Au marché Ocass, à Touba, les commerçants ont accepté de déguerpir des espaces publics, après le ndiguël du Khalife général des Mourides. Même si la décision attise quelques tensions entre commerçants obstinés et certains Agents de sécurité publique (Asp), exaspérés par l’occupation anarchique.
Sur les trottoirs des artères du marché Ocass de Touba, des gravats s’amoncellent. Tristes vestiges des opérations de déguerpissement menées par les autorités administratives de la ville sainte, sur ordre du Khalife général des Mourides. Aucune rue stratégique pour l’attractivité du marché n’a échappé à la décision du Khalife de libérer la voie publique. Les commerçants qui avaient élargi leurs commerces jusque sur les trottoirs pour mieux s’exposer et mieux vendre, ont accepté de déguerpir, après le ndiguël. Au marché Ocass, la grande majorité des squatters des espaces publics sont des gens qui ont des boutiques.
Le Khalife de Touba par la voix de son porte-parole avait donné ordre de déguerpir pour dégager les routes. Et depuis le jour de la mise en application du ndiguël, les commerçants se sont résolus à la réalité. Cette décision a pourtant affecté durement la vie quotidienne de certains vendeurs, travaillant en grande majorité dans le secteur informel. « Un mouride ne doit jamais remettre en cause la recommandation de son marabout. Nous n’avions aucun choix », avoue un commerçant. Il se félicite de cette prise de conscience.
Les squatters n’ont pas attendu les tractopelles et les camions de déblaiement. Ils ont fait casser leur baraque pour récupérer quelques briques et reconstruire leurs échoppes ailleurs. L’occupation s’est faite, au cours des décennies, de manière plus ou moins anarchique et sans titre de propriété.
Au marché Ocas, la plupart des commerçants trouvent le déguerpissement très bien. Même si d’aucuns attendaient des affrontements majeurs. « On s’était imaginé qu’il pourrait y avoir des affrontements avec les forces de l’ordre, mais loin de là », témoigne ce jeune commerçant. Toutefois, le déguerpissement est un vrai manque à gagner pour les plus pauvres, qui doivent désormais installer leurs étals dans des rues moins passantes et moins visibles.
Cette mesure touche les petites gens, qui n’ont pas forcément d’autres choix. Le déguerpissement a été fait pour l’instant dans l’urgence, et rien n’a été prévu : ni compensation, ni relogement. Les forces de police stationnent à l’intersection du poste de contrôle du marché Ocass.