L’UNIS demande au gouvernement d’assigner Ousmane Sonko à résidence, mais aussi de programmer la reprise rapide de son procès au lieu de l’arrêter pour l’emprisonner.
Dans un communiqué, M. Amadou Gueye et Cie estiment que « la justice peut décider derechef de la reprise du procès le concernant avec Adji Sarr et lui notifier cette décision afin qu’il se présente à nouveau avec ses avocats« .
Texte in extenso :
Le gouvernement semble avoir perdu le nord dans l’après condamnation par contumace d’Ousmane Sonko. La supposée rédaction du jugement en attente de production par le juge est une excuse inacceptable pour expliquer la situation de non droit flagrant le concernant. La notification de cette décision de justice est superflue et constitue encore un autre artifice. Les procédures évoquées par le gouvernement n’ont de sens que dans le cas d’un contumax réellement hors de portée, disparu, évadé hors du pays ou qu’il est impossible de faire venir. Les explications contorsionnées du gouvernent traduisent son incapacité à décider un cours responsable et déterminé pour régler cette affaire judiciaires.
Puisque Ousmane Sonko est sous le contrôle effectif des forces de défense et de sécurité, la justice peut décider derechef de la reprise du procès le concernant avec Adji Sarr et lui notifier cette décision afin qu’il se présente à nouveau avec ses avocats.
Dans ce cadre, son assignation à résidence peut être retenue et administrée de manière légale en lui permettant de recevoir ses avocats et personnes nécessaires à la préparation de sa défense.
La programmation de ce procès pourrait ainsi se tenir dès le mois de juillet en sa présence pour lui permettre de se défendre, incluant l’examen des faits de complot politique qu’il a évoqués pour expliquer l’acharnement sur sa personne.
Cette disposition serait conséquente pour faire évoluer la situation en lieu et place d’un blocus que l’ordre des avocats dénonce comme une violation flagrante de ses droits et ceux de ses avocats qui doivent bénéficier d’un privilège constant de le rencontrer en tout temps. La reprise de ce procès est une nécessité pour assurer l’équité judiciaire dans cette affaire qui ne doit pas être subordonnée à des postures de défiance entre le pouvoir et l’opposition.
Tentative d’influence du gouvernement sur une affaire judiciaire encore en cours. Le gouvernement du Sénégal, à travers ses ministres et porte-parole officiels, doit aussi se garder d’interpréter et de commenter à suffisance, de manière incriminante et partisane, la décision du juge sur cette affaire.
Cette implication trahit la forte émotion qui entrave leur lucidité et leur faculté de jugement. C’est une intrusion flagrante et inconvenante, une tentative d’influence inacceptable. Elle donne raison à ceux qui estiment que le pouvoir est dans une cabale politico judiciaire. Le gouvernement ne peut défendre l’indépendance de la justice et travailler à décrédibiliser sa neutralité.
Incohérence du gouvernement dans l’affaire des nervis armés associés aux FDS. L’incohérence du gouvernement est aussi évidente dans la volte-face sur l’identification des nervis en armes qui sont associés aux manifestants lorsque les vidéos les situent du côté des FDS. Cette position r traduit une complicité assumée à protéger de tels criminels qui y verront un mandat à continuer d’agir impunément pour terroriser les populations et manifestants. La volonté de ne pas arrêter ces nervis clairement identifiés est une forme de protection et peut-être une stratégie de meurtres sans responsable en cas de nouvelles manifestations. Leur arrestation ne nécessite aucun préalable puisqu’ils sont bien identifiés. C’est une obligation impérative et urgente. On ne peut accuser des manifestants qui jettent des pierres ou brûlent des pneus et les mettre en prison tout en laissant au même moment des nervis armés en liberté. C’est une conduite irresponsable venant du gouvernement et des forces de sécurité.
Il n’est pas exclu de de penser que la violence et la stratégie du chaos profitent aussi au régime en place qui, malgré son discours, pourrait chercher à continuer l’état d’insécurité et l’entretenir jusqu’aux prochaines élections. En effet, il suffirait que cette tension soit maintenue et que les manifestations soient déclenchées en Février 2024 pour que les élections soient reportées. C’est pourquoi l’ UNIS demande que la résolution judiciaire de l’affaire Ousmane Sonko soit achevée afin de ne pas la déclencher selon les calculs du pouvoir au moment qui sera convenant pour ses veillées de conservation du pouvoir.