Le racisme est subtil. Faire parler son objectif en ne mettant en relief que les «mauvaises» images visuelles d’une partie du monde, celui des êtres noirs, est une forme de racisme. C’est dangereux. On ne voit que l’image, pas celui qui tient l’objectif. On ne voit pas non plus l’œil du photographe ni la perspective avec laquelle il regarde avec son appareil photo. La haine visuelle est pire que l’image réelle qu’elle produit.
À travers la photographie, nous avons besoin d’amour, de passion, et non de haine visuelle à l’égard des êtres humains. Faire la propagande d’images qui rabaissent l’être noir, qui le montrent sous son dehors vulnérable ou triste, sous prétexte qu’on fait de l’art ou du photojournalisme ne doit plus nous faire rêver. Tous les êtres sont égaux nous dit-on, alors montrons l’être dans ses différentes situations et non pas l’être sous sa couleur.
Ceux qui montrent du noir vulnérable et ceux qui les récompensent sont des propagateurs de haine. Ils sont de véritables obstacles pour la lutte contre le racisme. Et le photographe qui immortalise des « contre-valeurs» à la dignité de l’être humain ne devrait pas être célébré. Mais il est souvent récompensé. Il reçoit une récompense après avoir lynché visuellement des noirs. Martin Luther King disait : « Une loi ne pourra jamais obliger un homme à m’aimer mais il est important qu’elle lui interdise de me lyncher. »
Des clichés de guerre, d’enfants soldats, de femmes réfugiées fuyant, le regard hagard, l’enfer de la violence : il n’y a rien de beau à y voir. Nous devrions comprendre que les images de la guerre ne «choquent» pas seulement mais aussi qu’elles blessent à cause de la sur-médiatisation. Nous devrons aussi comprendre que celles faites des enfants, des femmes qui habitent dans des zones d’extrême pauvreté ne captivent pas mais agressent. Et le malaise s’étale à travers des médias et des expositions photos. Et cela est effrayant.