« Plusieurs personnes pensent que leur seul tort, c’est qu’ils ont pratiqué leur religion. Donc, il est important que tout le monde collabore pour la manifestation de la vérité.
Ça sera très difficile parce que nous comprenons les passions. Mais, nous espérons que force restera à la loi et que la balance ne flanchera que pour la vérité. L’enjeu est grand aujourd’hui mais nous avons la
chance d’avoir un tribunal très serein. Nous pensons également que le procureur saura faire la part des choses entre le terrorisme et l’Islam.
De toute façon, en tant qu’avocats, nous sommes là pour jouer les gardes fous, pour qu’il n’y ait pas d’amalgame. Le terrorisme n’a rien à voir avec l’Islam. Le fait de réciter le Coran ou de tenir des slogans conformes à l’Islam ne peut pas être considéré comme l’apologie au terrorisme. C’est des risques énormes mais comme je dis, il faut que jurisprudence se fasse et que cette jurisprudence soit très prudente et qu’elle ne puisse pas porter atteinte ni aux libertés individuelles mais également aux principes religieux tels que nous les pratiquons et qui n’ont à rien à voir avec la violence.
Si nous arrivons à tenir ce procès dans des conditions de sérénité et que la vérité puisse être le crédo de la justice, il n’y a pas de dérapage énorme à craindre. Nous avons, au niveau des organisations de défense des droits de l’homme, dénoncé l’isolement notamment d’Imam Ndao qui a été enfermé dans des conditions draconiennes, dans des conditions inhumaines. Ce qui n’est pas conforme aux conventions internationales ratifiées par le Sénégal. Les conditions n’ont jamais été les meilleures. C’est à la limite de la stigmatisation. Il est important de dire que ces personnes bénéficient de la présomption d’innocence.
Maintenant, il s’agit de faire en sorte que cette personne puisse bénéficier d’un procès juste et équitable et qu’on les écoute et qu’il n’y ait pas de préjugés. Et que ces personnes ne soient pas jugées à l’avance. Sous le regard de la presse, de l’opinion publique, de toute la population, si on leur permet de s’exprimer, la vérité va jaillir. On n’a pas le droit à l’erreur et cette jurisprudence va faire tache d’huile. On n’a pas besoin de savoir ce que c’est l’apologie au terrorisme. Qu’est-ce que c’est l’acte de terrorisme et le fait de réciter le Coran ou de lancer un slogan conforme à l’Islam est-il un acte de terrorisme ? Aujourd’hui, les juges et le ministère public ont une très grande responsabilité et nous veillerons à ce que notre pays ne puisse pas basculer dans un sens qui ne sera pas conforme aux intérêts ni de la population ni des religieux. »