Le développement des médicaments de la famille des triptans a révolutionné la prise en charge des migraines. Mais les crises n’étant pas toujours identiques, même chez une personne donnée, ce n’est pas le seul traitement possible.
Si la crise de migraine est modérée
Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (ibuprofène, aspirine…) peuvent suffire à soulager une crise d’intensité modérée. Leur efficacité diffère toutefois d’une personne à l’autre. L’inaction de l’aspirine ne doit donc pas empêcher d’essayer l’ibuprofène. Mais attention à bien respecter leurs précautions d’usage. Ces médicaments sont contre-indiqués en cas de maladies inflammatoires de l’intestin, d’hypertension mal contrôlée, d’insuffisance rénale , d’allergies ou encore d’ulcère d’estomac actif. Ils doivent être évités dès le début de la grossesse et interdits au-delà du deuxième trimestre .
A noter : Attention, ils peuvent diminuer l’efficacité contraceptive du stérilet. Pour limiter les brûlures d’estomac chez les personnes sensibles, il est indispensable d’accompagner ces médicmantes d’une prise alimentaire, voire d’un protecteur gastrique.
Si la crise est très forte
Les triptans sont le plus souvent la solution. Ils soulagent les crises, même sévères, dans 60 à 70% des cas. Mais il faut parfois faire preuve de patience et en essayer plusieurs avant de trouver celui qui donne le meilleur résultat et celui qui est le mieux toléré. Par ailleurs, pour tenir ses promesses, le triptan doit être pris dès l’apparition de la douleur. Mais attention, jamais de manière préventive.
Les triptans sont contre-indiqués chez les migraineux ayant des antécédents vasculaires et chez les plus de 65 ans. Les sensations de compression au niveau de la gorge ou du thorax sont fréquentes, elles ont tendance à s’estomper au fil des prises. Pendant la grossesse, une prise ponctuelle est possible (plus d’informations sur lecrat.org ).
A noter : les antalgiques combinés à base de morphine ou de codéine sont à oublier car ils peuvent provoquer un effet rebond de la douleur. Anti-inflammatoires non stéroïdiens et triptans peuvent être utilisés individuellement ou combinés, parfois en prise simultanée. Mais attention aux risques d’abus médicamenteux : les AINS ne doivent pas être utilisés plus de 15 jours par mois et les triptans pas plus de 10 jours par mois.
Si les crises de migraine sont fréquentes
Il n’existe aucun traitement capable de faire disparaître un terrain migraineux. Mais quand les crises sont fréquentes (1 ou 2 fois par semaine), un traitement de fond peut être mis en place. « Il faut savoir patienter deux à trois mois avant de voir les premiers effets de ce traitement préventif. Mais les crises sont ensuite généralement deux fois moins fréquentes, deux fois moins intenses et elles répondent mieux au traitement de la crise », explique le Dr Véronique Marcaud, neurologue au groupe hospitalier Saint Joseph (Paris).
Le traitement est prescrit soit par le médecin généraliste, soit par le neurologue. Une visite de contrôle est prévue au bout de 3 mois. La lecture de l’agenda des crises permet au médecin d’évaluer l’efficacité du traitement, le plus souvent mis en place pour une durée initiale de 6 à 12 mois. Sa poursuite est ensuite rediscutée en consultation.
Parallèlement à ce traitement, il est intéressant de chercher à identifier d’éventuels facteurs déclenchants . Sans aller toutefois jusqu’à se priver systématiquement de soirées entre amis sous prétexte que décaler l’heure du coucher a déjà déclenché des crises. Enfin, des approches non-pharmacologiques type acupuncture, sophrologie ou encore thérapie cognitive-comportementale ont aussi un intérêt.
A noter : Plusieurs classes de médicaments sont utilisées en traitement de fond. Le choix s’effectue en fonction de l’âge et des effets secondaires. Le médecin peut proposer :
• Des bêtabloquants : c’est le traitement de fond de référence chez les sujets jeunes, à condition qu’ils ne soient pas asthmatiques, ne souffrent pas de troubles cardiaques et ne pratiquent pas de sport à haut niveau (ils sont considérés comme dopants)
• Des antidépresseurs à très faible dose, notamment l’Amitriptyline. Ils donnent de bons résultats mais peuvent induire une prise de poids et des accès de somnolence.
• Des antiépileptiques à petites doses. Le Topiramate peut être intéressant pour son effet légèrement anti-addictif et amaigrissant, mais il a tendance à augmenter l’irritabilité. A l’inverse le valproate de sodium aurait tendance à faire prendre du poids et ne doit pas être utilisée comme antimigraineux chez une femme non ménopausée ( risques lors de la grossesse ).
• Des antisérotoninergiques, notamment le l’oxetorone et le sanmigran. Ses propriétés antiémétiques sont particulièrement intéressantes en cas de migraines accompagnées de nausées et de vomissements.
• Des inhibiteurs calciques, notamment le flunarizine. Prescription parfois restreinte en raison des risques de somnolence et de prise de poids.