L’une des personnalités les plus influentes de la scène politique, Pape Diop reste un acteur qui présente de l’intérêt au niveau des populations. Présent dans toutes les élections depuis sa création, son parti Bokk Gis-Gis a à son actif une certaine représentativité sur tout le territoire national. Alors que son alliance avec le PDS de Wade en vue des prochaines locales n’a pas connu de succès, l’ancien maire de Dakar (2002-2009) dispose tout de même des arguments à faire valoir. La mairie de la capitale dont il a présidé les destinées, et le département de Mbacké où il a une assise des plus solides demeurent des cibles à portée de son viseur.
Si l’on n’entend pas souvent son nom dans les pronostics pour la course à la mairie de Dakar, ce n’est pas par défaut de représentativité pour le patron de Bokk Gis-Gis. Pour bien des raisons, cette formation de l’ancien Président de l’Assemblée nationale présente un visage très sérieux pour le scrutin de janvier prochain. Loin des palabres, échanges aigres-doux entre acteurs, l’ex maire de Dakar et ses sympathisants travaillent pourtant dans l’ombre ; une approche payante si l’on interroge son score et son poids électoral lors des dernières échéances électorales.Sélectionné pour vous :Locales 2022 : Mame Mbaye Niang dévoile ses ambitions et tire sur l’opposition « radicale » (Vidéo)
Le Baol, un territoire conquis
Certes le parti de l’ancien bras droit de Wade a fini par étaler ses tentacules sur toute l’étendue du territoire. Certes, il continue de grossir avec une masse critique de jeunes et vieux, hommes et femmes, brefs de personnes de tous âges. Cependant, un fait saute aux yeux et c’est que le parti règne en maitre au niveau de la région du Baol. Pape Diop y est porté Teigne et à chaque élection, l’électorat lui renouvelle le crédit placé en lui. On se rappelle qu’il a largement contribué à la 2e place d’Idrissa Seck qu’il a soutenu lors de la présidentielle de 2019. En effet, la « Coalition Idy 2019 » a pu rafler presque tous les centres de votes de la région de Diourbel avec 57,62%, et une grande part est due au ralliement de l’ancien président du Sénat à ladite coalition.
Cette assise dans Diourbel permettra au parti de jouer un rôle fondamental lors des élections locales du 23 janvier prochain. Son image renforcée et vendue par le député Cheikh Abdou Bara Dolly Mbacké, du reste très influent au niveau de Touba et Mbacké, constitue un énorme atout pour le scrutin à venir. Nul besoin d’affirmer que Pape Diop et Bokk Gis-Gis ont une carte à jouer dans la région ciblée, ce serait un euphémisme. De par sa représentation au niveau de l’hémicycle, sa représentativité dans le débat public à travers ses différentes sorties médiatiques, le député Mbacké-Mbacké a réussi à porter hauts le nom et les couleurs de son parti.
De nature véridique mais détendue, le marabout-politicien avait justement déclaré sur le plateau de « Confrontation » en juillet 2021 qu’il est le meilleur député de la 13e législature : « J’ai été élu meilleur député en 2020 et j’ai même présenté le prix à Serigne Mountakha Mbacké qui m’a encouragé (…) c’est moi le vrai député du peuple que je représente dignement à l’Assemblée nationale ». Ce qui est sûr en tout cas, c’est que le département de Mbacké peut tomber facilement dans l’escarcelle du parti de l’ancien président du Sénat sous Abdoulaye Wade. Beaucoup de facteurs militent en leur faveur, et malgré une séparation avec leur allié traditionnel qu’est le PDS, Cheikh Abdou et Bokk Gis-Gis peuvent rééditer le coup de la présidentielle passée et gagner d’importantes mairies.
Les chances de reconquérir Dakar
A Dakar, nombre d’analystes ont, à tort, confiné le scrutin prochain entre les candidats qui sont le plus médiatisés. Quand on lit que la course pour la capitale se résume entre Barthélémy Dias de la coalition « Yewwi Askan Wi » et Abdoulaye Diouf Sarr de « Bennoo Bokk Yaakaar », c’est comme si l’on voulait nous vendre l’idée que Pape Diop n’est dans le jeu que pour s’arroger les seconds rôles. Pourtant, on est bien en face d’un candidat qui a des arguments à faire valoir notamment son bilan à la tête de la mairie de Dakar entre 2002 et 2009. Ses réalisations et ses œuvres sociales ont marqué un septennat couronné de succès. Si Pape Diop a perdu la capitale en 2009, il faut se rappeler que c’est moins dû à ses réalisations qu’à des circonstances que tout le monde connait. Cette année-là, le ras-le-bol semblait général après les émeutes de la faim de 2008, et le peuple de Dakar qui a voulu sanctionner Wade, surtout flairant que son fils devrait être placé à la tête de la plus importante mairie du Sénégal, a juste décidé de ne pas acter une victoire qui aurait béni ce que certains appelaient « la dévolution monarchique du pouvoir ».
Pape Diop, maire de Dakar ! Une fois n’étant pas coutume, il faut s’attendre à ce que cela soit réédité. L’homme a été chanté par de grands noms de la musique sénégalaise, tels que Youssou Ndour et feu Ndongo Lô et cela atteste de sa grandeur. Aussi son parcours en tant que président de l’Assemblée nationale puis du Sénat peut-il fortement militer à la faveur de sa (ré)élection au poste premier magistrat de la ville. En effet, parmi les candidats en lice, c’est visiblement le seul qui peut se targuer d’avoir une expérience institutionnelle aussi forte. Et diriger Dakar ne demande pas que des talents d’orateur ni ne se limite pas à des déclarations d’intention, il va au-delà et exige clairement autant de maturité que d’expérience. Si les autres peuvent se vendre à travers leur fougue de « jeunesse », le patron de Bokk Gis-Gis peut convoquer la sagesse et l’expérience pour se faire porter à un siège qu’il connait que trop bien.