Dénonciation du plafonnement de l’endettement (actuellement fixé à 70 % du PIB pour les pays membres de l’UEMOA) et exigence d’une réforme urgente des règles, notamment celles de l’OCDE sur les conditions d’octroi des crédits à l’exportation. Tels sont les points forts du plaidoyer du président de la République à Paris, dans le cadre du Sommet sur le financement des économies africaines, renseigne « Le Témoin ».
Dans la capitale française où il participait hier au Sommet de Paris sur les financements des économies africaines, le Président Macky Sall a appelé à une réforme de la gouvernance économique et financière mondiale, pour permettre aux économies africaines d’accéder aux marchés de capitaux à des coûts soutenables et selon des maturités adaptées aux actifs à financer.
Le président de la République a appelé à un nouvel état d’esprit de partenariat, orienté vers trois niveaux de nouveaux paradigmes pour un « New Deal », à défaut d’un Plan Marshall pour l’Afrique.
Macky Sall, s’adressant à son « Cher Emmanuel », a haussé la voix pour dénoncer la gouvernance économique et financière mondiale qui ne profite pas aux pays pauvres. « Le contexte de la pandémie COVID-19 rend encore plus pertinente la tenue de ce Sommet. Pour la première fois depuis plus de 20 ans, l’Afrique, qui affichait jusque-là des taux de croissance supérieurs à la moyenne mondiale, est en récession, à l’exception de quelques rares pays.
Face à ce choc sans précédent, des partenaires bilatéraux et multilatéraux, notamment la Team Europe, le FMI, la Banque Mondiale, le G20 et la Banque Africaine de Développement, se sont mobilisés pour soutenir nos efforts de résilience, aussi bien par l’initiative de suspension du service de la dette que par la mise à disposition de liquidités. Il faut reconnaître et saluer ces efforts qui seront confortés par l’allocation prochaine de nouveaux DTS à hauteur de 650 milliards de dollars $US, dont 33 milliards destinés à l’Afrique. Mais face à l’impact profond de la crise, ces mesures restent insuffisantes. A titre d’exemple, rien que pour les pays africains à faible revenu, le FMI estime le besoin de financement additionnel entre
135 et 205 milliards de dollars d’ici à 2025.
Je lance un appel aux pays du G20, qui recevront plus de 2/3 des nouvelles allocations de DTS, afin qu’ils réallouent leurs quotas en appui aux efforts de relance des pays africains, sous forme de dons, de prêts concessionnels et semi-concessionnels à longue maturité. Par souci d’efficacité et de diligence, nous souhaitons que les réallocations se fassent via des institutions internationales et africaines appropriées », a indiqué le président de la République.
Mais au-delà des solutions conjoncturelles, a-t-il ajouté, « l’Afrique a surtout besoin d’une réforme de la gouvernance économique et financière mondiale, avec des mécanismes innovants, nous permettant d’accéder aux marchés de capitaux à des coûts soutenables et selon des maturités adaptées aux actifs à financer.
C’est une nécessité vitale pour nos économies. Autrement, tous les efforts d’émergence resteront vains. Nous sommes à l’étape du processus de développement où, à l’image d’un avion prêt à décoller, qui met pleins gaz, nous devons mobiliser toutes les ressources disponibles pour amorcer l’émergence ».
Partout en Afrique, selon le Président Macky Sall, les besoins sont nombreux et urgents, et les Etats doivent encore beaucoup faire, surtout en matière d’infrastructures de base, exploitables sur le long terme, et qui demandent des financements lourds. S’y ajoutent les dépenses incompressibles en matière de sécurité et d’adaptation au changement climatique, « parce qu’il faut faire face au péril pressant du terrorisme, mais également prendre en charge la transition énergétique, pour ne pas emprunter les mêmes schémas pollueurs que les pays industrialisés, conformément à l’Accord de Paris sur le climat ».