Le candidat du Sénégal, Abdoulaye Bathily, a été battu. Il n’a pas été choisi par les Chefs d’Etats africains pour assurer la Présidence de l’Union africaine. Il n’a pas même pas été admis au second, battu qu’il a été dès le premier tour. Les deux finalistes ont été les ministres des Affaires étrangères tchadien et son homologue kényane Amina Mohammed, départagés à l’issue de trois autres tours. Moussa Faki a ensuite été élu à l’issue d’un septième et dernier tour. Abdoulaye Bathily, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi, et l’Equato-guinéen Agapito Mba Mokuy, ont ainsi été d’emblée éliminés dans la course pour remplacer la sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, ex-épouse du Président Zuma.
C’est ainsi la fin d’un long suspense. Bathily a battu campagne, appuyé très efficacement par les autorités sénégalaises qui ont dépêché des émissaires dans nombre d’Etats africains, au moins une quarantaine. Tout indique que des assurances avaient été données pour soutenir le candidat du Sénégal. Mais, au finish, il n’en est rien. Bathily n’a pas convaincu. Pourtant, l’homme a un excellent profil d’intellectuel affirmé avec une longue carrière dans la gestion des affaires publiques, mais aussi en tant que représentant des Nations Unies en Afrique centrale.
Dès lors, on peut se demander si c’est Bathily qui a été désavoué ou le Sénégal. Une question qui taraude les esprits si l’on s’en tient aux réactions sur les réseaux sociaux.
On peut penser en effet que la tâche du Sénégal n’est pas aisée au sein des organismes sous-régionaux et continentaux. Sans verser dans un quelconque chauvinisme, étant entendu que nous sommes un panafricaniste convaincu, nous avons eu à constater, sur le terrain, que certains pays n’hésitent pas souvent à se liguer contre le Sénégal. A tort ou à raison, ils estiment que les Sénégalais croient tout savoir et versent dans une condescendance supposée qui dérange plus d’un.
A partir de ce constat, nous avons toujours pensé que la tâche de nos diplomatiques et autres représentants militaires ou civils ne doit pas être aisée. On n’a pu le constater dans la crise gambienne où les Présidents mauritanien et guinéen ont révélé au grand jour leurs amitiés souvent très lointaines avec Yahya Jammeh qui ne cessait de mettre des bâtons dans les roues du Sénégal.
D’ailleurs, aussitôt après le retour de la paix en Gambie, la Mauritanie s’est illustrée par des coups de feu contre des pêcheurs sénégalais désarmés, en y blessant gravement trois. L’état d’esprit anti-sénégalais de tels voisins, qui est un secret de polichinelle, n’aide pas souvent le Sénégal dans ses ambitions légitimes d’occuper certains postes dans les organismes que nous partageons avec les autres.
Le Professeur Bathily l’a appris à ses dépens et le Président Sall aussi qui en avait fait une affaire personnelle. Le Sénégal tient cette réputation qui est en porte à faux avec ses traditions de Téranga (hospitalité) de son passé de capitale de l’Afrique occidentale française avec son corollaire, le sentiment d’avoir été aux côtés des colonisateurs dans leurs différentes entreprises d’exploitation, d’asservissement et de domination.
Qu’à cela ne tienne, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Il faut savoir perdre en politique comme dans le sport. Le Sénégal a dirigé l’Unesco, la Fao et bien d’autres institutions prestigieuses. Il continuera à rayonner en Afrique et ailleurs du fait de la valeur de ses fils, ses ressources humaines. Il continuera sans aucun doute à se battre pour l’unité africaine, la paix dans le continent et sa stabilité. En bon perdant, il adressera ses félicitations au tchadien Moussa Faki Mahamat et ne ménagera aucun effort à lui faciliter sa mission.