entrées, il y a des cadeaux que l’on offre aux enfants. Le volet sécuritaire est également très important à nos yeux, puisqu’il s’agit d’enfants.
Les sponsors suivent-ils ?
Comme j’ai l’habitude de le dire, les grandes entreprises sénégalaises qui font des chiffres d’affaires et qui font des produits consommés par les Sénégalais, doivent s’impliquer davantage dans ces genres d’événements. Ils doivent soutenir la Culture de manière générale. Les sociétés de téléphonie utilisent la Culture pour développer leur business, donc c’est normal qu’en retour, elles injectent une partie de leurs bénéfices là-dedans. A travers leurs services à valeur ajoutée, ils usent de la culture, qui leur rapporte beaucoup. Maintenant nous à notre niveau, nous essayons au maximum de contenter le public et de tirer notre épingle du jeu. J’avoue quand même que c’est très compliqué. Il faut payer des taxes à la perception municipale, à la SODAV, en plus de la TVA et des charges naturelles, puisque nous sommes une entreprise formelle. En plus de cela, nous offrons beaucoup de tickets au village d’enfants SOS, à l’empire des enfants, sans compter le quota attribué aux partenaires. Ce qui est encore plus difficile, c’est l’énergie que nous fournissons. Heureusement qu’on peut se targuer de redonner le sourire aux nombreuses familles d’où sont issus les candidats de Sen Petit Gallé. Grâce à ce concours, les enfants gagnent des dons en nature ou en espèces et en font bénéficier leurs parents qui n’ont pas beaucoup de moyens. Nous avons également la chance d’être assez diversifié dans l’organisation d’événements. Si on investit à perte dans le Petit bal, nous pouvons nous rattraper ailleurs. C’est un jeu de dames. Qui plus est, c’est un investissement à long terme car, les retombées de ce projet peuvent porter leurs fruits dans le futur.
Maître Gims, un rappeur étranger, a bénéficié d’un cachet de 73 millions pour assurer un show le 25 décembre, jour du Petit bal…
On n’y peut rien si les Sénégalais préfèrent les artistes qui cartonnent à l’étranger. Il y a eu beaucoup de critiques, notamment de la part de rappeurs. Alors que nous peinons à trouver des sponsors pour nos activités. Il y a des entreprises qui gagnent des milliards sur le dos des Sénégalais et utilisent les œuvres des artistes pour se faire de l’argent, sans rien leur donner en retour. Quand ils organisent des manifestations, ils prennent des artistes à l’étranger. Je ne suis pas contre leur venue au Sénégal, mais ces entreprises doivent soutenir les artistes locaux.
D’autres organisations ont été créées parallèlement au Petit bal, même si les concepts diffèrent. Qu’en dites-vous ?
Cela prouve tout simplement que le Petit bal a du succès. Si certains vont jusqu’à nous copier, c’est parce que d’une part ils y trouvent un intérêt. Cela ne me dérange aucunement. En revanche, une chose est certaine, les parents ont intégré le Petit bal dans leur agenda et aucun autre événement ne peut le déstabiliser. C’est le seul événement où des personnalités se déplacent avec leurs enfants. Parfois, on voit des grands-parents qui y assistent avec leurs petits-enfants…
«Youssou Ndour a offert le spectacle aux enfants»
Que gagne le vainqueur de Sen petit Gallé 2016 ?
La gagnante a remporté la somme de 5 millions de FCfa, ainsi que beaucoup de lots : téléphones, tablettes, billets d’avion. Les perdants ont eu chacun un million de FCfa et les mêmes lots que la gagnante. Le plus important est que tout s’est bien passé. J’en profite pour remercier mon personnel, le groupe GFM, qui a soutenu l’événement depuis le départ. Je remercie également le parrain, qui est venu offrir un spectacle aux enfants, ainsi que tous les artistes qui sont venus nous soutenir sans demander de l’argent. Que ce soit Pape Diouf, Carlou D, Viviane, Pape Birahim, tout le monde. Boubacar Diallo et Ndèye Ndack, n’ont ménagé aucun effort. Je les remercie aussi. Je n’oublie pas mes partenaires que sont Tigo, Patissen et les autres.
Pour autant, vous ne faites pas l’unanimité et certains trouvent à redire. Bénéficiez-vous de la confiance des parents des candidats ?
Les parents des candidats me considèrent comme la mère de leurs enfants. C’est cette relation d’ailleurs que j’entretiens avec les candidats. Cela dépasse le cadre de «Sen Petit Gallé». Cela veut dire que les parents me font confiance. Je suis leur mère. Ils me demandent de les suppléer auprès des enfants. Je tiens plus que tout à l’éducation de ces enfants. Je les considère comme mes propres enfants. D’ailleurs, chacun d’entre eux promet de m’emmener à La Mecque (rires). Des enfants viennent me dire qu’ils m’aiment plus que leur maman. Ils me témoignent leur affection. Les enfants m’appellent tous «Tata Ngoné». Ils me font des cadeaux. Rien ne vaut ce plaisir de recevoir autant d’affection. Pour moi, c’est le plus important car c’est ce qui va durer dans le temps. Tout ça, c’est la volonté divine. Ça ne dépend pas de moi. L’argent ne peut pas tout acheter. C’est un projet qui me tient à cœur. «Sen Petit Gallé» m’a beaucoup aidée dans ma vie. J’ai beaucoup appris, surtout à m’ouvrir aux autres…
PAR MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU