Je n’avais jamais douté que le Président Macky SALL allait nous servir le même discours avec les mêmes rhétoriques sulfureuses d’émergence. Je n’arrive toujours pas à trouver les bonnes réponses aux questions qui m’assaillent. Je m’interroge, je m’inquiète, je deviens de plus en plus sceptique sur « leurs capacités intellectuelles » à relancer l’économie de ce pays. Ils sont plus dans une logique d’une économie recettes/ dépenses. Mais qui, bon sang, peut leur expliquer ce qu’est un système de création de richesses ?
Bientôt près de dix (10) ans et rien de concert. Je pensais naïvement que Macky SALL allait faire le point dans son discours du 31 décembre 2022. Ce fut un 31 décembre, la fin d’une année civile. Comme dans toutes les organisations, « les actionnaires » ont droit à un bilan. Mais que nenni, Macky SALL a décidé de faire passer l’année 2022, par pertes profits…Le bon sens aurait voulu qu’il fasse au moins le point sur le Plan Sénégal Émergent (PSE). La platitude du discours peut laisser penser qu’il a été conçu par le couple Farba NGOM & Khadim SAMBE les nouveaux spins docteurs du palais.
Aucun des problèmes de fond du pays n’a été abordé, le Président Macky SALL s’étant plutôt évertué à lister une série de réalisations. Pas un mot sur le secteur privé national ; je peux comprendre qu’il ait jugé de ne pas en parler car l’ayant réduit à sa plus simple expression. La problématique de l’emploi des jeunes ne semble pas non plus être la tasse de thé du Président Macky SALL… Ayant passé de transformation structurelle de l’économie au concept bateau « xeyu ndawy »i qui traduit un échec patent, la meilleure attitude fut de ne pas faire mention de cette problématique. Tétanisé par ceux qui tapent sur les bols et qui lui ont montré que c’est lui qui ne faisait plus partie de l’avenir du Sénégal, le Président Macky SALL donnait l’impression d’un capitaine sur un navire sans gouvernail dans le flot des océans… il donnait l’impression de vouloir nous prouver qu’il avait appris ses leçons et qu’il avait bien travaillé. Face à un jury que représente le peuple sénégalais, le Président Macky SALL donnait l’impression d’implorer la clémence dans la mesure où ce même peuple ne semblait pas convaincu de son bilan annuel et ne ressentait pas les bienfaits de ses réalisations. Mais la plus cocasse, c’est qu’après onze (11) années de pouvoir, Macky SALL se mette à nous rappeler ce qu’est une Nation… Un ressort a dû probablement se casser quelque part.
Croissance, Le Président Macky SALL semble avoir un problème de compréhension de ce concept qui était l’axe central de son message. La répétition étant pédagogique il serait judicieux de lui rappeler que malgré son PSE, un nombre croissant de Sénégalais ont tenté l’année dernière de rejoindre l’Europe à bord d’embarcations de fortune, avec à la clé des pertes de vies humaines que les ONG estiment à des centaines, faute de chiffres officiels. Malgré son PSE, le taux d’analphabétisme au Sénégal dépasse les 50% ; réussir à l’université ne garantit pas de s’extraire de la pauvreté, soulignait Yves Nzalé, coordonnateur d’un collectif de diplômés sans emploi. Malgré son PSE, quelques trois cent mille (300.000) Sénégalais décrochent chaque année un diplôme de l’enseignement supérieur, mais seuls un tiers d’entre eux trouvent du travail, explique-t-il en évoquant une situation « compliquée », « déplorable » et même « de désespoir », malgré le PSE du Président Macky SALL. Selon Charles Robertson, économiste à la banque d’affaires Renaissance Capital, le modèle de développement du Sénégal, avec l’accent mis sur les infrastructures et porté par les investissements étrangers, a certes créé de la croissance, mais pas nécessairement de l’emploi. « En termes macroéconomiques, le Sénégal fait bonne figure, mais l’homme ou la femme de la rue n’a rien ressenti de fantastique ».
Ces discours lénifiants sur la croissance que tient le Président Macky SALL à des populations sénégalaises désespérées, affamées et humiliées n’ont aucun rationnel. Il doit arrêter de leurrer les populations et de se leurrer lui-même, en agitant ces histoires de taux de croissance. La bonne question est donc celle de savoir qui a vraiment profité de cette richesse qui déjà été distribuée du côté des acteurs privés qui ont contribué à créer ce surplus de richesse. Tous les Sénégalais seraient très curieux de connaître l’impact des investissements comme le stade Abdoulaye WADE, l’ARENA, le TER (structurellement déficitaire), Air Sénégal (un mort-né qui a couté une fortune au contribuable sénégalais) sur leur pouvoir d’achat, mais également sur l’insertion des jeunes diplômés…
Le Président Macky SALL doit savoir que, se développer, c’est sortir du modèle de l’exportation des matières premières ; se développer, c’est faire du secteur secondaire et industriel une priorité. Quand on parle de développement, on ne brule pas les étapes, chaque chose se fait selon un ordre, priorité par priorité : une bonne politique de santé, une bonne politique de jeunesse, une bonne politique pour d’éducation. L’ensemble doit être soutenu par un secteur privé national fort.
Le Sénégal est moins industrialisé aujourd’hui qu’il ne l’était du temps des Socialistes. L’investissement privé dans les industries modernes, en particulier dans les biens échangeables, reste trop faible pour soutenir la transformation structurelle de notre économie. Baldy AGNE, le Président du Conseil National du Patronat (CNP), le 9 septembre 2022, sonnait l’alarme en ces termes : «Nous plaidons pour plus d’engagement à nos côtés de l’administration publique, plus de patriotisme économique, moins de haine de soi, moins de stigmatisation et de suspicion des privés nationaux qui gagnent des marchés et, enfin, de nouvelles règles de complémentarité avec l’investissement direct étranger». Abdoulaye SYLLA, le patron du club 50% préférence nationale (C 50% PN), explique en ces termes ‘l’objectif du Club : «Le but de C 50% PN est de placer l’entreprise sénégalaise au cœur de l’économie nationale. Il s’agit de travailler à la création de champions nationaux qui relèvent le défi de l’émergence par la croissance, l’emploi et l’inclusion sociale ». A défaut de museler l’opposition, ils sont quand même arrivés à réduire le secteur privé à sa plus simple expression. Ce gouvernement a atteint ses limites : ce n’est pas qu’ils ne veulent pas, mais ils ne peuvent pas et ne savent pas travailler.
Macky SALL a terminé son discours en ces termes : « Nul ne doit s’imaginer plus grand ou plus fort que cette Nation qui nous abrite tous ». Celui qui se croit plus fort que notre Nation, est tout désigné par Alioune Ndao, ancien Procureur spécial de la CREI : « Je manifeste mon soutien total à Ousmane Sonko dans cette épreuve injuste que Macky SALL est entrain de lui faire subir. Pour Macky SALL, le seul CRIME qui existe au Sénégal c’est le fait d’être OPPOSANT. C’est pourquoi il a sous son aile protectrice tous les délinquants à col blanc qui ont volé les milliards ».
Je ne peux terminer mon texte sans avoir une forte pensée pour Papito Kara, Othmane Diagne, Fadilou Keïta et tous ces jeunes privés de liberté à cause de leur choix politique.
Patriotiquement…..
Lansana Gagny SAKHO
Membre du Cabinet du Président
PASTEF les Patriotes