Modou Samb, étudiant malvoyant : Une lumière au service de l’Islam et des sciences

Il est âgé d’une vingtaine d’années et fait partie de ces jeunes qui ont décidé de consacrer entièrement leur vie à l’Islam et aux sciences religieuses, en dépit d’un handicap visuel. Modou Samb, natif de Touba, est aujourd’hui une lumière qui illumine les cœurs des croyants à travers ses récitations coraniques, à l’image du grand Cheikh Ahmed Al Hussary, qu’il considère comme son idole.

Certes, il n’a pas une vision claire, mais comme l’a mentionné le Tout-Puissant dans le Coran, notamment dans la sourate 22, verset 46 : « Ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais ce sont les cœurs dans les poitrines qui s’aveuglent. » Ainsi, le jeune Modou Samb ne s’est jamais apitoyé sur son sort. Il a compris que le véritable infirme est celui qui jouit d’une bonne santé physique et mentale, mais ne s’en sert pas pour suivre le droit chemin et adorer son Créateur.

Ancien élève de l’Institut Al Azhar de Touba, il s’est donné très tôt les moyens d’atteindre ses objectifs. Très doué, avec une capacité de rétention exceptionnelle, il a excellé dans toutes les matières, notamment les sciences religieuses, la philosophie et l’arabe. En 2024, il a décroché son baccalauréat littéraire avec la mention « Assez bien ».

Tout son parcours scolaire a été centré sur l’étude du Coran et des sciences religieuses. Après ses premiers cours d’initiation au Coran à Touba, notamment au quartier Keur Wélé, à l’école Al Khalil, il a été inscrit dans un internat à Touba, qu’il a dû quitter en raison des conditions d’hygiène, avant de se rendre à Ndindi, au daara Nassirou Ndiaye.

Dans cet institut, Modou a suivi des cours en franco-arabe et une formation accélérée. Après le cours d’initiation et le cours préparatoire (CP), il a été inscrit au daara Moustapha Cissé, situé dans son quartier. Là, il a réappris le Coran et l’a maîtrisé avant de retourner à l’Institut Al Khalil pour poursuivre des études en sciences religieuses et en littérature arabe.

Aujourd’hui, il est orienté au département d’arabe de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). « Je vais poursuivre mes recherches sur les sciences religieuses. C’est un domaine qui me passionne énormément. J’aimerais aussi maîtriser le français et l’anglais. Quant à l’arabe, je m’en sors bien. Je veux servir l’Islam et mon pays, et pour cela, je pense qu’il est essentiel d’être polyglotte », confie-t-il.

Passionné d’écriture, Modou a rédigé un recueil de 30 pages dans lequel il loue Sérigne Touba et son guide spirituel. Un livre, selon lui, destiné aux pieux. « J’adore lire et écrire en arabe, et j’ai même composé des poèmes dans cette langue », ajoute-t-il.

Un ambassadeur des personnes malvoyantes

Au-delà de ses projets personnels, Modou pense aussi aux jeunes malvoyants et aveugles, souvent « oubliés » dans les initiatives des autorités en faveur de la jeunesse. Il ambitionne ainsi de porter leur combat afin qu’ils puissent étudier dans de bonnes conditions, acquérir des connaissances et mener des recherches dans les domaines qui les passionnent. Il souhaite également qu’ils aient accès aux archives laissées par leurs ancêtres, notamment les savants noirs et guides religieux.

Dans cette optique, il évoque un projet en cours à Touba : une commission chargée de transcrire les khassidas (écrits de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, connu sous le nom de Sérigne Touba) en braille. « Des avancées ont déjà été réalisées. Nous en avons discuté avec l’actuel Khalife général, Sérigne Mountakha Mbacké, qui nous a donné son approbation et nous a encouragés. J’aimerais également, un jour, construire à Touba une école coranique dédiée aux personnes malvoyantes, à l’instar de l’Inefja de Thiès », rapporte le jeune bachelier.

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