Le temps des regrets ? Sans doute. De la déception ? Très certainement. Une fois de plus, le Sénégal n’a pas triomphé à la Coupe d’Afrique des Nations.
L’élimination de Sadio Mané et de sa bande, samedi dernier à Franceville par le Cameroun, en quart de finale de la CAN 2017, a encore prolongé l’attente, devenue interminable. Celle de brandir une fois ce trophée qui nous a toujours filé entre les doigts. La désillusion est encore très grande et l’amertume trop forte. Même si Gabon 2017 a été moins amère que Mongomo 2015 ou encore Bata 2012. À l’euphorie naissante d’un sacre espéré après une qualification au second tour déjà grandiose, s’est opposé le brusque arrêt du quart. Aliou Cissé et ses hommes ne sont pas allés plus loin. L’horizon qui laissait entrevoir le graal s’est subitement refermé.
Comme en 2002, les Lions n’ont pas pu forcer le passage devant le Cameroun. Et comme El Hadji Diouf et khalilou Fadiga, Diao Baldé keïta et Sadio Mané ont cédé. À l’usure, aux épreuves des tirs au but. Et l’on ressasse et rumine. L’on se dit qu’il y avait moyen de franchir la barrière des Lions indomptables. Tant sur les 120 minutes qu’a duré cette batille de fauves, les Lions du Sénégal ont dominé leurs adversaires Camerounais. Mais si les poulains d’Aliou Cissé ont relevé le défi physique légendaire des camerounais, ils n’ont pas eu les crocs bien acérés pour mordre au bon moment. À défaut d’une équipe créative et techniquement au point, Hugo Broos a mis en place un bloc compact que les Sénégalais n’ont jamais su prendre à défaut.
Et le technicien belge ne s’en est guère caché, qu’importe la manière, l’essentiel était bien de gagner cette rencontre. Tant pis donc si Aliou Cissé n’a jamais trouvé les clés du bus. Cette solution qui aurait peut-être pu sortir de son banc. Ismaïla Sarr, comme l’ont signalé nombre d’observateurs, aurait certainement pu être ce détonateur pour faire écrouler la muraille camerounaise. Le benjamin de cette CAN (18 ans) que certains auraient aimé voir entrer plus souvent et plus tôt en cours de match dans cette compétition. L’option d’Aliou Cissé a été tout autre. Comme elle est restée constante dans le choix du coach des Lions de titulariser Mame Biram Diouf sur la pointe de l’attaque sénégalaise. Même si le Potter n’a jamais eu le rayonnement attendu, encore moins la réussite souhaitée. Cissé n’a jamais varié.
Le sélectionneur des Lions est resté fidèle à ses idées et s’en défend : «Je suis un jeune entraîneur, mais pas incompétent», a-t-il, en effet, soutenu après l’élimination de son équipe. Moyenne d’âge de 26 ans, seuls 3 trentenaires Ce que semblent lui concéder du reste ses employeurs de la Fédération sénégalaise de football et du ministère des Sports. Me Augustin Senghor qui a déjà dit son intention de «continuer le travail avec cette génération», et Matar Bâ son engagement «à 200% derrière Cissé». Tant mieux donc, tant il est vrai qu’au regard de son parcours, Aliou Cissé mérite au moins une seconde chance à la tête des Lions. Lui qui, en survolant les éliminatoires de la CAN 2017, remportant tous ses matchs, avait déjà mieux fait que tous ses devanciers.
Et en se qualifiant pour les quarts de finale de cette présente CAN, il a brisé une malédiction vieille de 11 longues années. Va donc pour Cissé, pour consolider les acquis et maintenir la dynamique d’un groupe en devenir. Car si la jeunesse de son groupe qui tourne à une moyenne d’âge de 26 ans a pu être handicapante face aux chevronnés Camerounais, elle pourrait être la principale force d’une équipe dans deux ans, lors de la prochaine CAN, justement sur la terre des Lions Indomptables, et pour la suite des éliminatoires du Mondial 2018. Si la plupart des Lions jouaient, en effet, leur première CAN au Gabon, (Ismaila Sarr (18 ans), Diao Baldé keita (21 ans), Abdoulaye Daillo (24 ans), kalidou koulibaly (25 ans), Pape Alioune Ndiaye (26 ans), Famara Diédhiou (24 ans), Pape Seydou Ndiaye (23 ans), Lamine Gassama (27 ans), ils ont tous une bonne marge de progression et devraient avoir plus de maturité lors des prochaines échéances.
Diao Baldé keïta, voire Sadio Mané auront certainement épuré leur jeu pour se fondre davantage dans le collectif. Ils auront sans nul doute les crocs plus acérés et seront plus tueurs devant le but. Le «jeune» Cissé qui a également vécu sa première CAN en tant que sélectionneur au Gabon, aura sans doute ajouté quelques cordes à son arc d’ici là, et pourra compter sur un groupe majeur en dehors des rares trentenaires susceptibles de quitter la Tanière, comme khadim Ndiaye (32 ans), Moussa Sow (31 ans), voire Pape kouly Diop (30 ans). Disons-le donc, avec Diao, Sadio, Ismaïla, Pape Alioune Ndiaye… et les autres, l’avenir est prometteur. Mais il ne faudra pas tuer le coq avant l’aube…
Source : Stades