Me Amadou Aly Kane : « La grâce ne clôt pas la bataille judiciaire … »

8ba552be4cfb306a32cfe16e37bdaeee4c47d4c1Le Prisonnier le plus célèbre du Sénégal, M. Karim Wade et ses co-détenus ont été libérés à la faveur d’une grâce présidentielle. Pourquoi la grâce, autrement dit quelles sont ses causes et conséquences ? L’éminent juriste et fervent militant des droits humains, Me Amadou Aly Kane, a analysé pour Seneweb, les contours de cet élargissement de prison pour Wade-fils.

« Selon le service de presse de la Présidence sénégalaise, l’octroi de la grâce serait motivé par une raison humanitaire. C’est vrai que les parents de Karim Wade sont vieux et ses enfants jeunes et orphelins de mère. Il est aussi vrai que ses co- détenus souffrent de pathologies lourdes. Mais toutefois, ce serait incomplet de s’en tenir à ces seules raisons », a-t-il indiqué.

D’après Me Kane « il faudrait y ajouter les pressions des guides religieux locaux, celles des souverains étrangers africains et qatari, des exigences juridiques et un mobile politique. En effet la grâce permet de donner satisfaction à ces différentes personnalités. L’élargissement des condamnés vient aussi conforter l’Etat du Sénégal, dans les procédures pendantes devant certaines instances étrangères : Cnudci, Conseil des droits de l’homme des Nations unies, plainte pour détention arbitraire en France ».

Poursuivant sur son analyse, le juriste est d’avis « qu’il est donc clair que si la grâce accordée, écourte le séjour carcéral des condamnés, il demeure aussi qu’elle profite à l’Etat sous certains rapports. Dernier point à souligner, c’est le fait que la grâce ne clôt pas, pour autant, la bataille judiciaire entre L’Etat et les condamnés. En effet, les procédures d’exequatur de l’arrêt de la Crei et de validation de saisies pratiquées sur les biens des condamnés vont se poursuivre de plus belle en France et ailleurs ».

Me Amadou Aly Kane d’ajouter : « enfin, il se susurre aussi que le principal intéressé Karim Wade n’était pas demandeur d’une grâce mais a dû l’accepter sous la contrainte et avec une clause non écrite de dépaysement. Les protestations contre cette grâce formulées par certains leaders d’opinion revêtent dès lors un cachet comique. Les prochaines semaines nous édifieront sur les ombres qui entourent cette grâce ».

 

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