Mais, le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC ) rejette tout de même toute implication dans le massacre de Bofa qui a fait 13 morts, samedi dernier. Un exercice éprouvant de disculpation que le mouvement irrédentiste a habitué l’opinion.
Quarante-huit heures après le massacre de Bofa où treize hommes ont été exécutés sans état d’âme par un groupe armé, samedi dernier, l’heure semble à la recherche du coupable idéal. Un exercice au bout duquel on évoque la responsabilité présumée du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC ). Lequel est très souvent cité dans les attaques qui ensanglantent la région sud du pays. Mais comme toujours, le mouvement irrédentiste veut détourner les regards ailleurs. L’organisation refuse de porter le chapeau de cette tuerie unanimement condamnée par tous les segments de la Nation.
Dans des communiqués publiés dans un site propagandiste animés par des proches du mouvement, le MFDC plaide non coupable. Tout en condamnant cet acte, il dénonce les discours qui semblent le peindre comme l’auteur de la mort des treize coupeurs de bois de Boffa. L’un des communiqués indexe particulièrement l’ancien gouverneur de Dakar, Saliou Sambou, l’ex-maire de Ziguinchor, Robert Sagna et une certaine presse qui se cacherait derrière l’expression générique «des éléments supposés appartenir au Mfdc», pour incriminer l’organisation en question.
Une accusation que le mouvement rebelle n’est pas prêt à accepter. Dans le communiqué, le MFDC rejette plutôt la responsabilité du drame de Boffa sur l’administration territoriale. Il demande aux autorités sénégalaises d’orienter leurs enquêtes vers le gouverneur de Ziguinchor, le chef du service régional des Eaux et forêts, le commandant de la légion de Gendarmerie sud et le procureur de la République du ressort de Ziguinchor. Ces derniers sont accusés, par la rébellion, d’être à la tête d’un vaste réseau de coupe clandestine et de vente illicite de bois de Tek, en provenance de la forêt de Bayotte.
En effet, poursuit ledit communiqué, «les coupeurs de bois opèrent de jour comme de nuit sous la complicité des agents des Eaux et forêts et de la gendarmerie. Tous les troncs sont ensuite vendus en plein jour et sans aucune inquiétude dans la commune de Ziguinchor».
Pour le MFDC, le manque de fermeté de l’Administration locale et la complicité des agents des Eaux et forêts et de la gendarmerie devant une activité lucrative qui implique des groupes d’intérêt sont à l’origine de la mort dans des conditions non encore élucidées des jeunes coupeurs clandestins de bois. Dans un Etat qui se respecte, de tels manquements, selon les termes du communiqué publié dans le site propagandiste des militants et sympathisants du MFDC , «devraient être sanctionnés». C’est pourquoi, le MFDC demande que le gouverneur de la région de Ziguinchor, le chef du service régional des Eaux et forêts, le commandant de la légion de gendarmerie sud et le procureur soient relevés de leurs fonctions.
Pour sa part, le mouvement séparatiste de Casamance affiche sa volonté de continuer dans sa dynamique d’ouverture au dialogue en faveur d’une issue heureuse au conflit casamançais. Tentative de diversion ou expression d’une bonne foi ? Toujours est-il que dans ce contexte, le MFDC aura du mal à convaincre une opinion qui a l’impression de réécouter un disque rayé, enregistré par un mouvement qui s’est tout le temps démarqué, et de façon systématique, verbalement en tout cas, de tout acte de violence en Casamance.
Mamadou Papo MANE
Walfadjiri