Mor Talla Sow Alias « Per Bou Khar »: « J’étais un grand vendeur de kéthiakhe et de yeete »

 Mor Talla SOW, alias»Per bou Khar», s’est confié, sans détours, à votre quotidien préféré. Son passé, ses débuts en comédie, ses productions à la TFM et sa relation avec Youssou Ndour, «Per bou Khar» dit tout. Comédien-humoriste hors pair, il promet au public de nouvelles évasions en rire. Entretien !

D’un abord facile malgré son statut de nouvelle star de la scène théâtrale, Mor Talla SOW, alias»Per bou Khar», s’est confié, sans détours, à votre quotidien préféré. Son passé, ses débuts en comédie, ses productions à la TFM et sa relation avec Youssou Ndour, «Per bou Khar» dit tout. Comédien-humoriste hors pair, il promet au public de nouvelles évasions en rire. Entretien !

Qui est «Per bou khar?»

Mon vrai nom est Mor Talla SOW, mais je suis plus connu sous le pseudonyme de»Per bou khar» au Sénégal, c’est mon nom d’artiste.

Pourquoi on vous appelle «Per bou khar?»

«Per bou khar», c’était le nom d’un célèbre vieux griot qui habitait à Ngoumba Guéoul, dans le département de Kébémer. Il faisait du «taassou». C’est lui qui chantait «per bou khar yawa», c’est d’ailleurs les paroles de ce «tassou» que j’ai reprises dans mes sketches «brigadier» qui passent à la télé. Et puisque je connaissais par cœur cette chanson, je m’amusais à la répéter et cela plaisait aux gens. Mais la première personne à m’appeler «Per bou khar», c’est DJ Alba, un animateur dans une boite de nuit à kébémer où je chantais toujours «Per bou khar yawa». Un jour, puisqu’il ne connaissait pas mon vrai nom et que je devais me produire, il m’a annoncé sous le nom de «Per bou Khar» de la troupe théâtrale «Guew bi» et ce nom m’a suivi depuis. Alors, j’ai compris que c’est original comme nom d’artiste et je l’ai collé à ma personne en tant que comédien. Celui à qui j’ai emprunté le nom de «per bou khar», on ne l’appelait même pas ainsi, il était d’ailleurs le père d’un ami avec qui j’animais des émissions à la radio Dunya de Kébémer, à la RTS de Louga et à Océan FM.

Donc vous êtes passé dans plusieurs stations radios avant de vous révéler au grand public ?

Ah oui ! Rien qu’à la RTS de Louga, j’ai travaillé au moins pendant 6ans. J’y animais une émission qui s’appelait «khakhataye show» avec les artistes de ma troupe théâtrale, à la station Radio Dunya Kébémer où j’ai fait 3ans. C’est par la suite que j’ai quitté pour travailler à Océan FM, j’animais une émission humoristique avec Mamadou Ndoye BANE. Les gens ne connaissent peut-être pas cet aspect de mon parcours, mais «Per bou khar» est plus fort en radio. C’est par ce médium que mes talents de comédien apparaissent mieux qu’à la télé.

Depuis quand avez-vous commencé à faire de la comédie ?

Oh, (Il coupe pour réfléchir), cela doit faire quinze ans. Je peux même vous dire que si je n’ai pas percé dans plusieurs métiers que j’ai pratiqué, c’est à cause du théâtre. Je dirigeais une troupe à Ngoumba Guéoul d’où je suis originaire, qui s’appelait «Djoubo», composée des artistes avec qui je joue actuellement dans mes sketches. On faisait aussi du ballet. Si je vous montrais mes talents de danseur et de chateur de ballet, vous serais surpris.

Donc vous avez pratiqué beaucoup de métiers avant d’opter pour la comédie ?

J’étais un couturier très connu même, à Kébémer. Si je voulais, tout de suite je pourrais ouvrir mon atelier de couture. Je sais surtout faire les boubous avec le «Damina» gros fil ou cornière. J’ai fait de la menuiserie. J’étais aussi un grand vendeur de kéthiakhe (poisson fumé) et de yeet ( cymbium ) que je chargeais dans ma voiture Peugeot. J’ai été aussi un grand marchand ambulant qui parcourait tous les villages voisins entre Kébémer et Touba. J’ai touché presque à tout comme métier. Mais c’est à cause de la comédie que je n’ai pas pu continuer ces activités. Au temps où j’étais couturier et menuiser, il m’arrivait très souvent d’arrêter le travail pour une prestation théâtrale et quand je revenais, mes patrons me criaient dessus et, au finish, j’ai senti que je me plaisais plus dans la comédie. Alors je me suis concentré à cela.

Mais depuis quand les Sénégalais vous ont découvert ?

Franchement, c’est au «Festival du rire» de Kaolack que les Sénégalais m’ont remarqué, il y a de cela 3ans. C’était quand j’ai joué pour la première fois le sketch «Brigadier Per bou khar». On l’a passé à la télé. Je pense que ce festival était un coup de chance pour moi. Le parrain de ce festival, c’était Youssou Ndour. Il avait envoyé Maître Diop qui était à l’époque le directeur du groupe Futurs Médias. Après ma prestation, il s’est rapproché de moi et m’a recontacté plus tard. On a discuté et c’est à partir de là que j’ai commencé à me produire à la Télévision Futurs Médias. J’ai commencé à tourner la célèbre série théâtrale «brigadier Per Bou Khar» qui passait à la TFM, et les Sénégalais l’ont bien apprécié. C’est de là qu’est parti tout mon succès.

Vous incarnez le personnage d’un brigadier «corrompu» avec un déguisement assez spécial dans vos prestations, pourquoi ce personnage ?

J’ai voulu innover en me collant à un personnage qu’on n’a pas beaucoup vu sur la scène théâtrale. Et puis, il faillait que nos productions aillent au-delà du Sénégal car si au niveau des chaines de télévision au Sénégal, on passe des séries théâtrales ivoiriennes et autres, pourquoi pas alors pousser les chaînes étrangères à s’intéresser à ce nous faisons. C’est ainsi que je me suis dit qu’il faut que je me colle à un personnage universel. Et j’ai pensé au policier. Par rapport au déguisement, en réalité, c’est l’image du policier autant que celle des anciens combattants. C’est une photo d’un marabout que j’ai vue qui m’a inspirée. Sur cette photo, il y avait des policiers derrière lui, avec une tenue bien particulière (culotte kaki avec un casque), différente de celle des policiers actuellement. Impressionné par cette tenue, j’ai alors décidé d’adopter ce déguisement. Le casque et les chaussures que je porte en tant que brigadier date de 1945. Ils appartenaient à un ancien combattant, aujourd’hui décédé, qui vivait à «Ngoumba Guéoul».

Mais est-ce que les policiers, surtout de la circulation, ne vous ont pas fait de remarques dans ce personnage que vous incarnez ?

Non, non ! A vrai dire, je n’ai jamais eu de problèmes avec un policier. Au contraire, quelques fois, quand je rencontre certains dans la circulation ou ailleurs, ils m’encouragent et me félicitent, parce qu’ils comprennent que c’est de la comédie. Ils savent qu’avec ce personnage que j’incarne, les gens font plus attention à eux parce qu’au Sénégal, on ne considère pas bien les policiers de la circulation.

Mais vous incarnez surtout le personnage d’un policier de la circulation corrompu, est c’est une pratique que vous dénoncez ?

Non (avec un brin de rire), c’est juste de la comédie. Peut-être qu’il y a des policiers de la circulation qui sont corrompus et qui soutirent de l’argent aux automobilistes. Mais moi, si je joue ce rôle, c’est juste pour faire rire le public. En réalité, le personnage «Brigadier Per bou khar» est quelqu’un qui tente, par tous les moyens, de soutirer de l’argent aux gens. Même si on me renvoie de la brigade pour une faute commise, je vais, par exemple, au marché, pour demander aux commerçants de me payer les taxes. «Per bou khar», c’est donc le brigadier corrompu.

Actuellement, vous assurez des productions à la TFM. Vous faites des publicités et des prestations dans plusieurs événements. Il parait que vous êtes devenu millionnaire ?

(Il étouffe de rire). Moi, millionnaire, non ! Mais je rends grâce à Dieu, je ne me plains pas. Dans ma philosophie, si je gagne, ne serait-ce que de quoi assurer la dépense quotidienne, c’est suffisant pour moi.

Il se dit que vous êtes actuellement le comédien qui gagne les plus gros cachets?

Non, je refuse catégoriquement cette thèse. Il y a beaucoup de comédiens qui gagnent beaucoup d’argent dans ce milieu, avec beaucoup de comptes bancaires, mais ils se cachent.

Mais vous aussi avez un compte bancaire avec beaucoup d’argent ?

Bien sûr, j’ai même plus d’un compte bancaire. C’est indispensable. Mais je ne gagne pas des millions comme on le pense. Les prestations que je fais dans certaines manifestations, c’est surtout en faveur des enfants (…) Moi, je mets en avant mes talents d’artistes avant l’argent qu’on me paye. La comédie, c’est dans mon sang. J’aime l’Art et la Culture et je me dis toujours que même si je n’y gagne pas beaucoup d’argent, la joie et les prières du public me suffisent.

Comment «Per bou Khar» qui est tellement bavard arrive à parler comme une pie?

Ah ça, c’est un don de Dieu. Vous avez remarqué que je ne parle pas ainsi naturellement. C’est quand je suis sur scène que j’adopte cette façon de parler avec cette voix bien particulière. Il suffit que j’ouvre gros mes yeux et c’est parti ! Je parle comme un perroquet sur scène, les mots coulent de source. C’est une inspiration qui me vient comme ça.

Mais je vous dis que le meilleur de «Per bou Khar» reste à venir. Vous n’avez encore rien vu, mes vrais talents de comédiens, je ne les ai pas encore montrés et vous allez voir.

Donc le meilleur de Per bou Khar reste à venir ?

Ah oui ! Les sketches «Brigadier», c’est juste pour aiguiser l’appétit du public, mais le meilleur sera bientôt servi aux Sénégalais. Actuellement, je suis brigadier, mais «le commissaire» a dit que je risque d’être affecté à la douane. Pour moi, le comédien doit toujours donner le meilleur de lui, être créatif chaque fois dans ses productions. Des fois, je visionne sur le net les films de grands artistes comédiens qu’on ne voit plus comme Louis de FUNES, un comédien-humoriste qui m’inspire beaucoup. Il fait partie de mes idoles, tout comme le célèbre artiste sénégalais Babou FAYE qui est décédé (…)

Per bou khar a acquis un succès incontestable, il parait que les filles vous courent après ?

Ah moi, voila au moins 9 ans que je me suis marié, à moins que vous ne me parliez d’une deuxième ou d’une troisième femme.

Donc vous pensez prendre une autre épouse ?

(Il éclate de rires). Pour le moment, je suis plongé dans mes projets, mais la religion nous autorise à avoir jusqu’à quatre épouses ! En tout cas que ce soit une, deux ou trois femmes, l’essentiel c’est d’épouser selon ses moyens.

Quelles sont vos relations avec les hommes politiques ?

Moi je ne soutiens aucun homme politique, je ne veux même pas me mêler à la politique, bien que j’aie des amis parmi eux. Sauf s’ils me payent pour des prestations.

Même pas pour soutenir Youssou Ndour ?

Ah non, Youssou lui, il est tout pour moi. Il est mon ami, il est mon ministre, il est mon père et même mon conseiller.

 

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