Pape Abdoulaye Bouya Cissokho est un jeune âgé seulement de 28 ans. Devenu promoteur de lutte depuis presque trois ans, celui qu’on surnomme Prince Cissokho a réussi à offrir aux amateurs des combats alléchants. Mais il a connu un parcours parsemé d’embûches et a dû observer un break d’un an pour tenter de sortir du gouffre. Dans cet entretien, Prince revient sur les difficultés rencontrées, son mutisme et son absence lors de la défunte saison, sans oublier ses ambitions. Entretien !
Prince, depuis votre dernière journée avec le combat entre Malick Niang et Mbaye Guèye Jr, on n’a plus de vos nouvelles et on ne vous entend plus. Pourquoi ?
Prince est là en train de bosser dur en continuant ses activités dans la vente de voitures. Je m’active dans plusieurs domaines de compétence. J’ai aussi voyagé, j’ai fait la sous-région et l’Europe. J’étais dans mes propres affaires. Juste que c’est la lutte qui a une grande popularité mais Prince est toujours actif.
Comme vous l’avez dit, la lutte est un sport très populaire qui vous a rendu aussi célèbre. Pouvez-vous revenir sur ce qui vous a poussé à devenir promoteur ?
Je suis né dans un quartier populaire, j’ai grandi avec de grands champions et je pratiquais même la lutte. Avec le temps, j’ai chopé le virus et c’est devenu une passion qui m’a poussé à devenir promoteur. Je ne suis pas entré dans la lutte pour devenir célèbre. Jamais ! Ce n’est pas elle qui m’a fabriqué, même si elle m’a permis de gagner beaucoup d’argent.
Vous êtes devenu promoteur de lutte depuis 2 voire 3 ans, est-ce que vous pouvez nous rappeler les grandes affiches que vous avez montées depuis votre arrivée ?
En 2014, on a eu à organiser cinq journées ; en 2013, trois journées ; et l’année dernière, on a observé une pause. Car, comme le dit l’adage, il faut reculer pour mieux sauter. J’avais pris du recul, pour bien voir où mettre les pieds, tout le monde était d’ailleurs au courant des difficultés que notre structure a rencontrées. Et c’était trop dur. Comme dans tout travail, il y a des hauts et des bas. Mais on a gagné en expérience et on est prêts à replonger dans les années à venir sans risque de se noyer.
Lors de la défunte saison, PABC Events n’a pas ficelé de combats. Est-ce une décision prise en interne ou bien ce sont les difficultés financières qui vous ont bloqué ?
Au début de la saison, j’avais établi un programme bien planifié, je voulais même organiser un tournoi qui regrouperait des grands espoirs de l’arène à l’image de Mod’Dia, Quench, Général, Mame Balla entre autres. Mais j’ai des supérieurs qui ont la mainmise sur mes affaires et ma vie. C’est pourquoi, malgré mon programme, à la demande d’un de mes proches, j’ai décidé de ne pas le dérouler. C’est un ami, un conseil, un confident. C’est pour lui que j’ai pris ce recul. Après avoir attendu des mois, je ne pouvais plus rester dans organiser des combats, je me suis battu pour le convaincre à me laisser vivre ma passion. Durant le break aussi, je suis allé me ressourcer chez mes parents et solliciter leurs prières pour le nouveau départ. Et contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, financièrement, je n’ai pas de souci.
Se ressourcer renvoie sans conteste au mystique…
Effectivement, le mystique avait une grande part dans ces voyages parce que tout le monde connaît les réalités de la lutte. Et je peux vous dire que toutes mes difficultés étaient liées à ça. Maintenant, on a grandi et on est conscient de ce qu’est la vie. Pour vous dire, je suis resté presque un mois sans sortir de chez moi. Je n’ai jamais raté le grand Magal de Touba mais l’année dernière, je n’ai pas effectué le pèlerinage. Et le comble de tout, c’est que je n’avais aucune contrainte. Conscient qu’il n’y avait rien de fortuit dans ce qui m’arrivait, j’ai pris les choses en main, et avec l’aide d’amis parents et proches, j’ai réussi à m’en sortir. ‘Sanguna, takkuna, naan na, sul na…’ (Ndlr : j’ai pris des bains mystiques, j’ai des gris-gris, j’ai bu des potions, j’ai fait des sacrifices). Donc, je me suis sacrifié, je me suis donné corps et âme pour combattre le mauvais sort.
Selon vous, qu’est-ce qui était à l’origine de ces problèmes ?
Les origines sont nombreuses. Des sponsors n’ont pas respecté leurs promesses et beaucoup d’autres choses. Mais, je vous dis que tous mes problèmes sont causés par des gens du milieu de la lutte. Des acteurs de la lutte, des personnes malintentionnées m’ont fait chuter. Je ne citerai pas de noms mais je les connais très bien car je les ai toutes démasquées. Toutefois, qu’elles sachent qu’elles ne peuvent rien contre moi, je suis un disciple de Cheikh Ahmadou Bamba ; et quand on est avec lui, personne ne pourra rien contre toi. De par ces difficultés, j’ai beaucoup appris. J’ai su que les gens sont d’une fausseté extrême et qu’ils sont capables des pires nuisances. J’ai aussi connu mes vrais amis. Je sais maintenant où je mettrai mes pieds. J’aurai un nouveau visage dans l’arène.
Est-ce que ce ne sont pas vos bailleurs qui ont rompu le contrat en raison de votre descente aux enfers ? La famille d’Ass Diop, votre ami par exemple ? Où c’est le fait que Prince se croyait déjà un grand promoteur avec seulement deux journées ?
Je le jure sur Cheikh Ahmadou Bamba, personne n’est derrière Prince. Personne, je vous dis ! Tout ce que j’ai investi dans la lutte, proviennent de mes propres fonds. Je ne les ai ni volés ni escroqués. C’est de l’argent que j’ai acquis à la sueur de mon front. Ass, c’est mon ami et rien ni personne ne peut l’enlever. On a grandi dans un même quartier (Parcelles Assainies), on tisse de bonnes relations amicales et professionnelles, car lui aussi s’active dans la vente de voitures. On avait beaucoup de projets ensemble et c’était la seule personne qui avait cru en moi quand j’ai voulu monter ma propre entreprise. Mais, c’est moi le promoteur, pas lui. Les gens ne comprennent rien de ma relation avec lui, j’entends n’importe quoi mais je ne vais jamais étaler dans la rue ce qui me lie à Ass. Il est plus qu’un ami. Moi, je suis un talibé, je ne suis pas dans le showbiz. Et quand il m’arrivait de fréquenter les boites de nuits, c’était pour des affaires personnelles. Je suis jeune et je veux participer au développement de la lutte et suis prêt à faire tout mon possible pour atteindre cet objectif. Je ne vais pas lâcher prise. La lutte m’a beaucoup apporté pour tout dire.
‘’J’étais prêt à organiser le combat Gris Bordeaux / Balla Gaye 2’’
Donc, c’est pour atteindre cet objectif que vous avez collaboré avec le promoteur Fallou Ndiaye pour sa journée du 7 juin dernier…
PABC Events travaille dans l’événementiel et la communication. C’est une structure qui peut organiser toute sorte de manifestation. Vous me parlez du promoteur Fallou Ndiaye, il est venu vers moi solliciter mon aide et j’ai accepté de lui tendre la main. Pour vous dire, j’étais prêt à organiser le combat Gris Bordeaux / Balla Gaye 2 et je l’avais même dit à un présentateur de télévision. Fallou, c’est un ami, il a salué le travail fait par la structure il m’a appelé. On a discuté et on a conclu de collaborer. La collaboration a débuté depuis sa dernière journée et je suis fier de ce compagnonnage. Et le règlement du Comité national de gestion de la lutte (CNG) n’avait pas accepté parce que que j’ai eu une licence la saison passée.
Et vos relations avec les autres promoteurs, on peut s’attendre à des collaborations futures…
Non, je ne crois pas ! Mais je tisse de bonnes relations avec eux, même si je ne les fréquente pas. La seule chose dont je suis sûr, c’est que je n’ai besoin du conseil d’aucun promoteur.
Votre dernier mot
Je vous remercie ainsi que tous les journalistes. Et je donne rendez-vous à tous les acteurs de la lutte dans les prochains jours pour de belles journées avec PABC Events qui va revenir en force Incha Allah.
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