Entre la déclaration du candidat sortant à la Présidentielle de 2019, Macky Sall, et la réalité sur le Plan décennal de gestion des inondations, il y a un monde. C’est la conviction de Momar Diongue, invité de l’émission «Objection» de ce dimanche, qui parle de «mensonge d’Etat» et fustige par la même occasion «le pilotage à vue» et «l’absence de suivi évaluation» qui ont plombé ce projet.
«Macky Sall a eu l’intelligence de lancer un Plan décennal en 2012. Un programme triphasé : une phase d’urgence 2012-2013 qui devait coûter 69 milliards, une phase à court et moyen terme (2014-2017) qui devait coûter 339 milliards et une phase à long terme (2017-2022) qui devait coûter 336 milliards, soit 767 milliards au total», précise-t-il d’emblée.
Mais, critique le journaliste, «le président n’a pas eu le triomphe modeste». «En 2019, tout le monde a vu cette vidéo où il s’enorgueillit d’avoir réglé le problème en 4 ans, alors que quand il venait en 2012, il y avait des milliers de personnes sorties de leur maison à cause des inondations», martèle Diongue qui ajoute que, premièrement : «On est quasiment dans le cadre d’un mensonge d’Etat.»
Deuxièmement, poursuit-il, «il n’est pas sûr que les 767 milliards soient totalement mobilisés. Il y a un problème de ce point de vue-là».
«On a un président de la République à réaction»
Mais la principale limite de ce plan décennal, selon le chroniqueur de la Sen Tv, «c’est qu’un programme de cette envergure, qui s’étale sur 10 ans, devait faire absolument et de façon régulière, l’objet d’un suivi-évaluation». Malheureusement, regrette-t-il, «on a un président de la République à réaction».
«Il a fallu qu’il y ait eu les premiers effets des inondations pour qu’il demande qu’on lui fasse un rapport détaillé. Alors qu’il aurait fallu, chaque année, avant le début de l’hivernage, faire le point. Dans ce dossier comme dans bien d’autres, on est dans le pilotage à vue. On n’est pas dans le suivi-évaluation, comme cela doit se faire», dénonce-t-il.
Pour Momar Diongue, lutter contre les inondations, «c’est faire en sorte que les zones non ædificandi, parce que inondables, ne soient pas occupées par les populations. Ça, c’est du devoir régalien de l’Etat». C’est aussi «réaliser des travaux d’infrastructures qui permettent aux populations d’être résilientes par rapport aux inondations».
Mais, ce qui est encore plus grave dans cette situation, selon Momar Diongue, «c’est les effets d’annonce, les slogans, le mensonge d’Etat qui a accompagné tout cela».