Macron face à un choix épineux

Arthur revient sur la ZAD avec sa mère. Ils ont fait vivre et crée ce lieu Isoleight avant de décider de ne pas s' installer définitivement sur la ZAD. Ils reviennent de temps en temps revoir des amis.

INFOGRAPHIE – Les trois médiateurs nommés en juin dernier rendent mercredi leur rapport sur ce dossier piégeux. Emmanuel Macron tranchera d’ici fin janvier. Une décision qui suscitera forcément des tensions.

Après déjà plus d’un demi-siècle d’existence, le projet controversé de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) devrait enfin connaître un proche dénouement. Ce mercredi constitue la dernière étape avant la décision définitive du président Macron, qui dans les prochaines semaines se prononcera sur l’abandon ou non d’un nouvel aéroport dans la région Grand Ouest. Dans la journée, en effet, les trois médiateurs nommés en juin dernier rendent leur rapport sur cet épineux dossier qui oppose les pros et les anti-«Notre-Dame».

Or, depuis des années, ces derniers ont pris le dessus. Alors que le transfert de l’aéroport Nantes-Atlantique vers Notre-Dame-des-Landes avait été tranché par le pouvoir politique mais aussi par les électeurs par voie de référendum en 2016, plusieurs centaines de zadistes bloquent le projet. Vivant dans des tentes ou des bâtisses délaissées, ces derniers occupent les 1239 hectares choisis pour accueillir la future plateforme. Au lieu de reprendre en main le dossier où il avait été laissé et de décider l’évacuation de la ZAD, Emmanuel Macron, une fois au pouvoir, en mai dernier, avait donc choisi une autre option. Celle de s’accorder du temps avant de trancher en demandant ce nouveau rapport.

Les deux cents auditions menées depuis par les médiateurs et les nouvelles expertises commandées par ces derniers s’ajoutent ainsi aux innombrables autres études réalisées depuis 1965, date de naissance du projet. Au terme de ce fastidieux travail de terrain, on aurait pu s’attendre à ce que la médiation livre sa préférence: pour l’agrandissement de l’aéroport de Nantes-Atlantique ou pour son transfert vers Notre-Dame-des-Landes. Il n’en est rien. Le rapport dresse pour chacune de ces solutions l’inventaire des avantages et des inconvénients. La conclusion devra donc, en quelque sorte, être écrite par le chef de l’État en faisant connaître son choix avant la fin du mois de janvier. «Quelle que soit la décision que nous prendrons à propos de Notre-Dame-des-Landes, ce projet doit doter le Grand Ouest d’une structure qui lui permette d’être relié au reste de l’Europe», a-t-il déclaré mardi dans un entretien au Monde. Et c’est tout l’enjeu de ce dossier. En surchauffe avec 170 jours de saturation par an, Nantes-Atlantique, doté d’une seule piste, est aujourd’hui sous-dimensionné par rapport aux besoins de la région.

Des riverains en colère

Une fois le rapport entre leurs mains, opposants et adversaires vont, à sa lecture, soupeser le poids des avantages et des inconvénients pour deviner dans quel sens pourrait pencher le choix présidentiel. Or, déjà, des extraits de ce volumineux document ont été ébruités. Ces fuites font apparaître que de nouvelles expertises commandées par la médiation diffèrent de celles menées quelques années plus tôt. Ainsi, les médiateurs, qui s’appuient sur une nouvelle étude, fixent entre 415 et 545 millions d’euros le coût du réaménagement de l’actuel aéroport. Or le travail de 2013 mené par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) l’avait estimé à 825 millions d’euros. Les opposants à Notre-Dame-des-Landes avaient, eux, avancé un prix «bradé»: 175 millions d’euros pour remettre à niveau l’actuelle plateforme. La guerre des chiffres risque donc d’être relancée.

Mais s’il faut apprécier les projets en fonction de leur coût, cette nouvelle fourchette ne doit pas s’analyser seule. Si l’extension de l’actuel aéroport était retenue, il faudrait aussi tenir compte de la lourde indemnité que l’État devrait verser à Vinci. Depuis 2010, le groupe a été désigné pour construire et exploiter durant cinquante-cinq ans le futur aéroport Notre-Dame-des-Landes. En cas d’abandon du projet, il demandera alors dédommagement et un chiffre, déjà, circule: celui de 300 millions d’euros.

Dans quel sens tranchera le président Macron? Comme si la crainte de ne pas être écouté dominait dans leur camp, les partisans du transfert ont battu le rappel jusqu’au dernier moment. Après des manifestations et des conférences la semaine dernière, des riverains en colère, qui n’en peuvent plus du bruit des avions venant de Nantes-Atlantique, ont décidé de se rendre, ce mercredi, à Paris. Auprès de parlementaires qui les recevront, ils veulent une fois de plus défendre le projet d’une nouvelle infrastructure, loin d’un tissu urbain dense et de milliers de foyers.

Mais quel que soit son choix, Emmanuel Macron devra libérer la ZAD de ses occupants qui ont investi les lieux en toute illégalité. De nombreux habitants, proches de la zone et qui dénoncent les violences commises par un groupuscule d’activistes, le réclament et crient à l’abandon de l’État. Cette évacuation, tentée en 2012 et qui avait échoué, semble inévitable. Elle sera pour le chef d’État la partie la plus délicate à gérer. À travers ce dossier, son image et son autorité sont en jeu.

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