Lutte – Yékini se prononce sur la suite de sa carrière : «D’ici quelques semaines, je pourrai dire …

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Lutte – Yékini se prononce sur la suite de sa carrière : «D’ici quelques semaines, je pourrai dire ce qui reste de mon avenir dans l’arène»
L’OBS – On en saura bientôt davantage sur l’avenir de Yékini dans la lutte avec frappe. Au lendemain de sa deuxième défaite de suite, l’ancien Roi des arènes avait promis de consulter sa base avant de prendre une décision sur son avenir. C’est fait. Yékini a recueilli l’avis de son staff et de ses parents et promet de communiquer sa décision, d’ici quelques semaines.

Dans un entretien accordé au site Rfi.fr, Yakhya Diop a répondu à la question qui brûle toutes les lèvres, concernant son avenir dans la lutte avec frappe. L’homme à la carrière riche de 19 victoires acquises (contre deux défaites) au prix d’une quinzaine d’années d’invincibilité, n’a plus rien à prouver. Après avoir été détrôné, un crépuscule du 22 avril 2012, par Balla Gaye 2, Yékini n’a pas réussi son retour devant Lac de Guiers 2, le 24 juillet dernier. Peut-être la défaite de trop. Celle qui pourrait jouer un mauvais tour à la seconde vie que Yékini voulait insuffler à sa carrière, à 42 ans. «Je vais consulter ma base, avant de prendre une décision sur la suite à donner à ma carrière», avait-il alors promis, au lendemain de sa deuxième défaite. C’est désormais chose faite. «Après le combat contre Lac de Guiers 2, j’ai discuté avec mon staff, mes parents… D’ici quelques semaines, je pourrai dire ce qui reste de mon avenir dans l’arène. La lutte, ce n’est pas seulement descendre dans l’arène. On peut rester dans la lutte en ayant un autre rôle», a confié Yékini, énigmatique.
Appelé à expliquer sa deuxième défaite face à Lac de Guiers II, avec le recul, le champion sérère ne s’est pas débiné. «J’ai battu mes aînés, j’ai battu des lutteurs de ma génération et j’avais dit qu’il ne me restait que mes «petits frères» à croiser dans l’arène. C’est un de mes «petits frères» qui m’a battu, c’est normal. Cela devait arriver», répond, stoïque, l’ancien roi des arènes, à propos d’une défaite plus facile à digérer que la première, face à Balla Gaye 2, le 22 avril 2012. Justement, à propos de celle-ci, le chef de file de l’écurie Ndakaru dira combien elle fut difficile à avaler : «Il n’est pas agréable de perdre, surtout pour quelqu’un qui n’a jamais connu le moindre revers. On finit par perdre la notion de la défaite, quand on enchaîne les victoires, à ce point (après 19 victoires de rang). Passé la déception, il faut se rendre à l’évidence, admettre que la défaite fait partie de la vie de tout grand champion. C’est très dur, mais on finit par l’accepter.»

De 200 000 à 150 millions FCfa
Celui qui a quitté son Joal natal et est venu s’installer à Dakar pour gagner sa vie de la lutte avec frappe, a mesuré le chemin parcouru et estimé que la lutte lui a tout donné. Pour répondre à la question de notre confrère, Ndiassé Sambe qui souhaitait connaître ce que la lutte représente pour lui, l’ancien roi des arènes n’y est pas allé par quatre chemins. «Ce que la lutte m’a apporté, c’est simple : mon plus petit cachet en lutte avec frappe était de 200 000 FCfa, mon plus gros est de 150 millions FCfa. J’en ai fait mon métier, elle a fait ma réussite. La lutte représente beaucoup pour moi, en tant que Sénégalais, mais surtout en tant que Sérère, car cela fait partie intégrante de ma culture. C’est un sport noble avec un côté artistique. C’est comme si vous évoquez le sumo au Japon. Notre ambition, nous les lutteurs, c’est de faire que la lutte soit au même niveau international que la boxe thaïe ou le sumo, par exemple. Nous n’en sommes pas à ce stade, mais je prie pour qu’on y arrive.»
Yékini a ensuite donné le secret de son invincibilité dans l’arène quinze ans durant. «D’abord, il faut maîtriser les techniques de la lutte, avoir de la force et avoir de solides assises sur le plan mystique. Après, il faut beaucoup de sérieux dans ce que l’on fait, parce que le sport de haut niveau demande beaucoup de sacrifices. Comme tout le monde, on aime la compagnie des filles. Comme tout le monde, on aime aller en boîte de nuit. Tu es jeune, tu as envie de vivre ta vie comme un jeune de ton âge, mais tu ne peux le faire. Franchement, je me suis privé de beaucoup de choses. Je ne sortais pas. J’ai très tôt arrêté de sortir ou de m’amuser, parce que je voulais régner longtemps dans l’arène», confie-t-il. Quid de l’aspect mystique dans la lutte ? «Je dirais que cela représente 10%, parce que nous sommes des Africains et avons nos réalités, estime-t-il. C’est comparable à la préparation mentale. Chez les Occidentaux, un sportif doit avoir un psychologue à ses côtés, mais chez nous, il faut le mystique. C’est comme cela que je peux l’expliquer. Psychologiquement, si on n’est pas fort, on peut être perturbé par le mystique de son adversaire. Mais il ne faut pas commettre l’erreur de croire que seul, le mystique vous fait gagner.» Pour finir, Yékini a prodigué quelques conseils aux jeunes lutteurs. «Tout ce que je peux dire, c’est que les jeunes doivent encore s’investir, être plus sérieux, parce que la lutte est en train de perdre du terrain. Quand certains sponsors n’acceptent plus de venir dans la lutte, c’est qu’il y a problème. La violence, les mauvais comportements ne nous aident pas. Un lutteur doit montrer l’exemple, c’est à ce prix que les partenaires et sponsors reviendront dans la lutte.»
IDRISSA SANE avec Rfi.fr

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