Maïmouna Dièye : «Il ne s’agit pas d’indemnisation au sens juridique du terme, mais plutôt d’un appui social»

Le ministre de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités, Maïmouna Dièye est revenue, dans un entretien exclusif au « Soleil », sur le dossier de l’indemnisation des victimes des événements politiques de 2021-2024. Selon elle, ce dossier d’une extrême sensibilité, qui suscite naturellement beaucoup d’attentes, émane de la volonté du président de la République par souci d’équité et de solidarité. Pour elle, « il ne s’agit pas d’indemnisation au sens juridique du terme, comme certains ont pu l’interpréter pour des raisons politiques, mais bien d’une assistance destinée à des Sénégalais ayant subi des préjudices graves ». Dans la foulée, elle a annoncé la tenue des assises nationales sur la situation des enfants dans la rue. Relativement à la prise en charge des personnes vivant avec un handicap, elle a annoncé des actions concrètes pour la mise en œuvre de la loi d’orientation sociale, afin d’apporter des changements majeurs dans l’action sociale.

Nous nous acheminons vers la fin de l’année. Quel bilan pourriez-vous dresser pour 2025 qui s’achève ?

Il est d’abord important de rappeler la mission du ministère, qui consiste à mettre en œuvre la politique de l’État en matière de famille, de protection des femmes, de l’enfance, des couches les plus vulnérables et des personnes vivant avec un handicap, d’autonomisation des femmes. Elle englobe également la politique sociale de l’État, notamment la protection sociale, l’action sociale, le développement communautaire, ainsi que l’équité sociale et territoriale.
S’agissant du bilan, le ministère a déployé une stratégie de gouvernance transparente, permettant de faire le point sur l’ensemble des actions menées en 2024 et 2025. Dans le cadre des programmes d’accompagnement social et de protection sociale, de nombreuses actions ont été réalisées. À travers la direction générale de l’Action sociale, désormais rattachée au ministère de la Famille, ainsi que les agences notamment la Sen-Csu (Ndlr – Couverture sanitaire universelle), de nombreuses réalisations ont été effectuées. La couverture sanitaire universelle a permis, cette année, la prise en charge de nombreuses personnes, notamment celles souffrant de maladies coûteuses comme celles nécessitant la dialyse. Beaucoup de patients ont pu bénéficier de l’accompagnement de la Sen-Csu, parmi lesquels les personnes vivant avec un handicap et les détenteurs de la carte d’égalité des chances, à travers les adhésions systématiques.
Ces adhésions ont été élargies aux acteurs du secteur informel. Le lancement de cette stratégie a suscité une forte adhésion, avec l’ambition d’aller vers une couverture systématique des familles, grâce à un numéro d’identification individuel permettant l’accès effectif à la couverture sanitaire universelle. L’accès aux soins demeure difficile pour de nombreux Sénégalais. Concernant la dialyse, malgré l’existence de listes d’attente, beaucoup de malades ont pu être pris en charge en 2025. Par ailleurs, le Fonds de solidarité nationale et la Délégation générale à la Protection sociale et à la solidarité nationale ont permis d’accompagner des milliers de personnes en situation de vulnérabilité et de précarité.

La ligne « Aide et Secours » du ministère de la Famille continue également d’intervenir pour soutenir les personnes confrontées à des situations de détresse extrême.
Les personnes handicapées bénéficient aussi d’un accompagnement spécifique, incluant la prise en charge médicale et le soutien à leur autonomisation. Une panoplie de produits et de mécanismes leur est dédiée. Bien que la Direction générale de l’Action sociale ait été rattachée au ministère vers la fin de l’année, un travail important a pu être accompli, notamment lors de la célébration de la Journée nationale des personnes handicapées, marquée par la distribution de matériel d’allègement et un accompagnement financier en faveur de leurs activités.

En termes de chiffres, qu’est-ce qu’on peut retenir avec ces différents programmes ?

Au Fonds de solidarité nationale, un montant global de 7,596 milliards de FCfa a été mobilisé pour l’assistance des ménages vulnérables et des populations sinistrées. Au cours de l’année, six départements ont été entièrement pris en charge, avec l’extension récente de l’intervention à un septième département, Salémata. Par ailleurs, le Fonds est également intervenu dans les appuis courants, les aides financières d’urgence et la gestion des violences communautaires, assurant ainsi une réponse continue et adaptée aux situations sociales les plus sensibles.
À la Délégation générale de la Protection sociale et de la solidarité nationale, une enveloppe globale de 3,490 milliards de FCfa a été mobilisée pour la prise en charge de patients démunis souffrant de maladies coûteuses.
Dans le Plan Diomaye pour la Casamance (Pdc), un montant de 599,9 millions de FCfa a été déployé afin d’accompagner les familles de retour, notamment à travers la construction de logements. À cela, s’ajoute une allocation directe par ménage, pour un total de 399,9 millions de FCfa, destinée à favoriser leur autonomisation. Au total, 255 familles déplacées de retour ont bénéficié de cet accompagnement.
Par ailleurs, à travers le Csar, 14.345 ménages victimes de chocs ont été assistés. Dans la gestion des inondations, 833 tonnes de riz ainsi que 4.400 kits alimentaires ont été distribués aux populations affectées.
S’agissant du volet autonomisation des femmes, le Programme d’appui au développement (Pad) a mobilisé une enveloppe de 1,807 milliard de FCfa, permettant de soutenir 112 projets, sur un total de 517 initiatives accompagnées dans plusieurs régions du pays. De son côté, le Palam (Programme d’Alphabétisation et d’Apprentissage des Métiers pour la lutte contre la Pauvreté) a contribué à la construction de 15 écoles communautaires de base, à l’accompagnement de Gie de jeunes et de femmes, ainsi qu’à l’élaboration de plans d’affaires, dont 179 ont été financés. En outre, huit Maisons de la Femme ont été construites et 5.255 personnes ont bénéficié de formations techniques et d’alphabétisation.

Quelle est la priorité de votre département pour renforcer la politique de protection d’une manière générale des familles et en particulier des couches vulnérables ?

La priorité est de rendre les familles autonomes. Cette autonomisation passe avant tout par l’autonomisation économique durable des femmes, à travers des fonds dédiés comme le Fonds de crédit pour les femmes et le Fonds national de promotion de l’entrepreneuriat féminin. Dans la protection sociale, nous nous appuyons sur le concept des trois P (Prévention, protection et promotion). Il ne s’agit pas uniquement d’un accompagnement financier, mais de placer les familles dans une dynamique productive, capable de les conduire vers l’autonomie. Les bourses de sécurité familiale permettent un soutien ponctuel, tandis que les activités génératrices de revenus offrent une perspective durable.

Depuis très longtemps, on parle d’autonomisation des femmes. Quels sont les défis et les contraintes pour arriver véritablement à une autonomisation de cette couche ?

Il est nécessaire de faire d’abord un état des lieux. Plusieurs facteurs freinent encore l’autonomisation réelle des femmes. L’accès au crédit demeure un obstacle majeur, tout comme le faible niveau d’éducation et d’alphabétisation, qui limite la maîtrise de certains outils.

À cela s’ajoutent les charges domestiques, qui réduisent considérablement le temps que les femmes peuvent consacrer à leurs activités économiques.

Dans de nombreux cas, elles passent les deux tiers de leur temps au foyer. C’est pourquoi le ministère de la Famille a initié le concept des trois F (Formation, Formalisation et Financement). L’objectif est de promouvoir des femmes leaders, capables d’assumer leurs responsabilités familiales tout en jouant pleinement leur rôle dans la société.

L’Action sociale a été rattachée à votre ministère. Quelles sont les innovations majeures que vous comptez impulser à ce sous-secteur ?

Des réformes importantes sont nécessaires, notamment en ce qui concerne la loi relative à la protection sociale, dont l’application rencontre encore des difficultés. Des textes d’application doivent être pris pour rendre cette loi effective, comme l’ont fortement plaidé les personnes vivant avec un handicap cette année. Les concertations ont déjà démarré et des ateliers seront organisés pour approfondir le débat. Dès le début de l’année 2026, des actions concrètes seront engagées afin de permettre l’effectivité de cette loi, qui peut apporter des changements majeurs dans le secteur de l’action sociale.

Comment le ministère compte-t-il matérialiser ces politiques et programmes sociaux en faveur de cette couche vulnérable ?

Le ministère a élaboré une stratégie inclusive qui touche toutes les couches de la société et vise à ne laisser personne en rade.

Au-delà de la famille, l’équité sociale et territoriale est au cœur de notre action. Des programmes spécifiques seront dédiés aux personnes vivant avec un handicap afin de favoriser leur autonomisation et leur intégration socioéconomique. La réflexion est aussi en cours pour améliorer leur accès à la bourse familiale.

Vous avez présidé la cérémonie de lancement de la campagne nationale « les 16 jours d’activisme contre les Vbg » qui ont été clôturés. Quel bilan en tirez-vous ?

Les « 16 jours d’activisme » constituent une action majeure parmi d’autres en matière de promotion des droits des femmes et des jeunes filles.

Cette année, l’accent a été mis sur la digitalisation, le harcèlement en ligne et les violences numériques, dont les conséquences peuvent être particulièrement graves. L’implication de tous les acteurs a permis de placer la jeune fille au cœur des préoccupations. Aujourd’hui plus que jamais, le ministère demeure déterminé à protéger ces jeunes filles, souvent confrontées à des inégalités, à des situations de vulnérabilité ou de handicap, y compris dans les structures de santé.

À votre niveau, quelles sont les actions concrètes que vous comptez mettre en œuvre pour arriver à bout de ce phénomène ?

Notre approche repose sur la prévention, la sensibilisation, le plaidoyer, mais aussi sur l’accompagnement et la prise en charge. Des centres holistiques ont été mis en place pour accueillir les victimes, assurer l’écoute, l’accompagnement médical et l’assistance judiciaire. Ces centres offrent un cadre sécurisé où les victimes peuvent être prises en charge dans la discrétion et la dignité. Il s’agit de leur permettre de se reconstruire sans stigmatisation, avec l’écoute et l’accompagnement nécessaires pour surmonter les traumatismes liés aux violences subies.
Mais surtout pour dire aussi que les personnes qui n’ont pas accès à ces centres holistiques peuvent utiliser la ligne 116 gratuitement. C’est un numéro vert qui permet de parler à un opérateur de sa situation, mais surtout dans les cas où elles ne se sentent pas en sécurité, de bénéficier de l’appui et de la prise en charge du ministère par les voies nécessaires, donc pour les aider.

Il est aussi possible par ce canal de dénoncer, dans l’anonymat, des cas de violences sur les femmes et les enfants. C’est donc pour dire qu’en tout cas à notre niveau, nous essayons par beaucoup d’actions de prendre en charge ces filles en situation de vulnérabilité.
À partir de la ligne 116, le ministère peut activer les mécanismes appropriés pour assurer l’appui et la prise en charge nécessaires. À notre niveau, nous multiplions les actions pour accompagner et protéger les filles en situation de vulnérabilité.

Ces centres holistiques existent-ils partout dans le pays ?

Non. À ce jour, quatre centres holistiques ont été inaugurés, notamment à Dakar, Kaolack, Kaffrine et Fatick. Notre ambition est d’en disposer dans toutes les régions.

En attendant, dans les zones non couvertes par ces centres, les Maisons de la femme et les Cedaf jouent également le rôle de structures d’accueil et d’accompagnement pour les femmes confrontées à ces situations à travers les boutiques de droit implémentées en collaboration avec l’Association des juristes sénégalaises. La ligne 116 reste, par ailleurs, un outil central pour pallier les limites géographiques.

Quelles sont les avancées notées dans les programmes de protection des enfants et des femmes, notamment en matière de prévention de violence ?

Concernant la protection des enfants, en particulier ceux dans les rues, des assises nationales seront organisées très prochainement. Une instruction sera donnée à l’ensemble des acteurs afin qu’ils s’asseyent ensemble et prennent ce problème à bras-le-corps pour identifier des solutions durables. Le Sénégal a ratifié l’ensemble des conventions internationales et adopté les lois nécessaires pour garantir la protection des enfants.

Le défi qui demeure aujourd’hui concerne surtout l’applicabilité effective de ces textes et la mise en place d’une méthode adaptée, fondée sur une véritable stratégie nationale.

Mais qu’est-ce qui reste maintenant ?

Ce qui reste, c’est avant tout l’opérationnalisation des lois et la définition d’une stratégie nationale cohérente. Des actions ont été engagées, mais les assises permettront de formuler des propositions concrètes et partagées. Parmi les acteurs essentiels figurent les « daaras », qui doivent être pleinement associés à la réflexion. Il est également indispensable de se pencher sur les conditions de vie dans ces structures.

C’est pourquoi des assises spécifiques seront organisées sur cette question. Le problème dépasse largement celui des enfants de la rue : il touche à l’éducation, à la famille et à l’accompagnement social. La famille, en tant que première institution sociale, joue un rôle fondamental et peut permettre de résoudre de nombreux problèmes en amont.

Dans la rue, il n’y a pas que les enfants, d’autres acteurs, des étrangers souvent, partagent cet espace avec eux. Ces derniers seront-ils pris en compte dans la stratégie d’éradication des enfants en situation de rue au Sénégal ?

Oui, cette dimension est pleinement intégrée dans la stratégie. La situation des enfants en situation de rue est étroitement liée à la mendicité, qui constitue le cœur du problème. Si certains maîtres coraniques sont parfois mis en cause, il faut aussi reconnaître l’existence d’un véritable dispositif organisé autour de la mendicité, qui va jusqu’à l’utilisation de technologies comme les codes QR.

Il ne s’agit pas uniquement de Sénégalais. Ces derniers temps, grâce à une collaboration étroite avec le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, des campagnes conjointes ont été menées. Pas plus tard que la semaine dernière, près de 800 personnes ont été rapatriées, avec des mesures strictes pour éviter toute récidive. Ces actions ont permis de réduire de manière significative la présence de familles entières dans la rue, où les enfants sont particulièrement exposés.

Quand comptez-vous organiser ces assises sur les enfants en situation de rue ?

Initialement prévues pour le mois de décembre, ces assises se tiendront finalement au début de l’année 2026, Inch’Allah. Toutefois, les concertations ont déjà commencé. Nous tenons à impliquer l’ensemble des parties prenantes, notamment les guides religieux, dont le rôle est déterminant dans la recherche de solutions durables.
Vous avez évoqué tantôt la question du dossier de l’indemnisation des victimes des événements politiques de 2021-2024. Cette question suscite encore beaucoup d’attentes et d’interrogations.

Où en est le processus et quelles sont les garanties que le gouvernement donne pour assurer une prise en charge juste et transparente à l’égard des victimes et des familles des martyrs ?

Il s’agit d’un dossier d’une extrême sensibilité qui suscite naturellement beaucoup d’attentes. Le président de la République a été animé par un souci d’équité et de solidarité. Il ne s’agit pas d’indemnisation au sens juridique du terme, comme certains ont pu l’interpréter pour des raisons politiques, mais bien d’un appui social destiné à des Sénégalais ayant subi des préjudices graves : pertes humaines, handicaps, traumatismes physiques et psychologiques.

Le ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités a été chargé de cette mission.

En travaillant sur le terrain, nous avons mesuré l’ampleur de la souffrance des victimes et de leurs familles. En faisant ce travail, j’ai vu la gravité de la situation des victimes, des gens qui ont perdu un membre de leur corps, des gens qui sont devenus handicapés à jamais, traumatisés. On parle beaucoup de l’aspect physique, mais il y a des gens qui ont subi des traumatismes qui ont laissé des séquelles. Un volet psychosocial qui n’est pas du tout pris en charge. C’est triste. C’est une situation terrible que je vis personnellement au niveau de l’accompagnement et de la prise en charge. Le président de la République nous a demandés d’être là, d’être à côté de ces personnes victimes et de les accompagner.

Un montant de 1,800 milliard de FCfa a été mis à disposition. Nous n’avons pas attendu l’ensemble des financements annoncés pour agir, notamment pour les blessés nécessitant une prise en charge urgente. Des appuis financiers de 500 000 FCfa ont été accordés aux victimes, blessés et ex-détenus, tandis que les familles des personnes décédées ont bénéficié d’un accompagnement de 10 millions de FCfa chacune.

À ce jour, 2 089 ex-détenus sur 2 190 ont été accompagnés, ainsi que 34 familles de victimes. Ce travail se poursuit et se poursuivra, dans un esprit d’humanité et de solidarité. Pas plus tard que ce matin (l’entretien a eu lieu le mercredi 17 décembre, Ndlr), j’ai encore vu un cas qui m’a vraiment fendu le cœur. Pour ces genres de cas, nous ne pouvons pas attendre, nous faisons le nécessaire pour prendre les mesures qu’il faut.

Donc il ne s’agit point d’indemnisation, mais juste d’une assistance sociale ?

Il s’agit effectivement d’une assistance sociale qui relève des prérogatives de l’État et, en particulier, de notre ministère en charge de la Protection et de l’Équité sociale. Ces personnes sont des Sénégalais et disposent des mêmes droits que tout citoyen en situation de vulnérabilité. Leur accompagnement est donc légitime et normal. Tout a été fait dans la transparence, avec une communication régulière des chiffres. Il ne s’agit ni d’un traitement partisan ni d’une faveur politique, mais d’un acte humanitaire.

Parlons des bourses de sécurité familiale, suspendues depuis quelques mois. Quand cette mesure sera-t-elle levée ?

La suspension n’était pas volontaire. Elle a été décidée sur instruction du président de la République afin de procéder à un audit approfondi, à l’extension du Registre national unique et à la re-certification de la base de données du Programme national des bourses de sécurité familiale. De nombreuses anomalies ont été constatées, notamment des bénéficiaires percevant plusieurs bourses au sein d’une même famille. Ces corrections étaient nécessaires pour garantir l’équité. Il fallait prendre le temps de corriger, mais surtout de faire travailler toutes les personnes, tous les acteurs, les préfets, les chefs de village pour que le travail puisse se faire dans les normes. Une phase de restitution et de réclamation est prévue, avec une ligne verte dédiée pour signaler toute irrégularité.
Aujourd’hui, il faut rappeler que sur les 122 milliards de FCFA du budget voté pour le ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités, 35 milliards ont été consacrés au programme des bourses de sécurité familiale. Un montant qui, au regard des besoins et de ce qui se faisait auparavant, demeure insuffisant.

En effet, dans le cadre du Pnbsef, près de 12 milliards de FCFA étaient mobilisés par trimestre, soit environ 48 milliards de FCFA sur une année. Or, avec les 35 milliards actuellement prévus, seuls trois trimestres pourront être couverts.
C’est dans ce contexte qu’une communication a été faite la semaine dernière en Conseil des ministres, afin d’expliquer clairement que cette enveloppe ne permet pas de prendre en charge l’ensemble de l’année. Des propositions ont été soumises au président de la République et nous attendons ses instructions, qui orienteront les actions à mener.

Au-delà de cette question budgétaire, cette communication a également permis d’aborder la problématique plus large de la protection sociale, mais surtout celle de la sécurité économique des ménages vulnérables.

L’assistance financière est nécessaire, mais elle ne peut constituer une solution durable. Il ne s’agit pas seulement de donner, mais aussi de proposer des alternatives permettant aux familles de sortir durablement de la précarité.
Ainsi, au lieu d’un appui trimestriel de 35 000 FCFA, il est possible d’envisager des mécanismes plus structurants, comme la dotation en bétail ; deux moutons, deux chèvres ou un bœuf, afin de permettre aux bénéficiaires de développer une activité génératrice de revenus. C’est dans cet esprit que nous avons proposé, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, des concepts tels que « une femme, trois brebis et un géniteur », visant à renforcer l’autonomisation économique des femmes. Toutefois, cette transition doit être progressive.

Dans un premier temps, l’assistance et l’accompagnement restent indispensables, le temps que les ménages se stabilisent. Ensuite, l’objectif est d’aller vers des projets durables d’autonomisation familiale, afin que ces familles deviennent productives et moins dépendantes de l’aide sociale.
Il est encore question d’élargir le Registre national unique à 1 million de ménages.

Qu’est-ce qui soutient cette option-là ?

L’extension du Registre national unique (Rnu) s’inscrit dans une stratégie à moyen et long termes. Elle ne sera pas immédiate, compte tenu du contexte économique difficile. Toutefois, la reprise des bourses familiales constitue déjà un acquis important. En parallèle, d’autres programmes ont été mis en œuvre, notamment le Programme de résilience agricole et le Programme de sécurité alimentaire, qui ont permis d’accompagner des milliers de ménages vulnérables à travers des transferts monétaires ciblés. L’objectif final est de passer progressivement de l’assistance ponctuelle à l’autonomisation durable des familles.

Quels sont vos projets majeurs pour 2026 ?

Les projets majeurs engagés par le ministère s’articulent essentiellement autour d’un vaste chantier de réformes. L’Office national des pupilles de la Nation est au cœur de cette dynamique de transformation. Il s’agit d’ailleurs de l’une des premières réformes envisagées, avec la révision du décret qui l’encadre, afin de revoir les critères d’éligibilité ainsi que les conditionnalités d’accès aux prestations.
Dans ce cadre, le président de la République a donné des instructions claires pour une meilleure prise en compte des victimes des périodes difficiles traversées par le pays, notamment à travers l’intégration des enfants de ces victimes dans les dispositifs de protection existants. Des concertations inclusives seront organisées dès le début de l’année prochaine pour définir les modalités concrètes de cette prise en charge.

Parallèlement, plusieurs textes structurants sont annoncés ou en cours d’élaboration. Il s’agit notamment de la loi sur la protection sociale, de la loi sur l’autonomisation des femmes et de la loi relative à la protection des enfants. À cela s’ajoutent des assises nationales consacrées aux enfants en situation de rue, ainsi qu’aux conditions de vie dans les daraas. Ces réflexions devront également permettre d’aborder certains aspects jugés essentiels du Code de la famille et du Code de l’enfant, dans une perspective d’actualisation et d’adaptation aux réalités sociales actuelles.

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