Dès le soir du premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 23, les premiers sondages ne montraient aucune équivoque. Emmanuel Macron devance largement Marine Le Pen. Selon Ipsos Sopra Steria, le candidat d’En Marche! recueillerait 62% des voix contre 38% accordés à celle du Front national. Pour Harris Interactive (M6), l’écart serait plus important, avec 64% des voix pour Emmanuel Macron et 36% pour Marine Le Pen.
De quoi faire passer le second tour pour une formalité. Sauf que si une chose a bien marqué cette campagne présidentielle, ce sont les rebondissements et la dangerosité du statut de favori. Nicolas Sarkozy, Manuel Valls, Alain Juppé puis François Fillon en ont fait l’expérience.
Et Marine Le Pen pourrait profiter de plusieurs facteurs pour déjouer les pronostics. Le premier pouvant être l’excès de confiance des électeurs d’Emmanuel Macron. Les sondages pourraient en effet convaincre nombre d’entre eux que Marine Le Pen ne peut l’emporter, renforçant l’abstention. Cela alors que les électeurs FN devraient être plus mobilisés que jamais.
Une abstention qui pourrait déjà être favorisée par le fait que nombre de Français ne se reconnaîtront ni dans l’un ni dans l’autre des candidats. D’ailleurs, si en 2002 l’ensemble de la gauche avait appelé unanimement à voter pour Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, le Front républicain -quoique bien réel- semble moins solide aujourd’hui. A droite comme à gauche, certains ont préféré appelé au « ni-ni » plutôt qu’à faire barrage à l’extrême droite.
Et au-delà des simples opérations comptables, la campagne est encore longue. Emmanuel Macron peut encore faire un faux pas ou Marine Le Pen réussir à séduire une frange de l’électorat plutôt à gauche, notamment lors du débat de l’entre-deux tours. Opération qu’elle a déjà commencé à mener en se posant en défenseur du modèle social face au « banquier » Macron.
On peut également encore imaginer un élément extérieur à la campagne qui viendrait la chambouler de la même manière que l’a fait le « PenelopeGate » pour François Fillon.
Reste que Marine Le Pen est confrontée à un « plafond de verre ». Selon le baromètre d’image du FN Kantar Sofres-OnePoint de mars dernier, un tiers des Français (33%) déclare aujourd’hui être en accord avec les idées défendues par le Front national, mais 58% affirment que le FN représente un danger pour la démocratie en France.
Une remontée de Marine Le Pen est donc possible mais reste très improbable. Ses 38% d’intentions de vote représentent 18 millions de personnes sur l’ensemble du corps électoral, soit 11 millions de moins qu’Emmanuel Macron. Un écart qui semble difficile à combler. Mais seuls 37 millions se sont déplacés au premier tour.
Auteur: France soir – Ouest-france.fr