Juste après sa nomination au poste de Garde des sceaux, Ministre de la justice, nous faisions partie de ceux qui s’étaient réjoui du choix du Président de la République. Pour beaucoup, Me Kaba, le célébrissime avocat jusque là inconnu dans l’espace politique, était l’homme qu’il fallait à ce poste. Contrairement à celle qu’il avait remplacé à ce poste, qui est militante avérée du parti au pouvoir, Me Sidiki Kaba, était considéré comme quelqu’un de neutre. Mais tous étaient loin d’imaginer, que derrière ce choix du Président Sall, se cachait en réalité le désir de ce dernier d’avoir un interlocuteur, un leader, dans une région aussi instable politiquement que la région de Tambacounda. Ainsi Me Kaba allait s’investir en politique. Mais pourquoi ? Est-on tenté de se demander. Qu’est-ce qui peut encore faire courir Sidiki Kaba, quelqu’un qui a connu tous les honneurs ? « Le secret est dans le décret » avait dit l’autre.
Le décret ! Vous savez le décret, « c’est ce pouvoir là que détient le Président de la République et qui peut en une seconde transformer votre vie », a dit quelqu’un d’autre. En réalité, il n’y a que le décret qui peut nous aider à comprendre la subite métamorphose de Me Kaba. Depuis les législatives, ce dernier est devenu ce qu’il a toujours combattu, intervenant dans des débats bas de gamme. Sa gestion du dossier Karim Wade a été une catastrophe. « On ne commente pas une décision de justice » a eu l’intelligence de dire Youssou Ndour, cet autre que le décret a failli subvertir. Heureusement !
Ainsi donc Me Kaba est devenu politicien. Cet homme que les Tambacoundois ne connaissaient que de nom, car aux abonnés absents, ne venait à Tamba qu’une fois tous les 10 ans, n’y a jamais voté. D’ailleurs un militant de l’APR avait même défié qui voulait que Me Kaba « est incapable de donner le nom d’un de ses voisins à Tamba. On ne le connait pas, il est de Thiès et même si on partait là-bas, ce sont ses chiens qui nous accueillaient à la porte » avait-il dit. Ce dernier ne comprenait donc pas cet engouement subit autour de ce Monsieur, qui a ignoré sa ville natale toute sa vie. On comprend dès lors, le comportement d’un certain Mame Balla Lô, actuel maire de Tamba, qui en homme digne, refuse de courber l’échine, contrairement à tous les hommes politiques, transhumants devant l’eternel qui, même dans leurs rêves les plus fous ne pouvaient imaginer un instant serrer la main à Me Kaba, et se sont transformés en griot du célèbre avocat. Qui sont-ils pour exiger des autres à reconnaître « le leadership de Me Kaba à Tamba, qui seul peut valablement tirer le Sénégal Oriental vers l’émergence ? » Décidément… !