Ryad (AFP)-Le tout-puissant vice-prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, qui doit annoncer lundi un vaste plan de réformes du royaume, détient des pouvoirs exceptionnels pour un homme ayant à peine 30 ans.
“Il est clairement brillant, très intelligent, maîtrise parfaitement ses dossiers” et a une forte influence sur son père, le roi Salmane, âgé de 80 ans, relève un diplomate occidental.
Né le 31 août 1985, le jeune prince à la barbe noire et à la calvitie naissante travaille 16 heures par jour et dit que sa mère l’a élevé strictement, affirme Bloomberg Businessweek qui a publié une longue interview de lui en avril.
Ayant la réputation d’un réformateur pressé, Mohammed ben Salmane est second dans l’ordre de succession, position qu’il a décrochée avec une série de responsabilités économiques et militaires lorsque son père a accédé au trône en janvier 2015.
Il accumule les portefeuilles: ministre de la Défense, deuxième vice-Premier ministre, conseiller spécial du souverain et, surtout, il préside le Conseil des affaires économiques et de développement, organe qui supervise Saudi Aramco, la première compagnie productrice de pétrole au monde.
Il a réussi à avoir “un pouvoir et une influence extraordinaires en très peu de temps”, note Frederic Wehrey de l’institut Carnegie Endowment for International Peace à Washington.
– ‘L’Art de la guerre’ –
L’an dernier, des diplomates et des analystes ont fait état d’une lutte de pouvoir naissante entre Mohammed ben Salmane et son cousin, le prince héritier Mohammed ben Nayef, 56 ans, ministre de l’Intérieur et premier dans l’ordre de succession au trône.
En tant que ministre de la Défense, Mohammed ben Salmane a supervisé les opérations militaires lancées au Yémen par son pays qui a pris la tête en mars 2015 d’une coalition arabe pour combattre des rebelles chiites, accusés de liens avec l’Iran.
M. Wehrey a qualifié “d’irresponsable” l’intervention au Yémen et des organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé les “bavures” dont ont été victimes les civils lors des frappes de la coalition.
Sous le roi Salmane, le royaume a adopté une politique étrangère plus offensive et une posture plus visible sur la scène internationale, n’hésitant pas à “se frotter” à l’allié américain, notamment après l’accord nucléaire des Etats-Unis avec l’Iran.
Selon Bloomberg Businessweek, le prince a étudié Winston Churchill et “L’Art de la Guerre” de Sun Tzu.
Diplômé de droit de la King Saud University, il est père de deux garçons et de deux filles, et n’est pas partisan de la polygamie en vigueur dans son pays, ajoute le magazine.
– ‘Agressif et ambitieux’ –
En décembre 2015, Mohammed ben Salmane a tenu sa première conférence de presse pour annoncer la formation d’une “coalition islamique antiterroriste” qui compte aujourd’hui 39 pays déterminés à combattre le jihadisme, alors qu’en Occident, l’Arabie saoudite a souvent été critiquée pour son “laxisme”.
“Il a la réputation d’être agressif et ambitieux”, a déclaré Bruce Riedel, ancien officier de la CIA qui dirige le Brookings Intelligence Project à Washington.
Une biographie de la Misk Foundation, que Mohammed ben Salmane a créée pour le développement de la jeunesse, indique que le prince a eu “une carrière professionnelle de 10 ans” et qu’il a été actif dans les affaires et la philanthropie.
Il est devenu en 2009 conseiller spécial de son père qui était à l’époque gouverneur de Ryad, avant de diriger le cabinet princier en 2013 quand son père est devenu prince héritier.
En avril 2014, Mohammed ben Salmane est devenu secrétaire d’Etat et membre du gouvernement, avant sa nomination comme ministre de la Défense et chef du cabinet royal le 23 janvier 2015, jour où son père a succédé au roi Abdallah, mort à 90 ans.