C’est un procès à risque qui s’annonce pour Khalifa Sall qui devra, si le doyen des juges suit le parquet, faire face à son DAF qui se révèle de plus en plus comme la pièce maîtresse de cette affaire.
Ce 3 Avril, le Doyen des Juges Samba Sall a posé deux actes majeurs dans le cadre de l’affaire de la mairie de Dakar.
Primo, il a rejeté la demande de liberté provisoire déposée par Khalifa Sall à la suite de son audition dans le fond et, deuxio, le magistrat a pris une ordonnance de clôture.
En clair, il a bouclé son instruction et sollicité le réquisitoire du parquet. Un réquisitoire qui ne sera pas surprise puisque selon les informations de Libération, le parquet compte demander le renvoi des inculpés – à l’exception de l’ancien et du nouveau percepteur qui ont été déchargés par tous les témoignages – devant le tribunal correctionnel.
Si le juge partage l’avis du ministère public, Khalifa Sall et Cie pourraient se défendre lors d’un procès qui s’annonce d’ores et déjà épique. Il faut dire que dans cette affaire, le maire de Dakar fera face à l’Etat, mais aussi à ses proches collaborateurs dont Mbaye Touré, le Directeur administratif et financier de la mairie qui est une des pièces maîtresses de ce dossier.
Et pour cause, face aux enquêteurs de la DIC déjà, Mbaye Touré a certes reconnu avoir pris l’initiative d’utiliser de fausses factures du GIE Tabaar, mais il déclare en avoir informé le maire. Devant le juge, il n’a pas varié sur ses déclarations.
« Cette initiative provient de moi-même dans le cadre de l’application d’un mécanisme que j’ai trouvé suite à ma désignation en 2003 en ma qualité de gérant de la Caisse d’avance. Par contre, je n’ai jamais porté un choix quelconque sur une entreprise ou un GIE pour l’établissement des factures devant servir à justifier la Caisse d’avance », a admis le DAF.
Lorsque les enquêteurs lui demandent s’il avait informé le maire, il se veut catégorique : « Oui. Au début, je lui avais expliqué le mécanisme utilisé pour l’alimentation de la Caisse d’avance. C’est vous dire qu’il était au courant de ce mécanisme. En réalité, les factures établies au nom du GIE Keur Tabaar, censées justifier les dépenses de la Caisse d’avance ne reposaient sur aucune réalité. Toutefois, je persiste à dire qu’il n’y a jamais eu de livraison de riz et de mil comme indiqué dans lesdites factures. »
Mbaye Touré sera encore plus précis lors de la confrontation avec Khalifa Sall entre autres : « (…) Je précise que le mécanisme d’utiliser les factures censées justifier les dépenses effectuées sur la Caisse d’avance existait depuis 1996, c’est-à-dire bien avant que je sois nommé DAF. C’est vous dire que je n’ai fait que le reconduire à mon arrivée. Par ailleurs, au début, j’avais expliqué à monsieur le maire Khalifa Sall, le mécanisme utilisé pour l’alimentation de la Caisse d’avance. C’est vous dire qu’il était au courant de ce mécanisme. »
Libération