Mor Talla Fall, en Afrique du Sud : « Aucun sénégalais n’a été blessé, mais nous dénonçons les vols dont nous sommes victimes de la part des policiers…

Interprète assermenté dans l’administration Sud-africaine, notamment dans le département de la Justice, Mor Talla Fall est également au sein de la communauté sénégalaise en Afrique du Sud, le porte-parole.Dans cet entretien, il revient sur les violences qui ont émaillé ce pays. Il a regretté les cas de vols répétés dont sont victimes les sénégalais et commis par…les policiers eux mêmes. D’ailleurs, indique t-il, la communauté devrait organiser une marche dans ce sens. Il a aussi laissé savoir qu’aucun sénégalais n’a été tué ou blessé dans ces violences xénophobes.

Selon vous, quelles sont les causes de la montée de la xénophobie ?

On est tous conscient qu’avec l’apartheid les sud-africains ont une histoire de violence. Mais pour cette affaire précisément et ses causes indirectes, il faut remonter à la veille de l’élection résidentielle remportée par le Président Cyril Ramaphosa. Ce dernier avait dans des propos déplacés, indiqué à l’endroit des étrangers qu’il ne fallait pas qu’ils se leurrent et que ceux d’entre eux qui tenaient des commerces sans détenir de documents officiels devront en répondre devant la Justice. À cela s’est ajoutée une colère du groupe des syndicats des gros porteurs qui reprochent aux étrangers de s’accaparer du travail avec des salaires de misère à leur détriment. Vous savez aussi que par rapport à la régression économique mondiale, le chômage a augmenté de 29% dans la population Sud-africaine. Et 50% des jeunes dans ce pays ne travaillent pas. Enfin, il y a eu un problème au niveau de la « Jeppe street » où des policiers et des Éthiopiens en sont venus aux mains à la suite de malentendus. Les Éthiopiens ont manifesté et balancé des cailloux sur les forces de l’ordre. Ce que les Sud-africains ont pris très mal, s’y ajoutent les cas de meurtre d’un vieux sud-africain par des jeunes drogués Tanzaniens à « Bay Richard », et d’un chauffeur de taxi appelé « combi » par un Nigérian. Les Sud-africains se sont donc soulevés et les voleurs et autres vagabonds en ont profité pour voler et tuer des gens.

Quel est le nombre de sénégalais sur place. Il y a-t-il eu des blessés parmi eux, ou des victimes de pillage ?

Dieu merci la communauté sénégalaise a été épargnée. On n’a recensé aucun cas de violence. Nous dénonçons seulement les vols dont sont victimes de braves sénégalais. Je vous expliquais plus haut l’altercation entre les policiers et les Éthiopiens à la « Jeppe street ». Un de nos compatriotes a malheureusement fait les frais de cette intifada. Les policiers l’ont délesté de ses 1600 dollars en sus de 900.000 francs CFA. Sa boutique de produits de marque a été aussi vandalisée. Il a subi plus de 2 millions de rand de pertes (prés de 90 millions de FCFA). Nous sommes une communauté respectueuse des règles du pays d’accueil, c’est donc pour cela que nous n’avons de problèmes avec personne. Mais nous sommes souvent victimes de vol de la part des policiers, qui ensuite nous accusent de trafic de drogue pour s’en sortir. Trois de nos compatriotes en ont été victimes lors de ces affrontements, l’un d’eux a perdu 14.000 rand, l’autre 70.000 et le troisième 250.000. Et ce qui est bizarre c’est que les policiers les accusent de trafic de drogue, mais aucun des sénégalais n’a passé la nuit au poste de police. Ce qui est bizarre. J’ai eu à m’entretenir de cela avec les autorités et le Colonel de la Police pour régler ces cas. Pour revenir aux violences, l’ASAS (association des sénégalais résidents en Afrique du Sud) nous faisions un contrôle journalier via WhatsApp pour nous assurer que tout le monde allait bien. Les instructions que nous avions partagées aussi ont été bien respectées. Mais je puis vous assurer que les activités sont revenues à la normale. La police est au niveau des rues et procède à des contrôles d’identité

Les autorités de l’Ambassade les avez-vous senties à vos côtés ?

Oui, quand même nous n’avons pas à nous plaindre. Nous sommes assez bien organisés et la demande sociale s’est accrue au niveau de l’Ambassade. Mais nous leur demandons dans l’avenir de ne pas attendre que les choses se gâtent pour se rapprocher de nous. Toutefois, depuis le début des évènements, ils nous contactent par téléphone pour voir si nous allons bien. Je rappelle que cette communauté est forte de plus de 5000 membres répartis dans les 9 provinces que compte le pays.

La communauté sénégalaise est-elle bien intégrée en Afrique du Sud ?

Très bien par la grâce de Dieu! Il y a même des sénégalais qui ont des femmes Sud-africaines. Nous avons aussi des représentants qui négocient pour nous à la Douane, ou encore à l’aéroport avec la compagnie South Africa Airlines pour des avantages. Nous sommes bien à notre place et aucun sénégalais ne ternit l’image du pays ici. Mais je vous informe que nous prévoyons quand même une marche pour nous offusquer du comportement de certains policiers. Ils nous volent et nous accusent de trafic de drogue. Il faut que cela cesse. La date n’a pas été retenue mais nous avons espoir qu’elle se tiendra…

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