L’OBS – Les magistrats de la Chambre criminelle de Kaolack se sont penchés sur une affaire d’infanticide. Ndeye Absa Keindé qui avait étouffé son nouveau-né à l’aide d’un pagne tissé, a écopé de 6 mois ferme.
Ndeye Absa Keindé a fait face à ses vieux démons. Ceux-là qui la hantent depuis le fatidique jour où son nouveau-né est mort entre ses bras. Vêtue d’un grand boubou blanc, foulard autour de la tête, la voix tremblante, elle a replongé dans les circonstances du décès de son bébé. Âgée de plus de 40 ans au moment des faits, elle contracte une grossesse hors mariage, alors qu’elle a des enfants en âge de procréer. Une situation honteuse qui l’oblige à cacher son état à ses enfants, mais aussi à ses parents. 9 mois durant, elle supporte sa douleur, sans l’aide de personne. Mère de 4 grands enfants, Absa est dans une tourmente inextricable. Son frère qui a écho de son état, était contraint, face à sa menace de se suicider, de n’en piper mot. Au terme de sa grossesse, Absa donne naissance à un nouveau-né à Diourbel, un bébé plus qu’encombrant. Elle dit à son frère qu’elle se rendait à Tamba. Cependant, à la matrone, elle confie se rendre à Fatick, pour fuir le jugement de la rue publique. On est le 8 septembre de l’année 2005, Absa Keindé quitte Diourbel, son nouveau-né dans les bras, en route pour Kaolack. Une fois dans la ville de Mbossé Coumba Djiguène, elle prend un véhicule en partance pour Tamba. Pas une seule fois, elle n’a allaité le bébé. Arrivée à hauteur de Mbirkilane, elle constate que l’enfant ne donnait plus signe de vie. Elle se rend auprès d’un certain Camara à Mbirkilane pour enterrer son bébé. Ce dernier, en homme averti, décide d’informer les autorités sanitaires pour l’obtention d’un certificat de genre de mort et d’un permis d’inhumer. L’infirmier-chef de poste refuse d’apposer sa signature, après avoir constaté des bleus sur le visage du défunt bébé. Mieux, il alerte la gendarmerie. Arrêtée et entendue, Absa reconnaît avoir couvert le nouveau-né d’un pagne, mais réfute toute intention de lui ôter la vie.
Devant la barre, elle indique avoir des enfants et qu’elle ne voulait pas qu’ils soient au courant de son acte. Mieux, elle précise avoir couvert l’enfant d’un léger tissu et non d’un pagne tissé. Des dénégations qui n’ont pas convaincu l’Avocat général, selon qui, l’intention infanticide est constante. Se voulant plus clair, il dira que l’accusée n’a jamais effectué de visites prénatales, alors qu’elle est maman de 4 enfants. Elle a caché sa grossesse à tout son entourage et menacé de suicider, si son frère, au courant de son état, en parlait. Pis, poursuivra l’avocat, que dire de son long voyage pour brouiller des pistes sur l’acte qu’elle préparait ? Concluant son argumentaire sur le certificat de genre de mort qui stipule que le nouveau-né a été asphyxié, il a requis 5 ans de travaux forcés. Une réquisition que la défense assurée par Me Ibrahima Bèye juge infondée. Selon lui, rien ne prouve que l’asphyxie fût volontaire ou accidentelle. La Chambre, dans son délibéré, a condamné l’accusée à 6 mois ferme. Une peine déjà purgée.