La psychose du terrorisme a envahi le Sénégal ces derniers mois sans qu’aucun acte terroriste soit perpétré au Sénégal. Et depuis les esprits avertis s’interrogent sur la pertinence même de la démarche du régime de Macky Sall.
Depuis quelque temps l’actualité au Sénégal est alimentée par le terrorisme, et le pays est en alerte maximum. Mais les enjeux d’une telle attitude méritent une réflexion. En effet, tout au début et sansmenace aucune, le chef de l’Etat Macky Sall, du haut d’une tribune et loin du territoire national, déclarait la guerre aux terroristes.
De retour dans son pays avec une fierté de vainqueur, le Président de la République qui bombait le torse pour avoir bénéficié d’une salve d’applaudissements des occidentaux actualise le débat, histoire de battre le fer pendant qu’il est chaud. Dans une posture de Général, il se croit investi de la mission de sauver son peuple d’une imminente attaque. Quelques semaines après s’en suit une fausse alerte à la bombe au Radisson Blu qui a fait trembler la République. S’y ajoute plus tard l’arrestation des imams pour apologie du terrorisme, des présumés terroristes… Au total, sept personnes sont sous les verrous et aucune explosion ou du moins un acte terroriste n’est enregistré. Pourtant, le ton guerrier du chef de l’Etat continue de retentir…
Ainsi, en véritable général de guerre, il clame tout haut et sans concertation aucune sa volonté d’interdire la burqa au Sénégal. Comme s’il imitait la France qui a réussi à faire passer la mesure sans grande difficulté, le Chef de l’Etat tente de diaboliser cette culture soit disant importée d’ailleurs et qui ne ferait pas partie « de nos habitudes religieuses » comme si la religion n’est plus une liberté individuelle mais devait être canalisée par les habitudes d’une société bien déterminée. Malheureusement pour ses auteurs, cette stratégie cache mal un jeu bien connu.
On se rappelle tout récemment du tollé qu’a suscité l’attaque terroriste du groupe de presse Charlie Hebdo. Le président français François Hollande qui s’était déplacé aussitôt sur les lieux, dirigeant en même temps une action gouvernementale avec des discours de Chef a engrangé, à l’occasion, une côte de popularité importante pour son avenir politique. Lui qui commençait à voir ses détracteurs prendre le dessus face à une politique non convaincante redorait ainsi son blason. Comme qui dirait à quelque chose, malheur est bon…
Barack Obama lui aussi avait misé sur la capture de Ben Laden pour obtenir sa réélection en 2012. Pour arriver à cette fin, il déploie des moyens importants pour cette mission. En 2011 plus précisément le 2 mai, le président des États-Unis, annonce que « le cerveau des attentats du 11-Septembre, Oussama Ben Laden, a été abattu lors d’une opération commando menée au Pakistan. » La nouvelle a été accueillie par des scènes de liesse dans tout le pays, et Barack Obama pouvait régner en maître. Quelques années après, un journaliste américain affirme que la Maison-Blanche a menti sur toute la ligne sur la mort de la figure d’Al-Qaida. Si c’est le cas, il ne serait pas alors le premier.
Avant lui, Georges W Bush avait balisé le chemin par son entêtement à arriver à bout de l’Irak accusé à tort de détenir des armes de destruction massive. Il fut aussi réélu pour poursuivre sa mission. Quelques années après, comme si l’histoire le trahissait, les langues se délient sur cette question. En effet, la semaine dernière, Tony Blair avouait ses mensonges. L’un des responsables de la guerre qui a dévasté l’Irak et permis le développement d’Al-Qaida et de Daesh, reconnaissait clairement que tout cela reposait sur un grand médiamensonge : les «armes de destruction massive» de Saddam Hussein, prétexte alors invoqué, n’existaient pas. Et ce mensonge avait légitimé à l’époque leur politique.
Cette démarche qui est devenue la meilleure option des leaders pour redorer leur blason a encore de beaux jours devant elle. Désormais en Afrique, il suffit d’être en déphasage avec les pouvoirs publics pour se voir revêtir l’habit trop ample du terroriste et devient de fait l’ennemi à abattre. Nous ne disons pas que c’est le même procédé qui est en train de prendre ses marques au Sénégal mais eu égard aux dernières sortie du Président de la République, il est à craindre une certaine politisation de la question de la sécurité nationale pour avoir un capital sympathie jamais espéré. D’autant plus que le Chef de l’Etat Macky Sall qui, en trois ans de magistère, n’a pas encore quelque chose à mettre sous la dent de ses électeurs. Lui qui est devenu plus politique que jamais peut, à l’image des précités, tenter de se mettre dans la peau d’un sauveur pour se décrocher ce deuxième mandat qui lui tient à cœur.