Après les législatives suivies de la formation du gouvernement et toute cette vague de rébellion dans le Macky, des voix continuent à se faire entendre. Parmi celles-ci, celle de Lamine Bara GAYE, responsable apériste à Mbacké, un des départements absents de l’attelage gouvernemental. Entre autres questions évoquées avec lui la défaite de BBY à Touba, l’absence des cadres de ce département dans la nouvelle équipe de Dionne 2, le nouveau bureau de l’assemblée qui va être installée. Sur toutes ces questions et bien d’autres encore, ce membre de la convergence des Cadres républicains par ailleurs initiateur de la nouvelle instance dénommée Cellule Initiative et Alerte ( C.I.A) parle à cœur ouvert. Interview…
M. Bara GAYE, votre coalition BBY a encore essuyé une énième défaite à Touba-Mbacké, avec le recul quelles en sont les causes selon vous ?
Effectivement, nous avons encore perdu lors de ces législatives le département de Mbacké, une défaite encore très amère à avaler. Me concernant, je prends à témoin les autorités de notre parti et même l’opinion nationale, j’ai alerté par tous les moyens à ma disposition, j’ai écrit des correspondances au Président du parti, tenu un meeting suivi d’un point de presse le 21 mai 2017 au théâtre de verdure de Mbacké pour donner ma position sur les risques encourus. Malheureusement, je n’ai pas bénéficié de l’attention requise, on a laissé Moustapha Cissé LO tripatouiller les listes des investitures, y mettre des personnes impopulaires et le résultat est connu, nous avons été sanctionnés dans les urnes.
Mais les investitures ne peuvent pas seulement justifier cette défaite, puisque c’est la troisième après les locales et le référendum :
Effectivement il y a d’autres causes comme les défaillances notées dans le dispositif organisationnel et là aussi, il faut reconnaitre que l’administration a une grande responsabilité sur ce qui s’est passé à TOUBA le jour du scrutin avec le saccage des bureaux par les responsables du PDS. Le ministère de l’intérieur à travers la Direction des élections n’a pas mis les moyens que requiert l’organisation d’un tel vote à Touba qui compte plus de 500bureaux qui doivent tous, être logés dans des abris provisoires.
A ces insuffisances s’ajoutent bien entendu, les intempéries liées à la pluie tombée la veille et le retard criard accusé dans la mise en place du matériel électoral, tout ceci à contribuer à faire naitre chez les électeurs un sentiment d’exaspération savamment exploité par nos adversaires libéraux qui ont déclenché les saccages. Dans tous les cas, moi je dis que les autorités administratives ont fauté puisqu’ un état ne doit pas se faire surprendre surtout quand on a, en face de soi un parti comme le PDS dont la seule arme a toujours été la violence et la terreur. Enfin autre cause et pas des moindres de notre débâcle, a été le fait que l’essentiel des ressources de la campagne (des millions d’ailleurs) a été remis à des religieux et autres transhumants libéraux qui ne représentent plus rien en poids électoral au détriment de nous qui sommes les responsables légitimes du parti. A cette situation s’ajoute l’urgence pour notre gouvernement de réaliser des infrastructures à impact social visible à Touba, à Mbacké et dans les communes rurales. Je veux parler des postes de santé, l’extension des réseaux électriques et hydrauliquesdans les quartiers périphériques, certaines pistes rurales à réaliser, l’achèvement du stade de Mbacké, l’emploi des jeunes du département, le financement des activités des femmes et biens d’autres encore. La réalité reste que toutes ces doléances n’ont pas encore connu de début de solutions et les populations ne peuvent attendre. Quand arrive le vote, elles sanctionnent le pouvoir.
M. GAYE, venons-en à présent à la formation du gouvernement qui suscite encore des vagues de protestations dans votre parti ? Qu’elle lecture en faites-vous ?
Effectivement, je note comme tout le monde ces sorties de responsables et pas des moindres puisque étant des membres de l’équipe sortante ou des responsables nationaux. En tout état de cause, je pense que le Président Macky SALL est suffisamment conscient des enjeux de l’heure et il ne peut pas, ne pas faire une lecture assez lucide du signal sorti des urnes le 30 juillet passé.
Sans chercher à lui donner de leçons, je pense à mon humble avis que même c’est impératif, qu’il aille plus loin dans sa démarche de changer radicalement des hommes dans notre dispositif politique et à tous les échelons de l’appareil étatique.
Après les départs notés au niveau des ministres, il faut qu’il continue le nettoyage des écuries d’Augias et partout, dans les directions, sociétés nationales et autres institutions politiques. Je ne suis pas en train de dire qu’il faille tout politisertout de suite mais à mon avis les postes politiques doivent revenir aux responsables qui mouillent le maillot, descendent à la base et sont au contact des populations. Voilà plus de cinq ans que le Président Macky a donné gracieusement des postes éminemment politiques à des gens qui ne nous sont d’aucune utilité. Cette situation est préjudiciable à la marche du parti.
Donc selon vous cette situation est porteuse de risques pour la victoire en 2019 ?
Absolument. Regardez les chiffres sortis du scrutin du 30 juillet. Au plan national, même si nous avons une large majorité avec 125 députés sur les 165, nous ne sommes qu’à 49% des suffrages valablement exprimés. Voyez ce qui se passe à Dakar, avec tout le personnel politique que compte notre appareil en termes de Ministres, DG, PCA, Maires, Députés et autres responsables, malgré le fait que Khalifa Sall soit absent physiquement de la campagne, nous y avons perdu 7 grandes communes sur les 19 .
Pire encore si vous additionnez les voix de la Coalition Gagnante à celles du PUR, je ne dis même pas celles de Manko de Khalifa, cela dépasse largement les nôtres.
Quel responsable ose soutenir qu’il n’y a pas danger à ce niveau sur le chemin de 2019?
Imaginez si nos amis du PDS avaient réussi à former le même bloc avec Khalifa à Dakar ?
Rappelez-vous le suspens qui a alimenté la polémique durant des jours sur la liste vainqueur à Dakar. Demandez à nos ministres et autres responsables de Dakar, pourquoi ils n’ont pas jubilé ou pavoisé après leur victoire que d’aucun qualifie d’ailleurs de victoire à la Purus.
Voilà une des raisons pour lesquelles moi et d’autres cadres du parti avons lancé la Cellule Initiative et Alerte pour porter le combat sur certaines questions, défendre et accompagner l’action du gouvernement.
Votre département MBACKE est absent du gouvernement, qu’en dites-vous ?
Pour dire vrai cela m’a surpris. Nous sommes d’accord que c’est du pouvoir constitutionnel du Président de former le gouvernement en rapport avec son Premier ministre.
Mais Mbacké n’est pas n’importe quel département dans ce pays. Au plan démographique, économique tout comme politique nous sommes le deuxième département après Dakar. Malgré la défaite Mbacké a donné à Macky SALL 37.000voix et si le vote s’était déroulé correctement nous serions largement au-dessus de ce chiffre. Citez-moi même par les départements que nous avons gagnés il n y a beaucoup qui n’ont pas atteint ce chiffre.
Je vous dis une chose si Macky ne travaille pas à reprendre rapidement le département de Mbacké, nous allons droit au deuxième tour en 2019.
Je vous parle en connaissance de cause, l’expérience a montré que pour l’élection présidentielle, tout candidat qui n’atteint pas la barre des 60% à Touba –Mbacké passe forcément au 2e tour. Le scénario s’est déjà produit en 2000 avec Abdou DIOUF, en 2012 avec WADE et là Macky Sall pour le moment reste entre 20 et 25% à Touba-Mbacké.
Alors vous voyez pourquoi j’alerte puisque le risque est gros.
Votre dernier mot Mr GAYE ?
Lancez encore un dernier mot au Président de notre parti de reprendre en mains la gestion du parti dans notre département. De tirer les leçons de tout ce qui s’est passé et surtout de dissocier les chefs religieux des responsables politiques. Figurez-vous que depuis 2012 le Président n’a jamais reçu les responsables du département à Dakar, la seule occasion à laquelle nous le voyons c’est durant le grand magal. Macky Sall ne connait pas les responsables du département alors qu’il y en a qui gagnent leur commune depuis DEKKEL Ngor en 2009.
DakarActu