Macky Sall a-t-il abandonné Lamine Diack à Paris ?

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J’ai été étonné de constater que la visite du Président Macky Sall à Paname n’aura pas permis d’avancer sur le dossier de la libération du doyen Lamine Diack.

Il est inconcevable que la France nous manque de respect à ce point sur le cas de ce doyen octogénaire, en décidant insolemment de le maintenir sous contrôle judiciaire, et donc de le retenir contre son gré sur son territoire. C’est un signe de manque de considération notaire à notre pays. Et d’absence de considération respectueuse due aux personnes de son âge. En plus, quand il s’est agi de répondre aux exigences financières des justiciers de Paris, un élan de solidarité exceptionnelle a réuni tous les fils de la Nation qui ont non seulement contribué financièrement à la prise en charge de sa caution, mais ont même organisé des séances de récital de Coran, pour implorer Dieu qu’une solution définitive soit enfin trouvée, et que ce patriarche rejoigne son pays, et retrouve sa famille.

Nous ne passons certes pas par pertes et profits les faits pour lesquels il est retenu dans une prison à ciel ouvert par une France célébrée pour ses vertus humanistes et son attachement indéfectible au Sénégal, au point que Senghor pourtant survolté par le massacre de Thiaroye s’était écrié « est-ce que la France n’est plus la France », avant d’implorer son seigneur de « [la] placer à la droite du Père », mais, jusqu’ à preuve du contraire, la présomption d’innocence jusqu’ à l’établissement de la culpabilité de l’accusé doit prévaloir, et au vu de la stature de M. Diack, il est urgent de respecter ses droits et de le laisser libre de ses mouvements, en sachant qu’il n’a aucune raison une fois rentré au Sénégal de ne pas aller répondre de ses actes devant la justice habilitée à le juger, ne serait-ce que pour laver son honneur.

Je ne reconnais plus la France sur le dossier spécifique du doyen Lamine Diack. L’insolence de son refus exaspérant de trouver une solution apaisée à cette histoire en le laissant libre de ses mouvements n’a d’égale que la frilosité de notre Etat qui semble hésiter sur la posture à adopter face au comportement des juges français sur le dossier du scandale du dopage de l’IAAF.
Que je sache, aucun russe n’a fait l’objet d’un placement sous contrôle judiciaire avec retrait de passeport. Aucun officiel russe de haut niveau n’a fait l’objet de menaces de poursuites judiciaires concrétisées par l’émission d’un mandat d’arrêt à cause de cette histoire. Aurait –on peur de Poutine au point de ménager ses ouailles, pour ne s’attaquer qu’au menu fretin sénégalais sur lequel tout le monde crie haro comme le pauvre âne de la fable de la Fontaine ?
Il faut que quelqu’un paie, semble t’on en effet dire, du coté français. Une victime expiatoire. Et celle désignée est le doyen Lamine Diack. Et sa famille.

Pourquoi à l’UEFA le Président sortant Blatter n’a pas fait l’objet du même traitement que ses homologues sud américains livrés sans merci à la justice américaine ? Pourquoi Michel Platini a-t-il été soutenu jusqu’au bout par la France et son honneur et son aura préservés par tous les moyens ?

Cette justice partiale est le signe de la faiblesse de nos états dont les fils sont traités à l’aune de la considération accordée à leurs dirigeants. Nous avons tous condamné les soupçons de corruption pour lesquels le doyen Lamine Diack a été épinglé et ses proches visés. Nous avons dit notre honte face à ces pratiques quelque fussent par ailleurs les motivations à la base de certains actes d’apprenti héros à deux sous voulant financer une révolution dans son pays pour mettre fin à la chienlit à l’époque.

Notre opinion a condamné. Notre société a marqué sa réprobation. Si maintenant une justice doit être rendue, quelle soit rendue par les instances internationales dévolues à cet effet en matière de sport, et que tous les protagonistes de cette triste affaire y comparaissent, libres.
S’il s’agit maintenant de le juger pour le principe de rendre une justice exemplaire, le doyen Lamine Diack citoyen sénégalais ayant accédé aux plus hautes fonctions internationales en sa qualité de sénégalais peut bien répondre des actes dont il est accusé au même titre que ses proches devant la justice de son pays.

On nous a fait confiance pour juger Habré. Où bien était-ce une commande pour satisfaire les politiciens français et belges, et non pas le signe d’une maturité de notre peuple capable de prendre en mains propres son destin au plan judiciaire ? Si comme on nous l’avait fait croire à l’époque c’est parce que l’Afrique était capable de juger ses fils, que le doyen Lamine Diack recouvre sa liberté alors et vienne répondre devant la justice de son pays.

Nous connaissons bien la France et sa capacité d’amnésie sélective. A simple titre d’exemple l’attentat au Pakistan contre les ingénieurs français à cause de retro commissions non payées et impliquant de grandes personnalités françaises est toujours vivace dans nos esprits. Jusqu’à présent la justice ferme les yeux sur les coupables, les responsables et les bénéficiaires de ces rétro commissions, qui faute d’avoir payé leur part aux commanditaires de cet attentat, s’en sont acquittés par le sang de leurs compatriotes français.
Pour ce cas précis de l’affaire du dopage présumé couvert pas le doyen Diack, il n’y a pas eu mort d’hommes, que je sache.

Le Président Macky Sall doit exiger de la France la libération immédiate du doyen Lamine Diack. Qu’il rentre au Sénégal. Et qu’on foute la paix à ses proches. En Russie, Poutine n’a rien entamé contre tous les responsables au plus haut niveau cités dans cette histoire. Et personne n’a le toupet d’exiger qu’on lui livre un russe soupçonné d’être impliqué par les accusations françaises.
Il est temps que nous autres sénégalais nous rebiffions. Et exigions de l’Etat qu’il protège ses enfants des dérives et abus comme l’aurait qualifié René Maran de la France contre ses fils.
Le Président Macky Sall est allé en France. Il a tout donné à la France. Il est temps qu’il exige de la France la seule chose que les sénégalais veulent qu’il exige et obtienne : le RESPECT. Et comme premier signe de cette dignité retrouvée, la libération du doyen Lamine Diack, et son retour au Sénégal.

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