Dans une déclaration rendue publique, hier, le bureau du Président élu Adama Barrow s’est exprimé sur la situation découlant de l’impasse créée par l’immobilisme de la Cour suprême consécutif à l’absence des juges pour statuer sur le recours du camp du Président sortant Yahya Jammeh. C’est pour indiquer clairement, à propos de son investiture, qu’« il n’est ni conforme à la loi ni au bon sens que le droit du vainqueur soit suspendu jusqu’à ce qu’un recours électoral soit tranché ».
Rappelant d’emblée la transmission du pouvoir qui s’est déroulée au Ghana entre le sortant John Dramani Mahama et le nouveau Président Nana Akufo Addo, exemple de « la culture démocratique du transfert pacifique du pouvoir exécutif qui se développe dans les Etats membres de la Cedeao », le bureau du Président élu a clairement indiqué que « l’exercice du droit de déposer une pétition électorale par le perdant ne prive pas le gagnant du droit de se préparer à son investiture en tant que président de la République, le 19 janvier 2017, au terme du mandat du titulaire».
Pour le Président gambien élu Adama Barrow et ses partisans, «il devrait être clairement établi qu’il n’est ni conforme à la loi ni au bon sens que le droit du vainqueur soit suspendu jusqu’à ce qu’un recours électoral soit tranché».
Dans leur entendement, aussi bien le droit d’un vainqueur de prêter serment en tant que Président que le devoir d’un titulaire de quitter la tête de l’Etat, lorsque le mandat prend fin, ne sont invalidés par le dépôt d’un recours. Aussi, appellent-ils à la mobilisation générale du peuple pour l’investiture, le 19 janvier prochain.
«Le statu quo demeure», selon le camp de Jammeh
Il faut dire que dans le camp du Président Jammeh, l’on défend la thèse selon laquelle, compte tenu de l’impossibilité pour la Cour suprême de se prononcer sur leur recours, l’investiture du Président Barrow devra attendre. Selon le site thepoint.gm, Me Edward Gomez, avocat de l’Aprc, a déclaré : «L’investiture devrait attendre que la procédure aille à son terme». Il s’exprimait devant les journalistes, peu de temps après que le juge en chef Emmanuel Fagbenle a ajourné le dossier du recours jusqu’au lundi 16 janvier. Pour l’avocat Gomez « le statu quo demeure ». Et selon la même source, un praticien privé, un membre de l’Association du Barreau de Gambie, a déclaré sous anonymat que lorsque le recours électoral n’est pas définitivement tranché jusqu’au 19 janvier, alors l’investiture de M. Barrow devrait être faite, conformément à la loi.
Cependant, l’avocat de l’Aprc ne l’entend pas de cette oreille, estimant que chacun peut avoir son opinion. « Notre opinion est que nous avons une question de fond au tribunal, et elle doit être entendue selon le droit du requérant, conformément à la loi et à la constitution», défend-il.
D’où cette mise au point du bureau de Adama Barrow, Président élu de Gambie, qui demande à la médiation de la Cedeao conduite par le Président nigérian Muhammed Buhari d’accélérer sa venue en Gambie «pour explorer des moyens pacifiques de résoudre l’impasse ». Pour le Président Barrow, ceci est le désir de tous les Gambiens qui veulent que le sortant remette en paix le pouvoir. Mais, soutient-il, pour marquer son inquiétude, « la mobilisation actuelle pour une affaire judiciaire incertaine émet le mauvais signal».