Dans une vidéo qui émeut la toile marocaine, un jeune médecin s’indigne contre l’agression de son ami diabétique qui était obligé de boire de l’eau en plein ramadan pour sauver sa vie. Il dénonce la montée de la violence dans la société marocaine.
On ne badine avec le jeûne !
La raison de sa colère : son ami de 22 ans, diabétique depuis sa naissance, s’est fait agressé dans une rue de la capitale parce qu’il a « osé » boire de l’eau en plein ramadan. « Le 24 juin, il était dans le quartier Agdal lorsqu’il a senti venir une hypoglycémie. Il s’est mis à l’écart pour manger un morceau de chocolat et boire de l’eau. Deux jeunes se sont alors approchés de lui et ont commencé à l’insulter sans qu’il puisse leur répondre en raison de son malaise. Ils l’ont roué de coups et tailladé l’arcade sourcilière, nécessitant cinq points de suture », raconte le jeune médecin joint par Jeune Afrique.
Révolté par ce que son ami a vécu, il décide de s’indigner dans une vidéo de 7 minutes qui a été vu plus de 106 000 fois depuis sa mise en ligne le 25 juin. «Je suis un musulman croyant et rien dans ma religion ne pousse à violenter autrui. Encore plus s’il s’agit d’une personne malade !», lance-t-il. Pour le jeune médecin, ce genre d’agressions ne relève plus du fait divers mais d’une lame de fond inquiétante qui traverse la société marocaine. « Nous ne sommes plus au moyen âge pour avoir un article 222 du Code pénal qui punit les dé-jeûneurs du ramadan. Le Maroc a tout de même ratifié la déclaration universelle des droits de l’homme ! », s’exclame-t-il.
Tensions
Quelle que soit la réalité de cette agression, elle témoigne des tensions générées au Maroc à ce sujet lors de chaque ramadan. Le 12 juin, deux jeunes de 18 et 20 ans ont été arrêtés à Zagora, dans le sud-est du pays, pour avoir bu de l’eau par 40 degrés. Ils ont été condamnés par la tribunal de première instance de la ville à deux mois de prison avec sursis. Quelques jours plus tard, à Rabat, un homme a vu la police débarquer à la terrasse de son lieu de travail alors qu’il fumait sa cigarette suite à la dénonciation d’un responsable des ressources humaines de sa société, indique le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) qui se mobilise pour l’abrogation de l’article 222 qui punit d’un à six mois de prison toute personne ayant mangé en public pendant ramadan.