Mohammed VI a reçu Emmanuel Macron sur fond de contestation dans le Rif

 

 

 

Pour son premier déplacement au Maghreb, le président Emmanuel Macron a choisi de se rendre au Maroc les 14 et 15 juin. Le mouvement de contestation rifain, qui secoue le royaume depuis plus de sept mois, était au centre de ses premières déclarations.
“Au Maroc, Macron se fait le porte-voix de Mohammed VI sur le Hirak [littéralement “en mouvement”]”, titre TelQuel. C’est lors d’une courte intervention devant la presse, le 14 juin au soir, après un entretien avec Mohammed VI et un “ftour [rupture du jeûne] familial” à la résidence royale, que le président français a indiqué qu’il avait lui-même évoqué “dès le début de la visite, de manière très directe et naturelle”, le mouvement de contestation qui a commencé dans le Rif en octobre 2016, après la mort tragique à Al-Hoceïma d’un marchand de poissons, avant de gagner plusieurs villes du royaume.
“Tout en précisant qu’il n’a pas à ‘tenir de jugement sur un sujet de politique intérieure’, Emmanuel Macron livre en fait des éléments inédits de la perception du roi sur le sujet, alors que celui-ci ne s’est encore jamais exprimé publiquement sur la question”, souligne l’hebdomadaire marocain.

« J’ai senti, d’une part, que le roi considérait qu’il était légitime et normal qu’il y ait des manifestations, qui sont d’ailleurs prévues dans le cadre du droit constitutionnel et, d’autre part, que son souhait était d’apaiser la situation en répondant aux prémices de ces mouvements en apportant une réponse complète, une considération à cette région, et des réponses très concrètes en termes de politiques publiques”,
a déclaré Emmanuel Macron, dont le ton était “sensiblement plus précautionneux” et dont “les yeux balayaient plus fréquemment ses notes que sur les autres sujets”. “La discussion que nous avons eue ne me donne pas lieu de craindre une volonté de répression quelle qu’elle soit, mais plutôt d’[attendre] une réponse dans la durée et sur les causes profondes. J’ai trouvé le roi préoccupé par le sort de cette région qui lui est chère et où il a pour habitude de passer du temps, ce qui est d’ailleurs une pratique qu’il a inaugurée”, a conclu le président, cité par TelQuel.
Sur le terrain, “face à l’impasse, la contestation rifaine prend une tournure plus radicale, souligne Le Desk. Les leaders détenus du Hirak entament une grève de la faim alors qu’Al-Hoceïma se prépare à une grève générale suite aux premières condamnations prononcées dans la ville. Le 14 juin au soir, des heurts violents ont souligné l’exaspération des manifestants, tentés par l’affrontement. À Rabat, une initiative politique auprès du Palais aurait été refusée avant même sa formulation.”

En effet, trois politiciens de premier plan, l’ancien Premier ministre du gouvernement de l’alternance, Abderrahmane Youssoufi, l’ancien chef de gouvernement Abdelilah Benkirane et l’ancien chef du PPS Ismaïl Alaoui auraient eu comme projet de solliciter du roi Mohammed VI “un élargissement inconditionnel et immédiat de tous les détenus afin d’offrir toutes les conditions à un retour rapide au calme dans le Rif”, précise le site d’information marocain.

Avec courrierinternational.com

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici