Par Daouda NDIAYE : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps » (Abraham Lincoln).
La déception, le découragement et le rejet sont tels que, envoyer Robert Bourgi faire l’éloge de Macky Sall, ou plaider sa cause, relève d’une grossière erreur de communication, qui ne fait qu’aggraver la rupture entre le peuple et celui-ci (Macky Sall). D’autant que, ce discours biaisé est creux, et n’apporte rien, de plus, le timing pour un tel plaidoyer est très discutable, pour causes, une partie de la population est plongée dans un état d’assoiffement indescriptible depuis un certain temps.
Sans revenir sur le contenu de l’interview du « diplodocus » de la barbouzerie (Robert Bourgi), il est permis de penser, voire d’affirmer qu’il faut vraiment être en situation de réelle perte de vitesse, ou de fin de « règne » pour faire appel à un tel personnage, qui a perdu toute crédibilité depuis bien longtemps. Autrement, à sept mois des élections présidentielles, le décryptage de la sortie de Robert Bourgi s’inscrit dans une visée de faire passer un message (codé), de remobilisation, et de remotivation des troupes pour traduire dans les urnes la théorie de la triche, de la magouille et du vol d’élection, pour faire réélire Macky Sall en 2019 (donc vigilance, l’opposition est avertie).
A notre avis, au-delà d’être grassement rétribué pour son interview, Robert Bourgi est envoyé, ou du moins, a l’aval du président de la françafrique (Emmanuel Macron), qui cherche par tout moyen à garder son pré carré sénégalais. Puisque, avec le président Idrissa Seck l’influence française ne sera plus ce qu’elle est actuellement sous le magistère de Macky Sall. La devise, ou le slogan « Sénégal d’abord » ou « Sénégal first », est bien compris par nos amis et partenaires, mais mal accepté, ou mal apprécié par certains. Ce concept redéfinit les contours de la reprise en main de notre souveraineté, et pose la nouvelle orientation philosophique dans nos rapports avec les autres pays, pour remettre fondamentalement en cause certaines pratiques, à l’exemple celles en cours dans la françafrique.
De notre point de vue, c’est dans un esprit de dénoncer implicitement la volonté de rééquilibrage des relations, principe directeur de la doctrine de Rewmi, et de son président à travers le slogan « Sénégal d’abord », qu’il faut comprendre les déclarations et annonces de Robert Bourgi, l’homme aux ignominieuses corvées. Malheureusement, pour eux, car au-delà du parti Rewmi et de ses militants, les sénégalais sont prêts à faire face, pour déconstruire, ou pour annihiler toute volonté contraire à leurs intérêts. Parce que, après avoir aveuglément adhéré aux discours lénifiants, tels que « la patrie avant le parti » ou encore « un gouvernement sobre et vertueux », mais encore, après avoir vaincu tant d’anfractuosités pour porter Macky Sall au pouvoir en 2012, il n’a eu de cesse pendant plus de six ans de subir. Entre autres, le mensonge, le népotisme, le clientélisme, ou l’autoritarisme, sans oublier l’affaiblissement des institutions, ou le recul de la démocratie et de l’Etat de droit. Pratiques, aux antipodes des raisons ayant motivé le choix de voter massivement pour lui.
Ainsi, il est de bonne guerre d’affaiblir, ou de neutraliser l’adversaire avant tout combat, surtout lorsqu’on s’y emploie avec méthode. Dans l’esprit de Macky Sall, participe de cette démarche pour se mettre en position de gagner « sans combattre », ou de choisir ses potentiels adversaires, l’exil forcé de Karim Wade, ou l’enfermement de Khalifa Sall alors que d’autres ayant commis pire délit, ou des faits similaires sont en liberté. Mame Mbaye Niang (PRODAC) est l’archétype de ceux-ci. Nous reconnaissons bien volontiers, qu’il n’est pas jugé et condamné, tout comme, il faut aussi admettre, qu’il n’y a pas d’instruction judiciaire, parce que, la justice n’est pas saisie, et elle ne s’est pas autosaisie.
Présentement, Macky Sall pense avoir mis plus, ou moins hors-jeu, ou hors de compétition Khalifa Sall et Karim Wade. Tout comme, il comptait sur le parrainage pour isoler, voire limiter la sphère d’espérance de ses adversaires, et notamment Idrissa Seck. Par ces manœuvres antidémocratiques, il cherche à se frayer un boulevard pour passer au premier tour. Pourtant, au regard de la configuration du paysage politique du pays, avec l’émiettement de l’électorat, une telle probabilité est du domaine des prédictions ésotériques. N’empêche, il feint d’y croire, ou de pouvoir le faire par des méthodes immondes avec le truchement de son ministre de l’intérieur (Aly Ngouille Ndiaye).
Même si Robert Bourgi n’a plus de crédibilité, sa conversation peut être comprise, et lue comme s’inscrivant dans une subséquence, d’informations inquiétantes, qui mettrait dangereusement Macky Sall en situation de ballotage défavorable. D’où, ce message crypté (en apparence), est seulement destiné aux militants de l’APR, et ceux de la coalition Benno Bokk Yakkaar pour les remobiliser.
L’opposition politique ne doit pas perdre de vue, qu’atteindre le palais de la République, et s’y installer c’est vaincre autant de difficultés politiques. Elle doit en plus savoir que la mollesse en tout domaine, ou la priorisation de la démarche diplomatique pour faire valoir ses droits, ou ses revendications ne peut venir à bout de Macky Sall, décidé à rempiler en 2019, par tout moyen. En ne changeant pas de paradigme pour se faire entendre, d’ici les élections présidentielles, il est malheureux de penser et de dire, elle (l’opposition politique) risque de contribuer (involontairement sans doute), à sa déroute aux élections présidentielles de 2019. Sans cartes d’identité nos concitoyens ne peuvent exprimer leur votation, sans être un extrémiste, il faut néanmoins constater, toute protestation ayant pour objet, la remise desdites cartes, s’inscrit légitimement dans l’ancrage de la démocratie, d’autant que l’obligation de restitution incombe à l’Etat, et doit être satisfaite sans condition.
Nous ne saurions conclure, sans aborder la question de l’arène de lutte, surtout son financement qui pose un problème majeur et interpelle. L’Etat nous informe qu’il a couté des milliards, et toujours selon eux, c’est un don, ou une aide de la Chine (selon). Le don doit être retenu (nous remercions au passage la Chine), puisque Xi Jinping ne va pas faire des milliers de kilomètres, pour seulement venir assister à la chute d’un cheval, ou pour remettre à son homologue sénégalais, la clef d’un édifice immobilier qui lui est totalement étranger. Au même moment, ou pendant le même temps, la Chine a construit une université au Rwanda, et un hôpital au Niger, donc nous sommes légitimement en droit d’être suspicieux. Tout ceci pour dire, Macky Sall et ses amis de l’Etat APR tentent une fois encore de spolier des milliards au peuple.
Daouda NDIAYE
Juriste/Analyste politique