Le camp présidentiel a beau le minimiser, le juger sans objet et inopportun, le débat sur l’éventualité d’un troisième mandat de Macky Sall polarise les attentions. Si certains traitent le professeur Babacar Guèye, qui a sonné l’alerte, de «soit disant juriste» qui, pour vaincre l’ennui dans les amphithéâtres, «attirer l’attention du chef de l’État», agite une question qui n’est pas d’actualité, d’autres accordent de l’attention aux propos du constitutionnaliste.
Parmi ceux-ci, Jacques Mariel Nzouankeu, ancien professeur de droit à l’Ucad. Dans Voxpopuli, il donne raison à son collègue. «Le professeur Babacar Guèye a soutenu récemment que M. Macky Sall, président de la République, peut être candidat en 2024 (s’il est réélu en 2019) pour briguer un nouveau mandat (un troisième d’affilée). Il a ajouté qu’une disposition transitoire devrait être inscrite dans la Constitution au cas où l’on ne souhaiterais pas que le Président brigue un nouveau mandat en 2014», rappelle Pr Nzouankeu.
Ce dernier confirme son collègue. Il argumente : «Aucune disposition de la Constitution ne réglemente la dévolution des mandats du Président Macky Sall, c’est-à-dire la manière dont ils vont se succéder. La Constitution ne dit si le nouvel article 27 entre en vigueur dès la promulgation de la loi référendaire, auquel cas une élection présidentielle doit être organisée immédiatement. Ou alors, si le nouvel article 27 entre en vigueur à l’expiration du mandat en cours du président de la République.»
Pr Nzouankeu de poursuivre : «Surtout, nulle part, il n’est écrit que le mandat de 7 ans est, ou n’est pas compris dans le décompte des deux mandats consécutifs du nouvel article 27. Habituellement, ces questions sont traitées dans les dispositions transitoires ; mais dans la Constitution ainsi révisée, les dispositions transitoires ont été supprimées.»
En conclusion, dans Voxpopuli, Jacques Mariel Nzouankeu, qui avait averti que la Constitution donnait à Wade le droit de briguer un troisième mandat en 2012, déclare : «Le mandat conféré en 2019 constitue donc le 1er mandat de 5 ans au sens de l’article 27 de la Constitution. Le Président Macky Sall a droit à un second mandat de 5 ans, qu’il sollicite en 2024.»