La raclée infligée par le pouvoir à l’opposition lors des Législatives du 30 juillet dernier est restée en travers de la gorge des opposants. Aujourd’hui, regrets, amertume et désillusion sont les choses les mieux partagées par l’opposition.
Une opposition dont le nombrilisme et le manque d’humilité des leaders qui la composent, ont ouvert des boulevards au pouvoir qui s’y est engouffré pour leur donner un cinglant revers.
Après cette cuisante defaite, cette opposition se met à vociferer et à pleurnicher et à crier à la fraude. Pourtant les opposants avaient une belle carte à jouer, pour redonner espoir aux populations ballottées entre promesses non tenues, cherté de la vie, partage du gâteau, etc.
Mais à y regarder de près, les leaders de l’opposition ont été pris dans le propre piége et aujourd’hui, ils ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Chacun se croyant plus fort et plus beau qu’il ne l’était, a voulu faire cavalier seul alors que le mode de scrutin appelé raw gaddu, leur commandait d’unir leurs forces pour venir à bout de l’ogre Apr.
Un mode de scrutin qui en réalité, ne profite qu’au pouvoir et qui est loin de refléter la représentativité des élus. Mais cette réalité a semblé leur échapper, car chacun échafaudait pour soi, l’œil rivé sur la présidentielle de 2019.
Chaque leader caressait le secret rêve de s’octroyer un nombre assez significatif de députés, ce qui en ferait de facto, le chef de l’opposition, ce qui le mettrait en pole position pour le scrutin de 2019.
Finalement, cet effritement de leurs forces leur a été fatal et a profité au pouvoir, qui a tout englouti pour ne leur laisser que des restes. Le constat est qu’aujourd’hui, les politiciens sont plus mûs par leurs intérêts propres que par ceux des populations qu’ils ne cessent d’utiliser comme des escaliers pour parvenir à leurs fins.
Sinon comment comprendre le fait que quand ils sont dans l’opposition ils fustigent des comportements anti-démocratiques du pouvoir mais qu’ils s’empressent une fois aux manettes de reconduire à l’identique.
C’est comme si les principes et les convictions variaient au gré de leur position. Une situation qui laisse penser que nos opposants ne sont démocrates que le temps d’une opposition et que l’accession au pouvoir les transforme en autocrates.
Pour preuve, tous les opposants qui critiquaient l’hyper présidentialisme et promettaient aux populations de restreindre les pouvoirs du président de la République, en procédant à une séparation des pouvoirs, ont, une fois aux commandes, renié leurs engagements pour eux aussi, concentrer tous les pouvoirs entre leurs mains.
Ce fut le cas avec Wade, qui a combattu farouchement le baobab socialiste pendant plus de deux décennies et qu’il a fini par déraciner en 2000. Ironie du sort, durant les deux mandats qu’il a été à la tête du pays, il a non seulement mis tous les pouvoirs sous coupe réglée mais il aussi fait du tripatouillage de la Constitution son jeu favori dans le seul but de pérenniser son règne.
A sa suite, le candidat Macky Sall qui promettait la rupture, s’est au finish, lui aussi complu dans cette situation une fois devenu président alors qu’il n’avait eu de cesse de la dénoncer.
Aujourd’hui, l’article 80 que tous deux fustigeaient durant le temps où ils étaient dans l’opposition, est toujours d’actualité et ceux qui se hasardent à critiquer le pouvoir avec virulence, en font les frais.
L’instrumentalisation de la Justice continue d’être dénoncée, de même que la vassalisation du Parlement. Et avec la majorité écrasante que vient d’obtenir le pouvoir, nul doute qu’il ‘hésitera pas à écraser ses adversaires, pour faire passer ses lois comme lettre à la poste. Une sorte d’éternel recommencement.