La motion de censure déposée par le groupe parlementaire Yewwi askan wi contre le gouvernement de Amadou Bâ n’a pas été adoptée, faute d’une majorité des voix requises (83). A l’issue du vote tenu, hier, à l’Assemblée nationale, seuls 55 députés se sont exprimés en faveur de ce projet de destitution ficelé par Birame Soulèye Diop et Cie, sans la bénédiction politique de leurs alliés de Wallu. Emedia.sn
Amadou Ba va finalement se maintenir confortablement à la tête de la primature. La tentative de renversement de son gouvernement, au lendemain de sa Déclaration de politique générale, s’est heurtée aux frictions politiques qui minent l’opposition parlementaire. Parmi les 165 sièges que compte l’Assemblée nationale, Yewwi qui en totalise 53, n’a pu faire adhérer à sa cause que 2 élus, pour n’obtenir que 55 voix au terme du vote.
Dans les détails, « Bés bi » a appris que c’est 85 non (Benno), 55 oui (Yewwi) et le reste, 25 abstentions. Au total, c’est 110 voix contre. Ce qui voudrait dire que des élus de l’opposition se sont… opposés à Yewwi. Loin de la majorité requise pour l’adoption de la motion de censure devant sceller le sort du Premier ministre. Seule Mimi Touré, de la liste des non-inscrits et un autre sont venus au secours par leurs bulletins en faveur de la motion de censure.
Quant au renfort que Birame Soulèye Diop et ses camarades espéraient de leurs alliés aux dernières Législatives, ils n’en ont récolté que critiques et abstentions. De son côté, Birame Soulèye Diop, président du groupe parlementaire Yewwi askan wi, s’est efforcé de convaincre de la pertinence de sa motion de censure. Il passe ainsi en revue les cas des « prisonniers politiques », « les contraintes » exercées sur « les hommes politiques », « l’amnistie forcée de Karim Wade et de Khalifa Sall »… Ce, sans toutefois arriver à faire rallier les députés issus des rangs de la coalition Wallu.
L’autre fait marquant de l’examen de la motion de censure, est à ranger dans la pertinence des interventions avant le passage à l’étape du vote. D’habitude très en avance sur ce domaine depuis l’installation de la 14e législature, Birame Soulèye Diop et son groupe se sont vus, cette fois-ci, bousculés sur le terrain des idées. Patron du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, Oumar Youm a déployé son armada d’arguments, allant jusqu’à pousser Birame Soulèye Diop, à quitter la salle.
Cette motion de censure, qualifie-t-il, est une offense grave contre les pères fondateurs de la République qui, depuis 1963, ont fait le choix d’un régime présidentiel confirmé en 2001 par le président Abdoulaye Wade, inspirateur de la Constitution actuellement en vigueur.
Couple Yaw-Wallu, vers l’implosion
De leurs désaccords notés le long du marathon budgétaire, le couple Yaw-Wallu, allié en inter-coalition aux dernières élections législatives, a signé le début de sa fin. Entre piques, critiques et répliques, les deux groupes parlementaires se sont donnés en spectacle au sein de l’hémicycle. A l’origine de la brouille, le refus manifeste de certains députés du groupe Liberté, démocratie et changement de suivre la voie du renversement du Premier ministre prônée par leurs camarades.
« Aux députés de la coalition Wallu, je demande de ne pas oublier nos promesses de campagne. Nous disions ensemble qu’une fois à l’Assemblée, nous ne serons là que pour défendre l’intérêt des populations. Cette motion de censure, on doit la voter ! », a dit Ismaïla Diallo, député Yewwi de Koungheul.
Mais la goutte de trop, selon ses collègues de Wallu, c’est cette phrase : « Macky Sall et Abdoulaye Wade doivent tous des comptes au peuple sénégalais ». N’arrivant pas à retenir sa colère, la députée Mame Diarra Fam de sortir de ses gonds avec des mots crus.
« Il faut respecter Abdoulaye Wade ! Il n’est pas ton égal. C’est ça le problème. Il peut être ton père. Et moi, ta mère », a-t-elle vociféré, plongeant l’hémicycle dans un désordre indescriptible. Ironie du sort, il a fallu l’intercession des députés de la mouvance présidentielle pour retenir la députée.